Var-Matin (Grand Toulon)

Folie volante non identifiée

L’acteur campe Didier Mathure, ingénieur spatial, qui se retrouve à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les OVNI(s) dans la nouvelle série de Canal+.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Au départ, il y a une histoire qui s’inspire de faits réels. À savoir celle du GEPAN (Groupe d’études et d’informatio­ns sur les phénomènes aérospatia­ux non identifiés) créé en 1977. Là-dessus, Clémence Dargent et Martin Douaire ont mis sur pied OVNI(s), une série qui mêle la comédie et le folklore de la science-fiction et du paranormal. Nous voilà en 1978 et Didier Mathure, ingénieur spatial joué par Melvil Poupaud, voit son rêve partir en fumée lorsque sa fusée explose au décollage. Alors qu’il pensait avoir touché le fond, il est muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les ovnis géré par une équipe qui donne effectivem­ent l’impression de vivre sur une autre planète. Sa mission : trouver des explicatio­ns scientifiq­ues aux apparition­s de soucoupes volantes qui défraient la chronique. Un véritable enfer pour ce cartésien invétéré qui n’a plus qu’une idée en tête : se tirer de là au plus vite. La série s’appuie sur l’univers fabuleusem­ent reconstitu­é des années 1970 mais également sur un casting impression­nant pour accompagne­r Poupaud : Géraldine Pailhas, Michel Vuillermoz et Nicole Garcia.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

J’ai trouvé ça très drôle, très bien écrit. Il y avait un mélange de burlesque et de palpitant, un côté enquête, film d’espionnage, complot, et tous ces registres se mélangent très bien. Et quand on a tourné, j’ai tout de suite retrouvé tout ça. Tout s’imbriquait bien, la mécanique caractéris­tique est parfaite.

Qui y a-t-il de vous dans ce personnage très cartésien ?

Je ne suis pas hypercarté­sien au départ, là, en l’occurrence, il y a peu de moi. Juste peut-être ce côté largué. Il croit qu’il connaît tout mieux que tout le monde et, en fait, il se rend compte qu’il est comme tout le monde et que, parfois, il est à la masse. Et ça, ça peut m’arriver. (rires)

C’est une vraie plongée en , ça a fait appel à vos souvenirs d’enfance ?

Ah oui... Je suis né en  et je me souviens de plein de choses que j’ai retrouvées sur le tournage. Des objets que j’avais chez mes parents, des costumes, les looks des gens, les sous-pulls en lycra, tout ça. Rien n’est exagéré, ce n’est pas une parodie des années  même si ça part un peu dans tous les sens. Sur le tournage, c’était bluffant de réalisme. Je trouvais que ça n’avait pas tellement changé alors que les acteurs plus jeunes n’y comprenaie­nt rien. Un répondeur avec des cassettes, un téléphone à cadran, tout ça, je savais comment ça fonctionna­it.

Êtes-vous fasciné par le paranormal ?

Je ne l’étais pas trop avant mais, pendant le tournage ça m’a passionné car on en parlait beaucoup et la série est très documentée, sur des dossiers qui ont vraiment existé. Donc j’ai beaucoup lu, je regardais sur internet, aussi bien sur les théories des années  que sur les interrogat­ions actuelles.

Je pense que tous les gens qui s’intéressen­t à l’ufologie vont reconnaîtr­e pleins de moments de l’histoire marquante de ce domaine. On avait Jean-Pierre Luminet, un astrophysi­cien, qui validait la crédibilit­é de certaines théories. Ce n’est pas que des trucs farfelus le GEPAN, ce sont des phénomènes qui intéressen­t la science.

On vous voit beaucoup au cinéma, moins dans les séries télés, est-ce que ça change votre manière d’aborder un projet ?

Absolument, car on a une masse de papiers, de scénarios, que l’on n’a pas sur un film. Là, c’est l’équivalent de six longsmétra­ges. On a  choses à jouer, on vit avec le personnage pendant  mois. À un moment, on a l’habitude de devenir ce personnage, dans ses réflexes, ses attitudes. On attend beaucoup moins sur un tournage, ce qui peut être très chiant sur un long-métrage. La technologi­e permet de tourner vite et bien. En quatre mois, on a plié douze épisodes du niveau d’un film. Du coup, quand tu reviens sur le tournage d’un film, tu te demandes pourquoi il met trois heures à faire sa lumière pour une scène. (rires)

Cela peut vous amener à faire plus de séries ?

Les acteurs font de tout aujourd’hui. Quand j’étais plus jeune, il y avait les acteurs de télé, c’était d’ailleurs très péjoratif comme terme, les acteurs de théâtre et les acteurs de cinéma. Et ces mondes ne communiqua­ient pas. Si tu étais catalogué acteur de télé, tu étais mal barré pour tourner un bon film au cinéma. Maintenant, c’est plus à l’américaine ou a l’anglaise, un acteur c’est un acteur. Si on lui demande de faire une comédie musicale, un Shakespear­e ou une série, il le fait. On n’en est plus là. Il y a moins d’a priori et c’est positif.

Votre couple avec Géraldine Pailhas marche beaucoup !

On s’est croisé depuis de nombreuses années et on n’avait jamais joué ensemble. Ça a tout de suite fonctionné, ce côté pingpong, la comédie du mariage qui marche bien, ces couples qui se séparent et qui essaient de recoller les morceaux.

Un film c’est un one shot ,une série peut être amenée à perdurer, en quoi cela change votre manière de travailler ? Une fois qu’on a terminé le tournage, comme j’ai beaucoup aimé le personnage de Didier Mathure, je serai triste qu’il n’y ait pas de saison . J’ai envie de m’y recoller, je n’ai pas l’impression d’avoir fini le dossier. Au cinéma, c’est rare de poursuivre avec un personnage et c’est frustrant parfois, c’est vrai.

Vous êtes amateur de séries ? Pas trop. Je préfère bouquiner. Je n’ai pas les abonnement­s chez moi, je n’ai pas de télévision. Je regarde de temps en temps quand on me recommande quelque chose, comme Mindhunter qui ressemble, un peu, à OVNI(s) dans la manière de créer un bureau avec un but, quelque chose d’époque. Là, je me suis dit que des séries pouvaient ressembler à des grandes oeuvres. Petit à petit, j’y viens, c’est vrai.

OVNI (s), ce soir à partir de 21h05 sur Canal+.

‘‘ Ce n’est pas une parodie des années  même si ça part un peu dans tous les sens”

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