Ils y sont déjà passés : quelles répercussions ?
Comment se déroule ce couvre-feu avancé chez nos voisins qui y sont déjà soumis ? Bilan après une semaine dans les Alpes-Maritimes, avec des Azuréens pris entre l’ennui et l’agacement
On vit toujours à cent à l’heure. Mais plus au-delà de 18 h. Six heures ! C’est tôt, très tôt. Si tôt… Mais ce serait folie de déroger. Le montant de l’amende culmine à 135 euros. Ça calme, c’est du brutal. Le virus est délétère, le couvre-feu, sévère, l’ambiance un peu amère. On ne faisait déjà plus la bise à ses collègues, il faut maintenant bâcler les au revoir. Prendre congé de toute urgence. Pas de temps pour les civilités, obligation de rentrer dare-dare.
S’en plaindre serait à peine décent. Difficile de ne pas avoir un minimum de contrition pour celles et ceux qui n’ont plus de boulot, ou télétravaillent, ou se morfondent au chômage partiel, ou sont à la retraite. Ces derniers faussement libres comme l’air, puisque le couvre-feu précoce réduit d’autant le champ des pérégrinations.
Tous à la maison
La préfecture des Alpes-Maritimes ne dit rien du nombre, de l’âge ou de la motivation des Azuréens pincés dehors quand ils devraient être dedans. S’attarder en ville, ne serait-ce qu’un instant, fait de chacun un contrevenant.
Foin des statistiques, il suffit de jeter un coup d’oeil par la fenêtre pour entrevoir la rue déserte. Entre chien et loup, pas un chat, rien que le vide et la désolation.
Les commerçants qui espéraient se refaire une trésorerie à fond la caisse en sont pour leurs frais. À ceci près que la grande distribution n’a jamais vu pareille concentration de chalands en plein milieu d’après-midi. Tandis que cinémas, théâtres et musées gardent porte close. La logique dans tout ça? «Jenelavoispas» , commente un gérant de supérette que laisse pantois le spectacle des clients en proie à l’agacement et à la précipitation.
Bus bondés, routes embouteillées
La chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur vient de lancer une vaste enquête pour mesurer l’incidence du dispositif sur l’économie de ses ressortissants. En attendant, on s’ennuie, on ne voit plus sa famille ni ses amis, chaque déplacement est une épreuve. Bus et tram bondés, voies rapides saturées, autoroute embouteillée.
De quoi freiner probablement la propagation de la Covid-19. Mais pas celle de notre découragement.