Sébastien Perrin : « On éprouve tous un sentiment d’abandon »
Dans la basse vallée de l’Argens, sa voix compte plus que bien d’autres. Sébastien Perrin est arboriculteur, vigneron et maraîcher, mais c’est aussi un homme engagé. Secrétaire général de la chambre d’agriculture du Var, il a été, de 2014 à 2020, élu à Roquebrune-sur-Argens, vice-président, délégué à l’agriculture, de la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée et surtout il a siégé au syndicat mixte de l’Argens (SMA) chargé du Programme d’actions de prévention des inondations.
Un homme de la terre et de dossiers, qui regrette : « Lors du dernier comité du SMA début novembre, le quorum n’était même pas atteint. Sur soixantequatorze élus, ils n’étaient que trentetrois. L’ensemble des riverains de la basse vallée de l’Argens étaient scandalisé ».
Le ministre est venu mais n’a rien fait
Les sinistrés se sentent lâchés par les édiles locaux mais aussi par les échelons supérieurs « Après les inondations, le ministre de l’Agriculture, qui n’est plus ministre d’ailleurs (Didier Guillaume, Ndlr), est venu ici, entouré de caméras et de journalistes. Il a fait des annonces mais en réalité. il n’a rien fait, insiste l’agriculteur. Il aurait pu signer le décret pour relever le taux d’indemnisation des calamités agricoles de 30 % à 50 % comme on le lui a demandé, il ne l’a pas fait. On lui a proposé un statut spécifique d’agriculteur multi-sinistré, ça non plus ce n’est pas possible. En fait, comme à chaque fois, il ne s’est rien passé ».
Un an après avoir eu dix hectares de vignes inondées, il a consacré, comme ses confrères, des centaines d’heures pour tout remettre en état. « L’eau charrie des tonnes d’immondices, il y a eu un énorme travail de nettoyage, et ensuite de repalissage », précise-t-il. Plusieurs ont refait eux-mêmes les berges de l’Argens qui se sont écroulées sous la violence des flots et ont noyé leurs cultures.
Sébastien Perrin est tellement écoeuré, par ce qu’il estime du mépris, qu’il n’a même pas rempli le dossier de calamités agricoles. «Etjenesuispasle seul, fait-il remarquer. On n’a pas de temps à perdre à faire de l’administratif. Cette procédure indemnisant 30 % des pertes avec des seuils à respecter en termes de récolte ou de chiffre d’affaires, n’est plus adaptée mais c’est la seule. Les exploitants sont très dépités de cette aumône. Alors, on se retrousse les manches et on se débrouille tout seul, comme d’habitude. On éprouve tous un sentiment d’abandon. »