RN : le vaccin de la discorde ?
Depuis quelques mois, dans l’univers du Rassemblement national, rien n’est décidément simple pour Marine Le Pen. On avait déjà mesuré cet été, au remaniement de son étatmajor, les difficultés qu’elle avait à maintenir autour d’elle une direction stable, à la fidélité inconditionnelle, le petit doigt sur la couture du pantalon. Mais le plus dur pour elle est cette petite musique qui, depuis plusieurs mois, se développe à l’intérieur ou en marge du mouvement sur la capacité de Marine Le Pen à conduire vers le succès sa troisième campagne présidentielle en .
Le maire de Béziers n’y était pas allé avec le dos de la petite cuillère lorsqu’il a dit tout haut ce que beaucoup, autour de lui au RN, pensent tout bas : « Marine Le Pen au second tour de ? C’est l’assurance pour Emmanuel Macron d’être réélu. » Ce jugement sans appel n’est pas seulement celui de Robert Ménard. Il est partagé par nombre de gens qui ont fait un bout de route avec Marine Le Pen, et qui, aujourd’hui s’interrogent sur la possibilité de son succès, même lorsque, dans un quinquennat le plus bousculé de la Ve République, les partis de gauche et de droite n’arrivent pas à
« L’actualité de cette dernière semaine souligne encore les vraies difficultés que connaît la présidente du Rassemblement national pour faire l’unanimité dans son propre mouvement. »
se reconstruire après leur échec de . L’actualité de cette dernière semaine souligne encore les vraies difficultés que connaît la présidente du Rassemblement national pour faire l’unanimité dans son propre mouvement. Exemple : l’invasion du Capitole par les émeutiers chauffés à blanc par Donald Trump. Comme la plupart de dirigeants français, et malgré l’admiration qu’elle n’a jamais cachée pour le Président américain, Marine Le Pen a condamné les violences commises dans le temple de la démocratie américaine. Certes. mais, à l’intérieur de son Rassemblement, bien des militants ont fait savoir leur satisfaction au spectacle des Américains « d’en bas » venus déloger les Américains d’en haut, c’est-à-dire les élus démocrates. Contrairement à sa présidente, Thierry Mariani lui-même, aujourd’hui député européen « mariniste », a vu dans les assaillants trumpistes « des Américains désespérés et perdus » plutôt que de « dangereux miliciens ». Marine Le Pen peut-elle donc à la fois, comme elle l’a fait en , soutenir ceux qu’elle a appelés ses « chers gilets jaunes » et dénoncer ailleurs les violences contre la démocratie ? Peut-elle, dans un secteur différent, affirmer, après des réticences qu’elle se fera vacciner, au moment où, selon les sondages, % des électeurs du Rassemblement national pensent qu’ils ne le feront pas ? Peut-elle, en incarnant la France d’en bas, être en mesure de conquérir le pouvoir d’en haut ? Tout son problème est là.