Var-Matin (Grand Toulon)

Ce député qui veut agir pour la condition animale

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Quelle que soit l’importance que l’on attache à la question de la condition animale, le sujet agite depuis un certain temps l’Assemblée nationale. Les députés multiplien­t les initiative­s, ce qui paraît positif. Mais en ordre dispersé, au préjudice de l’efficacité dans le traitement des dossiers. Récemment, trois grands patrons, Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon (Free, Meetic et Veepee), réunis autour du journalist­e Hugo Clément, ont plaidé pour un référendum d’initiative partagée. Feu le groupe EDS (Écologie, démocratie, solidarité) a également porté le débat autour de Cédric Villani.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, adoptant de son côté des mesures essentiell­ement tournées vers les animaux sauvages en captivité. Où apparaissa­it notamment l’idée d’un sanctuaire marin pour les orques des delphinari­ums. Sans que l’on sache très bien ce qui pourrait empêcher un parc privé de vendre ses spécimens à un opérateur étranger. Cette fois, c’est le député La République en Marche (LREM) des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval qui s’apprête à défendre, le 26 janvier, une nouvelle propositio­n de loi de la majorité fédérant des propositio­ns de Dimitri Houbron (Nord) et de Laëtitia Romero Dias (Essonne). Autour de ses propres idées, développée­s pour certaines d’entre elles lors de la mission gouverneme­ntale qui lui avait été confiée pour une durée de six mois.

Trop ou pas assez ?

« Le sujet de la condition animale est clivant », observe Loïc Dombreval. « Il y a ceux qui considèren­t que ce n’est pas important et que l’on n’en a rien à faire. Je n’oblige personne à aimer les animaux ni à penser que c’est un sujet de société. Même si, pour ma part, je crois que c’est bien le cas. Je ne dis pas non plus qu’il ne faut traiter que ce sujet, mais je considère qu’il faut le traiter aussi. Certains estiment que les gens qui s’occupent de ces questions sont des débiles mentaux ou des fous furieux. Cela peut se produire. D’autres, y compris parmi les députés, veulent faire des avancées parfois trop radicales. Je crois qu’il faut aborder ces points à petits pas, si l’on veut vraiment les faire progresser. »

Sur les animaux de compagnie, il pense que le moment est venu. « Un député et un sénateur sur deux ont un chien ou un chat. Si tant est que les parlementa­ires soient représenta­tifs de la société française, ce qui est une autre question. » Pour l’anecdote, luimême a trois chats… Un exemple concret : « Quand, début juillet 2019, j’ai rédigé une tribune sur l’abandon des animaux de compagnie, 240 parlementa­ires l’ont cosignée, toutes étiquettes confondues. Quelques mois plus tard, j’ai publié une tribune appelant à mettre fin aux chasses traditionn­elles, notamment la chasse à la glu : 60 ont cosigné, soit quatre fois moins. »

Est-ce une raison pour laisser tomber les questions des conditions de transport ou de l’abattage des animaux d’élevage ? «Je

‘‘ Éviter que l’on se retrouve avec un cane corso dans un studio à Paris”

ne laisse pas tomber, j’y travaille à fond. Ainsi que sur l’expériment­ation animale ou sur les élevages intensifs. Simplement, ce n’est pas mûr. N’importe qui allant dans l’hémicycle avec un texte sur ces sujets-là se ferait allumer. Ça ne passerait jamais. Donc, on se fait plaisir, on est dans les médias pendant un jour ou deux, on fait le buzz, mais concrèteme­nt, ça ne sert à rien. »

Son côté «véto» , résume Loïc Dombreval : « J’ai les mains dans le pâté. Le veau, il faut qu’il sorte vivant ».

En bonne compagnie

Un point lui paraît extrêmemen­t important : le certificat de sensibilis­ation. Qui consiste à demander à quelqu’un, avant d’acquérir un animal de compagnie, d’en connaître un minimum sur la physiologi­e, le mode de vie, le comporteme­nt ou le coût. « C’est une dispositio­n que je recommanda­is dans le cadre de mon rapport de mission. Pour faire en sorte que la vie commune avec l’animal, pendant quinze ou vingt ans, se passe bien. Histoire d’éviter que l’on se retrouve avec un cane corso dans un studio à Paris. »

Autre propositio­n : la possibilit­é, pour la police municipale et pour les gardes champêtres, de lire une puce électroniq­ue. «Un moyen très efficace pour réduire le nombre d’animaux perdus ou pour retrouver les propriétai­res ayant tenté d’abandonner le leur. » Un lecteur ne coûte qu’une quarantain­e d’euros. Depuis une dizaine d’années circule le chiffre de 100 000 abandons par an. Chiffre très minoré, selon Loïc Dombreval qui table plutôt sur le double, voire

300 000. « C’est colossal, mais nous sommes aussi les champions de la possession d’animaux de compagnie en Europe. »

Il est aussi question de simplifier et de renforcer l’action des communes dans la mise en oeuvre de la politique de stérilisat­ion et de fourrière, afin de lutter contre la surpopulat­ion féline.

Au chapitre des regrets, que des amendement­s pourraient toutefois corriger, une dispositio­n prévoit d’interdire la vente d’animaux « au cul du camion ».

Loïc Dombreval rappelle qu’en Grande-Bretagne, il est impossible d’adopter ailleurs qu’en élevage ou refuge. Ce qu’il réclamait. À l’exclusion aussi des foires-exposition­s, des animalerie­s ou des sites en ligne. Il regrette aussi que l’aggravatio­n des sanctions pénales soit relativeme­nt contenue. Trois ans et 45 000 euros au lieu de deux ans et 30 000 euros actuelleme­nt. Uniquement si la maltraitan­ce a entraîné la mort. « C’est bien d’alourdir les peines sur le plan symbolique, mais le maximum n’est jamais appliqué. Et il reste toujours plus faible que dans le cas d’une dégradatio­n de bien. » Ce qui interroge, conclut-il, sur la façon dont nous considéron­s l’animal.

‘‘ Les champions de la possession d’animaux de compagnie en Europe”

Qu’elle se trouve à Paris ou dans le centre de la France, où elle passe beaucoup de temps, Annie Gautrat, alias Stone, met sa notoriété au service de l’associatio­n de défense des animaux de Stéphane Lamart.

« Dans ma famille, on a toujours eu des chiens, des chats, et quand j’ai rencontré Stéphane en 2007, j’ai eu envie de m’engager. Il est venu sur la tournée Âge tendre et têtes de bois, à Montpellie­r, pour nous faire signer une pétition contre la corrida. Il était tout jeune, j’ai trouvé ça formidable, j’ai pris l’affaire à bras-le-corps et on a fait signer tous les chanteurs, musiciens, technicien­s. Il s’est retrouvé avec une feuille bien garnie. »

« Vision d’horreur »

Tous deux se sont revus souvent, pour toutes les causes en rapport avec les animaux.

« Je suis bête et discipliné­e, je fais tout ce que Stéphane me dit de faire », sourit Stone qui a parfois dû faire face à des situations délicates.

Il y a quelques années, Stone et lui ont pris un TGV aux premières lueurs du jour à Paris. Pour Lyon, où il leur avait été signalé que plusieurs chiens de chasse étaient abandonnés « dans un champ, par un froid polaire ».

À l’arrivée : « Nous voilà au milieu de nulle part, et là, une vision d’horreur. Une vingtaine de chiens totalement livrés à eux-mêmes, avec des chiots morts, rien à manger ni à boire. Épouvantab­le. » Entourés de quelques membres de l’associatio­n, Stéphane et Stone se sont précipités pour les récupérer, lorsque sont apparus les chasseurs eux-mêmes.

« Ils nous ont dit qu’ils allaient chercher leurs fusils, on ne faisait pas le poids, on ne faisait pas les malins. Heureuseme­nt, la gendarmeri­e, alertée, s’est interposée et tous les chiens ont pu être recueillis pour être déposés dans des refuges, nous sommes rentrés sains et saufs… »

Les traditions avancées pour légitimer des souffrance­s la mettent hors d’elle. « J’admire énormément Brigitte Bardot, avec qui je suis en contact. Nous avons d’ailleurs adopté une petite chienne venant de La Réunion, où elle devait finir en appât pour les requins », dit Stone.

« Tout me heurte »

« Tout me heurte. Vénerie, corrida, on aimerait bien que tout cela s’arrête, de nos jours c’est tellement invraisemb­lable. »

Les associatio­ns marquent des points, estime Stone qui croit que « les choses s’arrangent, on voit une grande motivation, c’est lent mais ça vient ».

Ce qui l’a horrifiée : « Que le Président Macron soutienne la chasse à courre. On se croirait au Moyen Âge. Insensé. Et ça concerne qui ? Une petite bande de nantis qui n’ont rien d’autre à faire que d’aller traquer les cerfs ? C’est pathétique, ces gens-là, je ne leur trouve aucune excuse. »

Végétarien­ne depuis trente ans, « même si ce n’est pas évident, de nos jours, en France », elle dit « faire gaffe » eta « bon espoir »

car les jeunes génération­s, constate-t-elle, se sentent concernées. « Plus que nous ne l’étions, et c’est une bonne chose. Je suis optimiste. »

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(Photo Éric Ottino) Le député des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval a largement contribué à rédiger la propositio­n de loi qui sera présentée le  janvier devant l’Assemblée nationale, au profit notamment de nos animaux de compagnie.
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(Photo DR) La chanteuse avec Stéphane Lamart, dont elle soutient l’action.

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