« Une chance dont il ne faut pas abuser... On y échappe de justesse »
Si le Var est épargné par le couvre-feu à 18 heures, « c’est une chance dont il ne faut pas abuser », estime le Dr Dominique Andreotti, pneumologue, cheffe de pôle au centre hospitalier intercommunal Toulon La Seyne.
« On y échappe de justesse. Nous sommes cernés par des départements qui subissent déjà le couvre-feu à 18 heures depuis le 2 janvier et par d’autres, comme le Vaucluse, qui basculent. »
À la limite
C’est le taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre de personnes contaminées pour 100 000 habitants sur une semaine qui est pris en compte : l’avancement du couvre-feu est décrété pour les départements dont le taux d’incidence, est supérieur à 200, confirme le directeur départemental de l’ARS Henri Carbuccia.
« Or le Var était à 176 en début de semaine, 188 désormais, commente Dominique Andreotti. Il faut tenir compte de la cinétique et le fait est que depuis 15 jours, ce taux monte doucement, un peu tous les jours… »
Et la tendance ne risque pas de s’inverser malheureusement, estime la pneumologue : « On n’a pas encore les patients contaminés le 31 qui ne vont pas tarder à arriver, avec les aggravations qui vont suivre dans les 8 à 10 jours… On a encore des lits en hospitalisation, mais on est à la limite de la saturation en réa, même s’il faut relativiser car nous sommes sous-dotés (1). »
Quinze jours décisifs
Rebond épidémique de la deuxième vague ou troisième vague, peu importe : pour le Dr Andreotti, le résultat est le même : «Onvade nouveau faire face à une forte tension avec toujours un manque de personnels, un souci récurrent depuis le début de la crise, d’autant plus désormais que nous assurons la montée en charge de la vaccination. Elle démarre fort parmi les personnels et j’ai le grand espoir que cela déclenche des envies de se faire vacciner ! »
Sa conclusion toute personnelle : « Je pense que le couvre-feu à 18 heures empoisonne la vie des gens, ce ne sont pas ces deux heures-là qui changent la donne. Ce qui change la donne, c’est le respect des gestes barrière, tout le temps, partout ! Tout le monde peut être touché : on a descendu en réa cette semaine des gens de 35, 48 et 54 ans. Dont un grand gaillard sans antécédents ni comorbidités. C’est rare bien sûr, mais quand même, ça arrive ! Les 15 jours qui viennent seront décisifs. Il faut digérer les fêtes. Si tout le monde fait attention, on évitera peut-être un couvre-feu à 18 heures. Et le Var restera le petit îlot gaulois dans la région ! »
1- Un projet visant à augmenter les capacités de la réanimation dans le Var et à Ste-Musse en particulier est à l’étude depuis deux ans (avant la crise sanitaire donc).