Var-Matin (Grand Toulon)

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Pur produit de la formation seynoise, le gymnaste Mikaël Viviani affiche une forme éblouissan­te. Il est plus que jamais dans la course des sélections pour les prochains JO

- PIERRE-MICKAËL AYI

Le rêve olympique est vertigineu­x. En 2008, la flamme avait même atteint le sommet de l’Everest, à 8848 mètres d’altitude. Mikaël Viviani, lui, est un athlète de haut vol. Le gymnaste varois a une carte privilège dans le gotha mondial du trampoline, entre Chinois, Russes et Biélorusse­s qui volent au-dessus des hommes, et rêvent de JO.

Et le petit prince des acrobaties est en très grande forme. Il vient de battre un record national de difficulté dans le temple du sport français, lors d’une séance d’entraîneme­nt à l’Insep (lire ci-contre). Imaginez une enveloppe de muscles de 1,68 m propulsée sept mètres plus haut dans un enchaîneme­nt de six triples salto et quatre double salto en 19,5 secondes. Renversant. « C’est le genre de trucs qu’on ne fait pas tous les jours, je ne sais même pas si je pourrais le refaire... », reconnait le jeune ingénieur avec humilité. Le Seynois a fait un choix de vie : le sport et le travail. De Bois-Colombe, où il vit avec sa compagne depuis trois ans, au bois de Vincennes, il consacre 39 heures à son cabinet de conseil spécialisé dans la banque, la finance et l’assurance, et 16 heures au trampoline chaque semaine. Et ça marche : il a changé de dimension et s’épanouit malgré l’arrêt des compétitio­ns provoqué par l’épidémie. « Je bosse le matin, puis je m’entraîne entre 11h30-12h et 15h et je me remets au boulot ensuite ,explique l’athlète. J’ai beaucoup de chance, mon employeur BI Consulting est à fond derrière moi et me permets de faire du télétravai­l pendant le confinemen­t. »

Dès l’âge de  mois

Mikaël est un Ovni, un drôle d’oiseau dans l’équipe de France de gym, le seul à avoir un métier dans cette discipline peu médiatisée. L’Insep lui consacre une salle de travail, afin d’alléger ses trajets. Et sa boîte lui laisse dix jours de congés supplément­aires. « Ce qu’il a aujourd’hui, il est allé le chercher ,raconte son père Lucien, président de l’Entente gymnique de La Seyne. Concilier les deux était son critère de sélection, ça a influencé son choix d’entreprise. Il a beaucoup démarché, ici ou à Sophia Antipolis, et il a essuyé quelques refus avant de décider de s’installer près de Paris. »« Mes parents m’ont toujours appris que le sport, ce n’est pas toute la vie, commente “l’expatrié”. Tu as beau être un champion, dans le monde du travai,l tu ne vaux rien. »

Il s’est envolé avec l’appui d’un entourage modèle, ses parents Lucien Viviani et Brigitte Charby, qui sont aussi ses premiers entraîneur­s. Toutes ses figures, « ce sont eux qui (lui) ont initié » dans le gymnase de La Seyne, « un formidable terrain de jeu de 600 m2 », où il a appris à « marcher » dès l’âge de 3 mois. Jusqu’à l’inscriptio­n à l’Isen de Toulon, bac en poche, alors qu’il « ne savait encore pas trop où (il) allait ».

« Il a vraiment du cran, nous l’on ne jamais poussé », observe son père. Lucien parle des blessures qui ont « retardé l’ascension » de son fils aîné, des entraîneme­nts du soir et de l’arrivée au pôle de Bois-Colombe, où l’électricit­é faisait des siennes, comme si c’était hier. « Mika est le mieux placé aujourd’hui pour obtenir la place de réserviste aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 derrière le numéro 1 français

(1) Allan Morante, intouchabl­e. » Et le père Viviani met tout en oeuvre pour garder sa pépite, afin que le fiston porte toujours les couleurs locales lors des championna­ts de France. « On doit trouver des aides car ses frais sont importants : l’Insep, ce n’est pas gratuit ! », pointe-t-il, en regrettant que le Var ne puisse pas garder ses champions « faute d’argent » (public comme privé).

« Ça va faire très mal »

Malgré les sollicitat­ions de la concurrenc­e, Mikaël se contente de sa « petite bourse » de licencié seynois. « On est vice-champions de France par équipe avec quatre mecs formés au club, face à des clubs à gros budgets qui recrutent à l’étranger, c’est une grande fierté. La Seyne, c’est du très, très fort. Et depuis longtemps », sourit l’acrobate.

S’il garde cet élan, vos yeux ne verront bientôt plus que lui. « Je me rapproche du haut niveau, si ça continue ça va faire très mal. C’est ma chance, je ne la laisserai pas passer. » 1. Aux JO, la France ne bénéficie que de deux quotas, en épreuve féminine et masculine individuel­le.

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