Ces Gilets jaunes croient encore à la mobilisation
Les plus assidus sur le rond-point du Cannet-des Maures ont décidé de raconter leur expérience et leurs espoirs dans un livre qu’ils souhaitent publier d’ici la fin de l’année. Ils lancent un appel
Deux ans après le début des rassemblements spontanés des Gilets jaunes sur les ronds-points de France, que restet-il de ce mouvement populaire ? Jeanne Valabrègue et Alain Haydar Jaouani répondent à cette question dans un ouvrage virtuel, où ils partagent leur vécu mais aussi celui de très nombreux habitués du rond-point du Cannet-des-Maures. Pas le giratoire exactement mais un terrain le surplombant, où ils ont créé et occupé un village en bois dix mois durant, y édifiant des monuments. Ils lancent une cagnotte en ligne pour financer l’impression.
Des témoignages et des portraits sans fard
Avec ses boucles d’oreilles en forme de gilets jaunes, Jeanne est à l’origine du projet. « J’étais tellement triste quand le camp a été détruit que j’ai dit à Alain qu’il fallait faire un livre pour raconter tout ce qu’il s’est passé ici », explique cette auto-entrepreneuse de Lorgues mariée à un enseignant et mère de trois petites filles. Alain, ancien salarié de la Mutualité sociale agricole, aujourd’hui retraité à Vidauban, a toujours aimé écrire, il a foncé.
Ils en ont rédigé une partie et ont envoyé des questionnaires aux Gilets jaunes dont ils avaient les coordonnées, pour leur demander de témoigner. Sans fard. Eric Marc, les a rejoints pour raconter cette aventure humaine. Cet ancien militaire devenu chef d’une entreprise, mise à mal par la fin des aides d’État à la Transition écologique dans sa branche, s’est beaucoup investi dans la construction des monuments, commencée par Fred « le bâtisseur ». « Ce camp était stratégique, il y avait de quoi dormir, manger, c’était un point de rassemblement » souligne Alain.
Mais pas seulement, les discussions, y allaient bon train pour refaire le monde. « On y a organisé énormément d’événements. On a fait des ciné-débats, c’était intéressant, enrichissant, ajoute Jeanne. On a eu plus de trois mille personnes le jour où Jérôme Rodrigues et Priscillia Ludoski sont venus. Et
plus de huit cents lorsque Christophe Ruffin a présenté son documentaire avec Christian Perret ». Eric, tout en se présentant «de droite », regrette que « des militants de gauche, d’Attac, Nuit Debout, des syndicalistes, ne nous ont pas rejoints. Ce mouvement c’était pour moi l’incarnation de la convergence des luttes ». À défaut d’avoir rassemblé tout le monde, « on laissera une trace, il restera ce livre » conclut Alain.