« Nous recherchons la volonté du défunt »
Le Dr Corinne Passeron est néphrologue au Centre hospitalier Simone-Veil de Cannes. Elle regrette un manque de communication : «Ilfaut parler du don d’organes. Finalement, on se rend compte que la population, certes, connaît le principe, mais en discute relativement peu. De ce fait, on peine parfois à connaître l’opinion des défunts à ce sujet. » Car lorsqu’une personne meurt et qu’il est possible de prélever ses organes, les professionnels de santé vont dialoguer avec la famille. « L’objectif est de savoir quelle était l’intention du défunt. Ce n’est pas la famille qui décide en tant que telle puisqu’en échangeant avec elle, nous voulons avant tout savoir ce qu’aurait souhaité celui qui vient de mourir. D’où le fait qu’il est important d’aborder ce sujet avec ses proches : afin que les volontés de chacun soient connues et que l’on puisse les respecter. »
Concernant le don du vivant, les choses sont plus simples… en apparence. Car là encore, il y a un déficit d’information dans la population. Pour rappel, il permet à une personne en bonne santé de donner un organe ou des tissus (rein, lobe du foie, moelle osseuse) à un malade. Il est possible notamment pour le rein dans le cadre d’une d’insuffisance rénale évoluée. L’Agence de la Biomédecine a d’ailleurs axé sa compagne d’information sur ce sujet. L’avantage dans le cas présent est que la greffe donne de meilleurs résultats qu’avec un don post-mortem. Toutefois, il est complexe à mettre en oeuvre parce que peu de gens le connaissent. À cela s’ajoute le fait qu’ «il y a parfois une réticence chez les patients à demander à leurs proches, remarque le Dr Passeron. Nous organisons régulièrement des réunions d’information avec une psychologue ainsi que des ateliers d’éducation thérapeutique pour les aider ainsi que les familles à mieux appréhender la maladie, la greffe, etc. »
« On peut vivre normalement avec un seul rein »
Outre la difficulté à trouver une personne qui accepte de faire don d’un rein, les procédures sont longues. Mais nécessaires. Le donneur potentiel va d’abord subir bilans et examens médicaux pour vérifier son état de santé avant de poursuivre les démarches administratives et légales. Cela dure environ quatre mois, laps de temps durant lequel il peut à tout moment faire marche arrière. À savoir : il n’est plus impératif d’être du même groupe sanguin même si c’est plus simple pour la greffe. « Le risque zéro lié au prélèvement n’existe pas, souligne le Dr Passeron. Toutefois, les choses se passent bien dans la très grande majorité des cas. Le donneur pourra ensuite mener une vie normale avec un seul rein. La personne greffée sera quant à elle étroitement suivie au long cours car si l’opération résout le problème de dialyse, la maladie rénale subsiste. » Aujourd’hui, le don du vivant est encore assez minoritaire. Alors quand vous aborderez en famille la question du don d’organes post-mortem, évoquez aussi celui-là !