Le chauffard de l’A voulait échapper à son expulsion
Ce sans-papiers, jugé par le tribunal correctionnel de Toulon, avait réussi à tromper les autorités sur sa véritable nationalité lors d’une précédente condamnation, dans une affaire de stupéfiants, en février 2019. Il avait notamment fait l’objet d’une interdiction judiciaire du territoire de trois ans. On le croyait belge.
Sur la foi de sa carte d’identité, le préfet du Var avait dès lors pris un arrêté pour qu’il soit reconduit en Belgique. À sa sortie de prison, le 3 octobre 2019, le jeune homme avait été mis dans un avion pour Bruxelles. Mais sa pièce d’identité était un faux. Deux jours plus tard, « j’ai pris un train pour Paris et un autre pour Marseille », explique-t-il devant le tribunal de Toulon.
« J’ai eu peur de tout perdre »
Le prévenu a tenté de réitérer son exploit quand il a été interpellé au début du mois dernier (nos éditions du 10 novembre). Au volant d’une Ford Focus, achetée 900 euros sur le marché de l’occasion, il avait faussé compagnie aux policiers de la CRS autoroutière qui avaient mis en place, au « péage de Bandol » (en fait situé sur la commune de Sanary), un point de contrôle des attestations Covid. « Sur le coup je n’ai pas réfléchi, j’ai eu peur de tout perdre : mon appartement, mon travail, tout... »
Cet automobiliste âgé de 20 ans circulait sans permis de conduire (donc sans assurance). La course poursuite s’était terminée à l’entrée de Toulon sur un coup de frein trop brutal : tête-àqueue, tonneau, la Ford Focus s’était immobilisée sur le flanc. Indemne, le chauffard avait poursuivi à pied tandis que les motards de la CRS prenaient en compte un blessé.
Le fuyard a été interpellé un peu plus tard dans le centreville de Toulon, du côté de la place d’Armes. Sa « carte d’identité » ayant été confisquée par les autorités belges, il a présenté une photo de ce faux document. Cette fois sans succès.
Interdiction de territoire
« J’ai une copine, c’est pour ça que je suis revenu, tentet-il lors de son procès par visioconférence. C’est plus fort que moi, c’est l’amour. » Depuis son retour dans le Var, le prévenu a trouvé un logement (un loyer de 470 euros) et des petits boulots non déclarés. « J’aurais bien aimé qu’on aille chercher du côté de ces entreprises qui embauchent des sanspapiers, a plaidé en défense Me Lauris Leardo, Monsieur vit normalement. Et si je n’étais pas bien né, j’aurais peut-être fait comme lui. L’Algérie est un pays où il a peu d’attaches et peu d’espoir. Il va sortir et être renvoyé, n’ajoutons pas du malheur au malheur .»
Son client a été condamné à un an de prison ferme et à une nouvelle interdiction du territoire pendant trois ans. Dans ses réquisitions, le procureur avait placé le curseur au maximum, c’est-àdire à dix ans d’interdiction.