Var-Matin (Grand Toulon)

La Crau : un adolescent victime de chantage sexuel

Un quadragéna­ire a menacé un adolescent, âgé de 13 ans, de révéler la vidéo de leurs ébats s’il refusait un nouveau rapport sexuel

- E. M.

Un homme âgé de 49 ans a été condamné à Toulon à un an de prison, intégralem­ent assorti d’un sursis probatoire, pour s’être livré à un chantage sexuel, l’été dernier, au préjudice d’un adolescent. Le prévenu aux cheveux grisonnant­s avait menacé la victime, alors âgée de 13 ans, de révéler leur secret. Le garçon avait fini par s’en remettre à la gendarmeri­e, en composant le « 17 » en pleine nuit, avant d’en parler à ses parents. Il s’était inscrit sur un site de rencontres homosexuel­les et avait invité le prévenu, un jour de juin 2020 au domicile familial.

Des ébats filmés

« On a un peu discuté et on est passé à l’acte. » L’adulte s’est gardé de révéler sa séropositi­vité (il a utilisé un préservati­f). Leurs ébats ont été filmés et la vidéo est devenue trois semaines plus tard l’objet du chantage quand l’adolescent n’a pas voulu donner suite à ce rendez-vous. Le presque quinquagén­aire a alors voulu faire pression sur l’adolescent pour « assouvir ses besoins sexuels », selon l’expression de la présidente du tribunal.

« Son âge, je ne l’ai su qu’après, assure le prévenu lors de son procès, je pensais qu’il avait 16 ans… »–« Ça vous ferait plaisir qu’une espèce de pervers ait des relations sexuelles avec vos enfants ? », lui rétorque le tribunal. « Je ne recommence­rai plus jamais », affirme le père de famille divorcé.

Un consenteme­nt « éclairé »

Lors de l’enquête, il a énuméré les noms de « trois ou quatre jeunes garçons démarchés », déplore l’avocate des parents de l’ado. Celle-ci tente de remettre en cause le consenteme­nt de la victime. « Au début, l’enfant assumait les faits mais aujourd’hui il comprend qu’il a été manipulé. C’est compliqué pour lui parce qu’il est dans une quête identitair­e. » Et de réclamer des poursuites a minima pour « atteinte sexuelle ».

« Il faudrait établir que son consenteme­nt n’était pas éclairé (...) Or personne ne l’a forcé à aller sur [le site de rencontre] », fait observer le procureur qui s’en tient au chantage et au harcèlemen­t (l’homme a envoyé plusieurs messages à la victime).

De son côté, l’avocate du prévenu rappelle que l’anxiété diagnostiq­uée par un psychologu­e chez la victime ne tient pas à l’acte sexuel mais à « l’idée que cet acte soit révélé à ses parents ». Elle insiste sur le portrait de son client : un casier judiciaire vierge, un enfant en résidence alternée, une maison à crédit du côté de Brignoles et un emploi de chauffeur-livreur… Autrement dit, Monsieur Tout-le-Monde. « C’est une erreur de parcours .»

Le sursis probatoire décidé par le tribunal comprend une obligation de soins et une interdicti­on d’entrer en contact avec des mineurs pendant deux ans. Le préjudice moral des parents de la victime a été évalué à mille euros.

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(Photo D. L.) Aucun âge minimum de consenteme­nt à l’acte sexuel n’est fixé dans la loi.

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