Var-Matin (Grand Toulon)

À Carrefour, elles sont « passées du super héros... au chômage partiel »

- SO. B.

Les semaines du confinemen­t sur le dos des employés. Voilà ce qu’une trentaine de salariés du magasin Carrefour Mayol ont dénoncé hier matin à Toulon, en bloquant l’entrée de l’hypermarch­é. Blocage symbolique, puisqu’il n’a pas empêché les clients de passer par des caisses pour rejoindre les rayons. Les uns maugréent contre les grévistes, telle une dame âgée qui tire sa charrette, d’autres affichent leur soutien « bravo ! » et sont applaudis en retour. « Comment Carrefour peut-il communique­r à tout va sur ses performanc­es, “les meilleures depuis 20 ans”, et avoir mis ses salariés au chômage partiel, s’insurge Céline Arnaud, déléguée syndicale CGT dans le magasin. Comment peut-on refuser aux héros d’hier un salaire décent et des conditions de travail décentes ?» Généralisé en novembre, le recours au chômage partiel s’est achevé jeudi 26 novembre, selon le syndicat.

« Chantage face au gouverneme­nt »

« C’était un gros chantage face au gouverneme­nt », appuie Patrick Ait-Aissa, délégué syndical au niveau national, venu soutenir le mouvement sur le terrain. « Carrefour a bien dit que

“tant que les rayons non-essentiels étaient fermés, ils feraient du chômage partiel”. Mais en vérité, avec le

“ask and collect” , ce fut

(1) un jeu de dupes. Tous les articles ont pu être vendus », poursuit le syndicalis­te. Formant une chaîne de caddies, les salariés entonnent: « On est là, on est là, même si Carr’four ne veut pas, on est là. Pour l’honneur des travailleu­rs et pour un monde meilleurs, nous on est là ».

« À bloc, à bloc de clients »

« Les magasins sont en hausse de débit et en hausse de chiffre d’affaires. C’est logique, puisqu’on était les seuls ouverts, poursuit Céline Arnaud. Le non-essentiel a continué d’être vendu. On est à bloc de clients, à bloc. » Plus loin, le mégaphone chante L’Internatio­nale, tandis que les clients poussent leurs caddies. « Carrefour a palpé des millions d’euros d’aides de l’État, que nous, contribuab­les, allons payer. Et on verra ce que le groupe va redistribu­er aux actionnair­es ». Le problème du chômage partiel n’est pas dans la perte de salaire, puisque Carrefour a complété les 84 % financés par l’État, pour garantir une paie complète. Le problème est plutôt la charge de travail dans les entrepôts, les rayons et en caisse.

« On se retrouve moins nombreux dans les magasins, à faire le même travail ,serévolten­t deux caissières grévistes. On nous a donné une prime de 1 000 euros, car on était des héros. Et maintenant, nous sommes passées au chômage partiel .» Au prix du mécontente­ment de clients qui ne supportent pas d’attendre. « On nous insulte… Mais des grosses insultes. » Et au profit des caisses automatiqu­es.

« Les files d’attente remontent dans les rayons »

« Parfois, on se dit entre nous : “Mais il y a beaucoup de monde aujourd’hui !”, poursuit une gréviste. Mais non, c’est qu’il y a moins de caisses. Et les files d’attente remontent dans les rayons .» En ce qui concerne le respect des règles sanitaires, le comptage du nombre de clients présents en même temps dans le magasin n’était pas effectif hier, mais Carrefour s’en est expliqué (lire ci-dessous).

Les grévistes ont poursuivi leur mouvement jusqu’à 11 h du matin. En dénonçant « le sous-effectif chronique et les salaires de misère ». Les grévistes n’ont pas été reçus par leur direction. Par contre, un huissier de justice s’est déplacé pour vérifier si, oui ou non, le magasin était bloqué. 1. La commande s’effectue directemen­t au point de commande du magasin. Un salarié se charge ensuite d’aller chercher les produits dans les rayons « non essentiels » et les ramènent en caisse.

 ?? (Photo So. B.) ?? Mouvement de grève, hier à Toulon, pour dénoncer les conditions de travail, pendant le confinemen­t.
(Photo So. B.) Mouvement de grève, hier à Toulon, pour dénoncer les conditions de travail, pendant le confinemen­t.

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