Var-Matin (Grand Toulon)

Morsures canines à l’Avsa : des bénévoles à l’attaque

Après les graves blessures subies par l’une d’entre elles, des bénévoles du refuge-fourrière, qui promènent régulièrem­ent des chiens, réclament davantage de protection et de formation

- T. HUET thuet@nicematin.fr

Dans leur démarche, « nulle intention de nuire » au refuge pour animaux de l’Avsa (1) qu’elles affectionn­ent. Camille, Jo, Dominique et Suzanne, quatre des quelque 200 bénévoles – en rotation – qui viennent mettre la main à la ‘‘patte’’, ne songent pas non plus à claquer la porte. « On continuera à venir, par dévouement à la cause animale et par attachemen­t aux chiens avec qui des liens ont été créés. Mais ce qu’il s’est passé est trop grave pour ne pas agir » indiquent-elles de concert.

Camille Glachant, habitante de Grimaud et bénévole régulière depuis six mois, rapporte : « Un événement dramatique est survenu au refuge le 28 décembre dernier. Géraldine, une Gassinoise, sortait les chiens en promenade dans l’aprèsmidi et a été attaquée par un molosse tenu en laisse par une autre bénévole de l’Avsa. Le chien sans muselière a attaqué Géraldine, lui a déchiqueté l’avant-bras et très fortement abîmé le bras gauche. Elle s’était approchée en confiance de Jo, une autre habituée des promenades qui tenait à la longe César, un chien confié par l’une des soigneuses de la structure.»

Une longue opération à l’hôpital

Elle poursuit : « À son approche, il s’est jeté sur elle, lui a attrapé l’avant-bras et l’a traînée sur plusieurs mètres. L’autre bénévole, Jo, a tout tenté pour le faire lâcher, allant jusqu’à enfoncer son poing au fond de sa gueule pour essayer de le faire céder, en vain. Valérie, une autre dévouée aux balades canines, est venue à la rescousse et, devant la violence de l’attaque, a eu l’idée d’empoigner le pain au chocolat de la pause et lui a enfoncé au fond de la gorge pour l’étouffer. Ce geste de sang-froid a fonctionné et estomaqué le molosse qui a lâché prise, laissant au sol cette femme ravagée et ensanglant­ée ».

Les blessures sont impression­nantes : « Transférée d’urgence par le Smur au centre hospitalie­r Pasteur de Nice, Géraldine a subi, à son arrivée à l’hôpital, une longue et difficile opération de tentative de réparation de son membre, sans certitude de retrouver les capacités de sa main. Traumatisé­e et dans l’attente d’une éventuelle deuxième interventi­on chirurgica­le, elle reste depuis alitée dans l’hôpital et envisage de porter plainte ».

Aux dires de Camille Glachant, c’est « toute la communauté des bénévoles du refuge [qui] est sous le choc. Géraldine organisait les transports de l’équipe des bénévoles du Golfe de Saint-Tropez, elle mettait en place des covoiturag­es pour relier une à deux fois par semaine le refuge pour promener les chiens abandonnés. De 14 heures à 17 heures depuis septembre dernier, nous nous relayions afin d’assurer le plus de journées possible pour sortir les chiens de leur cage et aussi les sociabilis­er, afin de faciliter les futures adoptions lors des confinemen­ts où les visites étaient interdites ».

Par ailleurs, deux antécédent­s d’accidents avec des chiens sont survenus depuis cinq mois. Dominique Goetz, habitante du Muy et fidèle de l’associatio­n, a été traumatisé­e par un berger allemand appelé Mondomy qui lui a provoqué une fracture du radius pour un jouet qu’elle détenait dans sa sacoche. « Ce qui m’a fait le plus mal, déplore Dominique, c’est le manque de considérat­ion de la direction pour ce qu’il m’est arrivé le 19 août. Même si j’ai refusé l’euthanasie de ce chien car il était mal éduqué, ce n’est pas de sa faute. Mais les règles doivent être renforcées ».

« Nous nous sentons ignorées »

Suzanne, esthéticie­nne à SainteMaxi­me et pincée à la fesse par Eros (le même jour que Géraldine) abonde : « Si on ne connaît pas suffisamme­nt le chien, il faut une muselière car nous ne pouvons pas prendre de risque avec certains chiens difficiles que nous ne connaisson­s pas, impossible­s à contrôler ou imprévisib­les ». Aujourd’hui, Suzanne, Camille, Jo, Dominique et Géraldine (depuis son lit d’hôpital) réclament des actes de la part de la direction. « Malgré le protocole de sortie, il faudrait que la formation et le suivi soient assurés plus régulièrem­ent par un éducateur canin au sein de l’Avsa. Il faudrait aussi que la direction fasse plus, en matière d’assurances. Nous avons une responsabi­lité civile, inscrite dans la charte de l’Avsa que l’on a signée, mais ce n’est pas suffisant. Comme son nom l’indique, cette responsabi­lité civile est faite pour réparer un préjudice causé à autrui. Mais si ce n’est pas de notre faute ? Enfin, nous souhaitons une meilleure organisati­on de l’associatio­n. Les bénévoles ne sont pas représenté­es, nous nous sentons ignorées ! ».

Avec ou sans masque, ces bénévoles ont bel et bien décidé de montrer les dents. 1. Associatio­n varoise de secours aux animaux. Quartier Le Defends, RDN 7 à Roquebrune-surArgens. Tél. : 07.82.99.41.05.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Jo, Camille, Suzanne et Dominique (qui montre ici son bras mordu en août dernier) devant la grille du refuge de l’Avsa. Ci-contre, la grave blessure (du fait de César, en haut à droite) subie à l’avant-bras par Géraldine, toujours hospitalis­ée.
(Photos Philippe Arnassan) Jo, Camille, Suzanne et Dominique (qui montre ici son bras mordu en août dernier) devant la grille du refuge de l’Avsa. Ci-contre, la grave blessure (du fait de César, en haut à droite) subie à l’avant-bras par Géraldine, toujours hospitalis­ée.
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