Vallée de l’Estéron () : ces deux-là sont copains comme cochons...
Victor est un bon compagnon. Parfois encombrant, mais jamais décevant. Si ce n’est qu’il a un caractère de cochon. Normal, c’en est un. Pour de bon. Sébastien Valembois l’a recueilli tout bébé, rose à souhait, un vrai cochonnet de dessin animé.
À ceci près qu’un laboratoire d’expérimentation animale lui promettait un destin tristounet. Son sauveur s’y est très vite attaché. Depuis plus de trois ans, ces deux-là s’aiment d’amour tendre. Inséparables. Copains comme cochons. Leur affection mutuelle fait la joie des nombreux « abonnés » qui voient dans les réseaux sociaux autre chose qu’une boucherie. Où le débat, d’ordinaire, se résume à un gros chapelet de cochonneries.
Ici, aucune animosité. Juste la sympathie suscitée par ce duo dodu, dont les pérégrinations dans la vallée de l’Estéron, dans les AlpesMaritimes,
nourrissent le feuilleton. Selfies à l’appui, parce qu’il faut bien des illustrations.
On pourrait se demander si c’est du lard ou du cochon. Mais non. La maison de Sébastien n’est pas une porcherie. Il a équipé sa porte d’un clapet à ressort. Comme une chatière en plus grand.
Une cochonnière, en l’occurrence, qui permet à Victor de vaquer à ses diverses occupations.
« C’est mon chien, c’est mon pote »
Ce goret mignon tient une grande place. On peut dire aussi qu’il se tient à sa place.
Mais s’il vient un visiteur imprudent, ou aux manières mal dégrossies, ou encore qui se sentirait un peu trop chez lui, bref, un pourceau, gare. Ne pas le prendre pour un jambon. Sans quoi Victor aura tôt fait de croquer dans le gras du jarret : il a sa fierté et elle se double d’un solide instinct de propriété. Côté coeur, rien à en tirer. « Je lui ai présenté une cochonne, ça n’a pas matché », regrette Sébastien qui rêvait d’une portée de jolis porcelets. Tant pis pour la descendance. Une tranche de vie à deux suffit au bonheur partagé : « Il ressent des émotions, il est sensible à la peur, il aime jouer, c’est mon chien, c’est mon pote. »
« Je fonds »
Et quand Victor s’approche dans l’espoir d’une caresse, son alter ego voit dans ses yeux tout l’amour du monde animal. «Jefonds.» Sébastien, sans surprise, déteste que l’on s’en prenne aux congénères de Victor. Comme à ses cousins plus sauvages.
Les battues de sangliers lui inspirent du dégoût, il réprouve l’agrainage (1). Mais son grand coeur peut être piqué au vif par des bêtes de taille plus modeste. Lors d’un projet de construction, il a protégé une famille hérisson qui risquait d’être coulée dans le béton. Ce qui aurait été un sacré tour de cochon.
Bras de fer gagné, bilan : sept rescapés.
1. Les chasseurs répandent du grain afin d’attirer les sangliers.