Var-Matin (Grand Toulon)

Parler d’une même voix contre la captivité des animaux sauvages

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Muriel Arnal a fondé l’associatio­n One Voice en 1995. Vingt-cinq ans à tenter de dénoncer d’une seule voix.

Élevages pour la fourrure, delphinari­ums, cirques… « Investigat­ions, campagnes et procès », résume-telle en constatant que, si la cause progresse au niveau internatio­nal, la France est en retard.

« Si l’on prend les dossiers un par un, on voit à quel point notre pays traîne les pieds. Heureuseme­nt, il y a des avancées inéluctabl­es car les consommate­urs ont une influence. »

« Aucune valeur pédagogiqu­e »

« Du côté des cirques, que va-t-il se passer pour les animaux détenus illégaleme­nt ? Pour les fauves qui vont continuer à se reproduire en alimentant le trafic ? Et quand ? On ne peut pas attendre. Des éléphantes de plus de cinquante ans, capturées petites, sont toujours sur les routes. »

Muriel Arnal souligne que des études sur la vie émotionnel­le des animaux, « menées notamment par des professeur­s de Cambridge et non pas par des militants de notre cause », ont conclu que «laviede ces animaux ne valait pas la peine d’être vécue ».

Parce qu’ils vivent dans des camions et sont enchaînés, « cela n’a aucune valeur pédagogiqu­e », assure-t-elle. « Au contraire, les psychologu­es insistent aujourd’hui sur l’impact que cela peut avoir sur l’empathie des enfants. Ce sont des faits avérés, simplement, il faut que le courage politique conduise à prendre ces décisions que tous les autres en Europe, ou presque, ont déjà prises. Même si ce problème de manque de courage, face au lobbying, n’est pas le fait de ce gouverneme­nt, mais également celui de tous ceux qui l’ont précédé. »

Elle insiste : « Sur tous les pays de l’Union européenne, vingt-deux ont interdit les animaux dans les chapiteaux. »

Pour quelques milliers d’euros, des bébés tigres et lionceaux seraient vendus sous le manteau. « On en retrouve dans des caves, enfermés : tout petits, ils sont gérables, mais très vite, ils deviennent évidemment très dangereux. »

« L’opinion avec nous »

One Voice souhaite l’interdicti­on pure et simple de la chasse. Mais, par pragmatism­e, s’en tient pour le moment à des demandes très concrètes.

Elle se félicite de ce que le combat sur la chasse à la glu ait porté ses fruits.

Mais affirme que l’on tire sur «des oiseaux menacés, comme les vanneaux ». Et s’insurge contre une autre technique, la « tenderie », qui a toujours cours dans le Sud.

« On fait des référés devant le Conseil d’État, ce qui a notamment permis de stopper provisoire­ment la chasse aux tourterell­es des bois. C’est ahurissant de se dire que l’on autorise la chasse d’oiseaux que nos enfants ne verront pas. »

De même dénonce-t-elle « les enfants que l’on forme dans les écoles de tauromachi­e », ou encore ceux à qui l’on montre la chasse à courre.

« On en a vu qui regardaien­t des biches se faire dévorer vivantes. Les adultes ne s’en souciaient pas. La violence dans laquelle ces gens baignent est quelque chose qui interpelle. Grâce aux réseaux sociaux, aux smartphone­s, les images circulent et l’opinion n’en veut plus, elle est avec nous. »

 ?? (Photo DR) ?? « Des éléphantes de plus de cinquante ans, capturées petites, sont toujours sur les routes », déplore la fondatrice de One Voice.
(Photo DR) « Des éléphantes de plus de cinquante ans, capturées petites, sont toujours sur les routes », déplore la fondatrice de One Voice.

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