Professeur Carles, infectiologue : « Pas de mots forts sur le télétravail»
Le professeur Michel Carles coordonne, au niveau des Alpes-Maritimes, l’hospitalisation des malades de la Covid-19 (hors réanimation). Interrogé hier, il déclarait attendre « un renforcement des mesures de prévention, de la pédagogie [...] pour un allègement des mesures de coercition. »
Sa réaction aux annonces d’Emmanuel Macron : « Il y a beaucoup d’aspects positifs dans les annonces ; les plus notables à mon sens sont qu’elles tiennent compte de l’évolution de l’épidémie – soit un début de décroissance après une phase de plateau – et qu’elles s’inscrivent dans un calendrier. On a tous besoin d’avoir de la visibilité. Le chef d’État a su aussi faire du renforcement positif en insistant sur le fait que tout le monde est impliqué dans la lutte, que les efforts ont été partagés. Enfin, il est pertinent de ne pas rendre les vaccins obligatoires, pour ne pas accroître la défiance. » L’infectiologue est plus nuancé concernant les allègements prévus dès ce samedi. S’il se réjouit que les activités en plein air soient désormais autorisées sur un périmètre plus large et pendant un temps plus long, il estime qu’il « n’y avait aucune raison de les avoir empêchées, sachant qu’elles n’ont pas d’impact sur la circulation du virus ».
Toujours la perspective d’un reconfinement
Même analyse concernant l’ouverture des petits commerces et des librairies. « C’est très bien, mais là encore, on peut regretter qu’ils aient été fermés. Si les règles sanitaires sont respectées, il ne s’agit pas de lieux à risque. »
Deux grands absents à son avis dans les annonces : le télétravail et le port du masque dès l’âge de six ans. « On peut regretter qu’Emmanuel Macron n’ait pas eu de mots plus forts concernant le télétravail, alors que l’on sait que le milieu professionnel figure, avec les réunions familiales, parmi les situations les plus propices à la transmission du virus. Mais, il s’agit indéniablement d’un sujet complexe et sensible. »
Le spécialiste s’inquiète aussi du silence autour du port du masque dès l’âge de 6 ans, une borne basse qu’il juge « excessive ». « Les effets délétères chez les toutpetits sont probablement plus élevés que les bénéfices – minimes – attendus sur la circulation du virus. »
Il reconnaît par contre que le chef de l’État a su en appeler à la responsabilité individuelle lorsqu’il a évoqué en particulier les réunions familiales. « La pédagogie est essentielle et il est important de rappeler combien il est important dans cette période que l’on soit acteur de la lutte contre l’épidémie. » L’allègement des mesures prévu dès le 28 novembre aura-t-il un impact sur la circulation du virus ? L’infectiologue en doute. Ce qu’il dit regretter, c’est que la seule perspective envisagée par le Président, en cas de circulation toujours active du virus, soit un nouveau confinement : « Alors que tous les déterminants de l’épidémie ne sont pas encore connus, que le deuxième épisode de confinement a été encore plus mal vécu que le premier, il s’agirait plutôt de réfléchir à combiner des mesures qui pourraient permettre d’éviter cette issue. »