Var-Matin (Grand Toulon)

L’odyssée démarre à  h  pour les  marins

Trente-trois skippers, dont quatre locaux, s’élancent aujourd’hui pour un exigeant tour du monde en solitaire et sans escale. La victoire devrait se jouer en 70 jours

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Jamais le Vendée Globe n’avait été privé de sa fête populaire : en raison de la pandémie de Covid-19, il n’y aura pas de public pour assister au départ des trentetroi­s skippers (aujourd’hui à 13h02), dont certains à la barre de fabuleux bateaux « volants », pour leur tour du monde en solitaire sans escale. « D’habitude le matin du départ du Vendée, tout le monde est sur le ponton, on peut aller faire des accolades, souhaiter bonne chance aux autres concurrent­s. Là, ce ne sera pas le cas donc c’est quand même un peu particulie­r », glisse l’un des favoris de la course, Jérémie Beyou (Charal). Le skipper prendra le départ de son quatrième Vendée Globe dans une atmosphère qui s’annonce très solennelle. Il sera aux côtés de trente-deux autres passionnés de la mer, dont six femmes – contre aucune lors de l’édition précédente. Il sera très attendu en tête de flotte avec sept autres bateaux de toute dernière génération, celle des « foilers », des voiliers équipés de foils, énormes appendices latéraux qui élèvent le bateau audessus de l’eau pour le faire filer à des vitesses époustoufl­antes pouvant frôler les 40 noeuds (74 km/h).

« Les bateaux vont très vite »

« Là, on est sur une édition particuliè­re. Avant, il y avait un ou deux architecte­s qui se tiraient la bourre. Là, avoir quatre cabinets d’architecte­s différents, ça les a poussés dans leurs retranchem­ents pour aller chercher les limites de la jauge de ces bateaux. Ça a fait faire un énorme bon en avant à toute cette flotte 2020 », explique Thomas Ruyant (LinkedOut), skipper d’un de ces « foilers ». Assurément, la victoire sera pour un bateau dernier cri et devrait se jouer en 70 jours. Le dernier vainqueur du Vendée Globe, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire )a bouclé la circumnavi­gation de 44 996,2 kilomètres théoriques (24 296 milles nautiques) en 74 jours. « C’est vachement ouvert, les écarts sont loin d’être définitifs. Comme les bateaux vont très vite, les grands écarts peuvent se réduire très rapidement. Tous les bateaux neufs auront leur mot à dire à un moment donné dans la course, à part s’il y en a un qui fait la course parfaite sans casser », prévient Nicolas Troussel, pilote du dernier « foiler » mis à l’eau en mai dernier (Corum L’Épargne). Toutes les incertitud­es sur les vainqueurs potentiels tiennent au fait que les « foilers » sont sortis récemment des chantiers et n’ont pas pu être pleinement fiabilisés en course alors que la plupart des compétitio­ns ont été annulées à cause de la pandémie. Celui qui a le plus navigué est celui de Beyou, mis à l’eau en août 2018. Il faudra aussi compter sur Alex Thomson (Hugo Boss) et son bateau noir aux allures de vaisseau spatial avec son cockpit entièremen­t fermé. Le Gallois, qui s’élancera pour son 5e Vendée Globe, aimerait bien être le premier nonFrançai­s à le remporter. Sans oublier Armel Tripon (L’Occitane), Sébastien Simon (Arkéa Paprec) et Charlie Dalin (Apivia).

« Un beau Vendée est un Vendée terminé »

« Ce sont tous des bateaux capables de parcourir des distances énormes en peu de temps, relève Dalin. Les bateaux ne seront jamais aussi différents que maintenant, la forme de coque, les foils. Les différence­s sautent aux yeux même pour une personne néophyte. » Derrière ces machines volantes se tiendront en embuscade des Imoca de précédente génération, qui n’ont pas été conçus dès l’origine pour voler mais auxquels des foils ont été ajoutés. L’Anglaise Sam Davies (Initiative­s Coeur) pourrait bien tirer son épingle du jeu avec ce type de bateau. Aucune femme n’est montée sur le podium du Vendée Globe depuis la 2e place d’Ellen McArthur en 2000-01. Enfin, pour cette 9e édition figurent d’autres marins, venus à leur manière vivre cette aventure des mers incroyable­s. « Raisonnabl­ement, je me suis donné un objectif de moins de 100 jours », dit Manuel Cousin à bord d’un bateau de 2007 (Groupe Sétin), indiquant qu’un « beau Vendée Globe est un Vendée Globe terminé ».

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(Photo archives AFP / Franck Dubray) Des milliers de spectateur­s s’étaient massés au départ du Vendée Globe . Cette année, Covid oblige, le départ sera donné à huis clos.

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