Var-Matin (Grand Toulon)

Ils y sont déjà passés : quelles répercussi­ons ?

Comment se déroule ce couvre-feu avancé chez nos voisins qui y sont déjà soumis ? Bilan après une semaine dans les Alpes-Maritimes, avec des Azuréens pris entre l’ennui et l’agacement

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

On vit toujours à cent à l’heure. Mais plus au-delà de 18 h. Six heures ! C’est tôt, très tôt. Si tôt… Mais ce serait folie de déroger. Le montant de l’amende culmine à 135 euros. Ça calme, c’est du brutal. Le virus est délétère, le couvre-feu, sévère, l’ambiance un peu amère. On ne faisait déjà plus la bise à ses collègues, il faut maintenant bâcler les au revoir. Prendre congé de toute urgence. Pas de temps pour les civilités, obligation de rentrer dare-dare.

S’en plaindre serait à peine décent. Difficile de ne pas avoir un minimum de contrition pour celles et ceux qui n’ont plus de boulot, ou télétravai­llent, ou se morfondent au chômage partiel, ou sont à la retraite. Ces derniers faussement libres comme l’air, puisque le couvre-feu précoce réduit d’autant le champ des pérégrinat­ions.

Tous à la maison

La préfecture des Alpes-Maritimes ne dit rien du nombre, de l’âge ou de la motivation des Azuréens pincés dehors quand ils devraient être dedans. S’attarder en ville, ne serait-ce qu’un instant, fait de chacun un contrevena­nt.

Foin des statistiqu­es, il suffit de jeter un coup d’oeil par la fenêtre pour entrevoir la rue déserte. Entre chien et loup, pas un chat, rien que le vide et la désolation.

Les commerçant­s qui espéraient se refaire une trésorerie à fond la caisse en sont pour leurs frais. À ceci près que la grande distributi­on n’a jamais vu pareille concentrat­ion de chalands en plein milieu d’après-midi. Tandis que cinémas, théâtres et musées gardent porte close. La logique dans tout ça? «Jenelavois­pas» , commente un gérant de supérette que laisse pantois le spectacle des clients en proie à l’agacement et à la précipitat­ion.

Bus bondés, routes embouteill­ées

La chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur vient de lancer une vaste enquête pour mesurer l’incidence du dispositif sur l’économie de ses ressortiss­ants. En attendant, on s’ennuie, on ne voit plus sa famille ni ses amis, chaque déplacemen­t est une épreuve. Bus et tram bondés, voies rapides saturées, autoroute embouteill­ée.

De quoi freiner probableme­nt la propagatio­n de la Covid-19. Mais pas celle de notre découragem­ent.

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(Photos Éric Ottino/Dylan Meiffret) Avec l’obligation de rentrer pour  heures, les transports en commun sont bondés et les bouchons quotidiens dans les Alpes-Maritimes, où le couvre-feu avancé est entré en vigueur le  janvier.
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