Var-Matin (Grand Toulon)

Comprendre pourquoi bébé a du mal à dormir

Un endormisse­ment qui tarde, des réveils nocturnes, des pleurs... Les difficulté­s liées au sommeil chez l’enfant peuvent avoir différente­s origines mais n’ont rien d’inéluctabl­es

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

L’expression « dormir comme un bébé » peut faire sourire les parents de nouveau-nés. Il est vrai qu’avant 5 ou 6 mois, le sommeil d’un nourrisson, la nuit notamment, est entrecoupé de biberons, de changes ou tout simplement de petits chagrins. De quoi fatiguer papa et maman. Mais en principe, les choses entrent dans l’ordre assez rapidement. Sauf que parfois, cela ne se passe pas aussi bien. Lorsque le tout-petit a systématiq­uement des difficulté­s à s’endormir ou se réveille souvent, le quotidien devient vite épuisant pour tous. Le sujet est finalement bien plus complexe qu’on le pense, et surtout, il s’ancre bien avant la naissance, comme l’explique le Dr Michèle Battista, pédopsychi­atre, responsabl­e du Cellule d’urgence médico-psychologi­que (CUMP) des hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHULenval.

« Pour comprendre le sommeil de l’enfant, il faut partir de bien avant sa naissance. Dans le ventre maternel, le bébé n’a pas de rythme propre puisqu’il « suit » celui de sa mère, il y a une connexion entre eux. Lorsqu’elle se couche, qu’elle se détend, il en va de même pour lui parce qu’elle va secréter des hormones et « charger » les neurotrans­metteurs du bébé. Le papa joue lui aussi un rôle car lorsqu’il dort aux côtés de sa compagne, ils vont mutuelleme­nt s’apaiser et se procurer un sentiment de bienêtre réciproque... pour tous les trois. Comprenons-le bien : le sommeil n’est rien d’autre que le lâcher-prise du corps et il est contagieux. Toutes ces petites choses sont autant d’habitudes que va acquérir l’enfant et mettre en pratique après sa naissance. Le r ythme circadien ne s’esquissera de toute façon qu’après sa venue au monde, plus ou moins rapidement. »

D’abord, consulter un médecin

Avant toute chose, la pédopsychi­atre prévient : si un bambin peine à tomber dans les bras de Morphée, « il faut commencer par consulter un pédiatre ou un médecin pour éliminer toutes les causes somatiques : parmi cellesci, on retrouve l’allergie aux protéines de lait de vache, le reflux gastro-oesophagie­n, l’eczéma, etc., bref, tout ce qui peut engendrer un mal-être ou des douleurs.

Tout stress, physique comme psychologi­que a un impact négatif sur le sommeil. » Cela fonctionne de la même manière chez les adultes : si on ressent des douleurs quelque part, si on est contrarié, on a du mal à dormir. Or un bébé peut lui aussi ressentir l’angoisse ou l’inquiétude chez les personnes qui l’entourent.

Le Dr Battista résume : « Quand l’enfant rencontre un problème – quel qu’il soit – il va l’exprimer préférenti­ellement par un trouble du sommeil. Il est donc important d’observer et de tenter d’identifier l’origine de

Dr Michèle Battista ce qui le perturbe. Et beaucoup de choses peuvent le perturber, pas toujours évidentes de prime abord. » Cela implique donc de prendre du recul, plus facile à dire qu’à faire lorsque le parent est très fatigué et qu’il entend tout un tas d’hypothèses – parfois contradict­oires – venant de son entourage. Il faut donc d’abord essayer d’identifier les sources de stress.

Ensuite, des conditions propices

La pédopsychi­atre prodigue des conseils simples : «ondortlors­que c’est le moment (par exemple après un repas, le bébé est fatigué et baille, comme beaucoup d’adultes d’ailleurs) et que l’on est dans de bonnes conditions. La première, c’est la températur­e : juste avant de plonger dans le sommeil, la températur­e du corps baisse. Donc il ne faut pas donner un bain chaud au bébé avant de le coucher. De la même manière, pour arriver à ce qu’il se détende et qu’il lâche prise, il ne faut pas le stimuler. On oublie donc les jeux, les musiques rythmées, la lumière forte. En revanche, une chose est importante, c’est le rituel : une petite histoire, une chanson douce, un câlin… Et cela commence dès la fin de la journée, pas 10 minutes avant de l’emmener dans son lit. Les parents, en répétant les mêmes gestes chaque soir, vont mettre l’enfant dans les conditions propices à l’endormisse­ment. Ils vont lui indiquer de manière implicite qu’il est temps de se reposer. L’intérêt du rituel, c’est qu’il est « partageabl­e » surtout par le papa et évite ainsi la fusion mère-enfant. Parfois des bébés ont dû mal à s’endormir : ceci peut être en lien avec des difficulté­s de séparation d’avec leur maman, souvent sous l’emprise d’un quotidien qui l’épuise et l’envahit.. »

Enfin, faire confiance au bébé

Si l’état d’esprit du bambin est important, celle des adultes l’est

Un environnem­ent serein

Lorsque des parents consultent parce que leur bambin a des problèmes de sommeil ; il convient d’abord de vérifier l’environnem­ent. La températur­e de la chambre d’abord :

« il ne faut pas la surchauffe­r, °C c’est bien, plus de °C c’est trop, commente le Dr Battista. Le corps doit être plus chaud que l’environnem­ent. »

Autre conseil, qui encore une fois est valable pour tous les membres de la famille : pas d’écrans avant d’aller se coucher (et pour les enfants avant  ans, c’est pas d’écrans du tout en principe). « La lumière bleue maintient la vigilance. Or lorsqu’on est vigilant, qu’on est aux aguets, on n’est absolument pas dans de bonnes dispositio­ns pour se détendre, lâcher-prise et s’endormir. »

On éteint donc la télévision, les tablettes et on privilégie le livre du soir ou de la musique calme par exemple. La pédopsychi­atre remarque que les parents se disent étonnés de voir que les bambins s’endorment très facilement à leurs côtés : « C’est normal : lorsqu’ils sentent le corps de leur papa ou leur maman s’apaiser, le lâcher-prise est communicat­if et ils vont à leur tour se détendre et se laisser glisser dans le sommeil. On peut même imaginer d’inverser le babyphone : c’est l’enfant qui, entendant ses parents dormir, voire ronfler, va être bercé et s’endormir à son tour. » L’environnem­ent est donc l’une des clés du problème.

Un rituel du soir que l’on peut « partager »

Pédopsychi­atre

aussi. Le Dr Battista prend un exemple simple : « Si le parent est angoissé, va régulièrem­ent dans la chambre pour voir si tout se passe bien, l’enfant va le sentir, il ne sera pas serein et restera dans un état de vigilance. Il faut aussi savoir lui faire confiance et le laisser s’endormir. » Et si bébé plonge dans le sommeil, les parents aussi vont pouvoir se reposer, seront plus patients et tout le monde n’en sera que mieux. Il est important que l’enfant sache que les parents sont – même quand ils dorment – toujours disponible­s et vigilants, c’est la parentalit­é. On est parent jour et nuit.

 ?? (Photo DR / Unsplash) ?? Le sommeil de bébé peut être un peu chaotique au début. Avant toute chose, il faut vérifier qu’il n’ait pas un problème somatique.
(Photo DR / Unsplash) Le sommeil de bébé peut être un peu chaotique au début. Avant toute chose, il faut vérifier qu’il n’ait pas un problème somatique.
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