Var-Matin (Grand Toulon)

NE JAMAIS LES OUBLIER

Un hommage national pour les martyrs de la basilique Notre-Dame Les policiers municipaux décorés

- Dossier : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr et Laure BRUYAS lbruyas@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO

La matinée est déjà bien avancée, le soleil, fièrement perché au-dessus de la colline du Château. Pourtant, Nice songe à La promesse de l’aube .À ce gamin juif qui a fui sa Pologne natale avec sa mère malade. Il vient chercher du réconfort dans la première église qu’il trouve sur son chemin. Ce gamin, c’est Romain Gary. Cette église, c’est la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption. Jean Castex ne pouvait trouver « plus belle image pour dessiner, ici à Nice, le véritable visage de la France ». Hier matin, le Premier ministre préside le vibrant hommage national aux victimes de l’attentat qui a frappé Nice le 29 octobre. À cet homme et à ces deux femmes, assassinés par un terroriste islamiste dans l’église où, un jour, vint se réfugier celui qui est devenu l’un des plus grands écrivains français.

Trois sourires réunis

Nadine Devillers, 60 ans. Simone Barreto Silva, mère de famille, 44 ans. Vincent Loquès, le sacristain et père de famille aussi, 54 ans. Trois victimes saluées par trois coups de canon. Les voici réunies à nouveau. Leurs sourires, du moins. Le coeur lourd, leurs proches dévoilent dans le parc le portrait des martyrs de Notre-Dame. La cérémonie a été limitée à 200 personnes. Les chaises sont soigneusem­ent espacées pour respecter les mesures sanitaires. Mais les familles font corps pour surmonter l’absence. En toile de fond, la baie des Anges. Et sa Prom’ qui évoque un traumatism­e collectif : l’attentat de Nice, l’autre, celui qui fit 86 morts et 458 blessés un soir de Fête nationale. Comment ne pas y songer, alors que sont présentes des victimes du 14-Juillet ?

Demain, dès l’aube...

François Hollande avait célébré l’hommage ici même. L’ancien Président n’a pu venir cette fois-ci. Mais son prédécesse­ur Nicolas Sarkozy a accompagné Jean Castex et ses ministres, Eric Dupond-Moretti, Frédérique Vidal, ancienne présidente de l’Université de Nice, et Marlène Schiappa. Le président du Sénat Gérard Larcher et le prince Albert II sont à leurs côtés. On entend le cri des mouettes. Le tournoieme­nt d’un hélicoptèr­e, témoin du vaste dispositif de sécurité. L’émotion dans la voix de Christian Estrosi. Et le silence, surtout. Digne. Éloquent. Il s’éclipse le temps d’une chanson, d’un poème. L’Indifféren­ce de Gilbert Bécaud chère à Nadine. Le Brésil de Gilberto Gil, où est née Simone. Le Demain, dès l’aube... de Victor Hugo, pour Vincent. L’aube semble déjà loin. Mais Romain Gary est encore là, dans la voix de Muriel Mayette-Holtz, la directrice du Théâtre national de Nice. Le violoncell­e de Gautier Capuçon et le violon de Vera Novakova s’accordent pour sublimer l’Ave Maria. Enfin, le choeur de l’Opéra de Nice réchauffe les coeurs meurtris sur What a Wonderful World de Louis Armstrong. Comme la promesse d’une aube plus radieuse.

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Nadine, Vincent, Simone : le sourire des trois victimes face à la détresse de leurs proches.
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