Leur nuit la plus longue
Lors de cette édition automnale du double tour d’horloge belge, Dorian Boccolacci (Audi) et Vincent Abril (Mercedes) ont bravé la nuit et la pluie, finissant leur périple tout près du top 5
Ce fut une édition pour le moins spéciale. Unique. Épique, aussi. Déménagé du coeur de l’été au fin fond de l’automne, et maintenu le week-end dernier malgré la remontée en puissance de ce maudit coronavirus qui n’en finit plus de mettre des bâtons dans les roues des calendriers, le monument belge du GT World Challenge Europe Endurance a accouché d’un scénario palpitant. Un de plus. Le signe particulier des 24 Heures de Spa 2020 ? Un tunnel nocturne de... 14 heures. Autrement dit, la nuit la plus longue, de surcroît prolongée par un dimanche typiquement ardennais : plafond autant bas que sombre, pluie incessante, piste déguisée en piscine. Rien à voir avec les trois gouttes d’eau intempestives qui ont semé la pagaille au départ du Grand Prix du Portugal...
« Pas dégueu », le bilan !
Dans le rôle de l’invité de dernière minute, en remplacement de Nico Muller aux côtés des vainqueurs 2017 Christopher Haase et
Markus Winkelhock chez Audi Saintéloc Racing,
est passé tout près d’accomplir un Spa de géant. Alors qu’il négociait là son premier double tour d’horloge, et sa première course en GT3 sur piste humide, à 22 ans, le natif de Cannes et sociétaire de l’ASA Grasse résidant à Callian a épaulé ses partenaires sans fausse note. « En général, les pilotes peu expérimentés ne roulent pas beaucoup. Moi, j’ai quand même tenu le volant durant près de 9 heures », explique le rookie sudiste, auteur notamment d’un ‘‘restart’’ impeccable à 2 h 30 du damier, dans le baquet de l’Audi R8 LMS n°25 qui menait la danse d’une courte tête. « Après un début de course perturbé par plusieurs soucis dont une crevaison, on avait un tour et demi de retard. Mais nous sommes revenus dans le match en fin de nuit grâce à une stratégie décalée. Hélas, un petit contretemps d’une quinzaine de secondes lors de l’ultime ‘‘pit stop’’, au moment même d’une neutralisation de course derrière la voiture de sécurité, nous empêche de jouer la
Boccolacci Dorian
gagne jusqu’au bout. Dommage, parce que je tenais un super rythme lors des deux derniers tours. On finit 6e, mais assez proche du podium (à 38’’4 de la Porsche 911 victorieuse du trio Laurens Vanthoor-Nick Tandy-Earl Bamber, ndlr). Avec 20 minutes de plus, tout était possible. » Le bilan s’avère quand même « pas dégueu », comme il le dit de façon fleurie en piochant dans le vocabulaire gainsbourien.
La Mercedes AMG n°4 du Haupt Racing Team figure aussi parmi les huit GT3 les plus performantes et constantes ayant bouclé 527 tours. Elle termine juste derrière, 7e à 41’’3. Forcément,
Maro Engel (le sprinteur désigné qui avait signé le 3e chrono en super pole) et Luca Stolz visaient plus haut. S’ils ont évité les pièges du toboggan spadois, le Monégasque de 25 ans, 2e en 2017 avec Bentley,
Vincent Abril,
et ses deux compères allemands ne sont pas parvenus à replacer la firme étoilée au firmament.
Pénalisée d’un ‘‘drivethrough’’ pour dépassement des limites de la piste au virage 3 le samedi soir, la voiture célébrant le 10e anniversaire du département compétition client de Mercedes via une livrée spécifique est également apparue en tête un moment. Mais le pari de zapper le changement des pneus lors du dernier arrêt afin de gagner du temps se révélera perdant. Toutefois, Abril peut encore conclure l’exercice 2020 sur une note positive en marquant à nouveau de son empreinte le palmarès des 1000 Km du Paul Ricard trois ans après. Promue finale de cette saison sens dessus dessous, la manche varoise désignera les lauréats du World GT Challenge Europe Endurance le dimanche 15 novembre. Si la deuxième vague ne l’a pas rayée de la carte d’ici là.