Règlement de comptes : ans en appel
Rompu aux bancs des cours d’assises du sud de la France, Me Frédéric Monneret n’a pu s’empêcher de fermer les yeux et de secouer la tête à l’énoncé du verdict, à Draguignan, par la présidente Véronique Imbert : comme en première instance à Aix-en-Provence, Seif Khadhri a été reconnu coupable de meurtre en bande organisée et condamné à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Var. Pourtant, avec son collaborateur Chehid Selmi, ils n’ont eu de cesse durant leurs plaidoiries de souligner « la construction hypothétique de culpabilité » élaborée par l’accusation. « Personne n’a pu prouver que Seif Khadhri a tué ou même qu’il était sur place au moment des faits. Le doute doit lui profiter, il doit être acquitté. »
Faisceau d’indices
Les neuf jurés et les trois magistrats en ont décidé autrement après trois heures trente de délibéré : Seif Khadhri est suffisamment impliqué dans la mort de Hatem Cheikh Ali, abattu d’une balle dans la tête dans le quartier de la Castellane à Marseille le 14 janvier 2015, pour passer les trois prochaines décennies derrière les barreaux. Sans pouvoir s’appuyer sur une preuve flagrante – « qui n’existe pas dans ce genre de dossier » – l’avocate générale Marie-Laure Ferrier a su emporter la conviction à l’issue de son réquisitoire. Conviction d’abord que Seif Khadhri tenait bien un rôle prépondérant dans le réseau de trafic de stupéfiant de La Jougarelle, alors en conflit avec celui dont la victime faisait partie. Conviction ensuite qu’il était bien sur les lieux du crime, comme le confirment les renseignements anonymes et une trace d’ADN (lire nos éditions précédentes). Conviction enfin qu’il n’a jamais dit toute la vérité, adaptant son (maigre) discours et son alibi, seulement corroboré par ses proches, selon les circonstances. Des éléments suffisants selon la cour pour établir sa vérité judiciaire.