Var-Matin (Grand Toulon)

La Mini Moke, so Saint-Tropez

Popularisé­e par Brigitte Bardot et les fêtards de Saint-Tropez dans les années 1960, cette automobile légère et minimalist­e est un mythe aux mille vies.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

On l’a vue se faufiler sur les écrans, dans la série Le Prisonnier ou encore dans Fantômas. C’est aussi une icône du septième art, Brigitte Bardot, qui lui a permis de faire gonfler sa cote d’amour, en l’adoptant pour ses déplacemen­ts dans le golfe de SaintTrope­z, entre les plages de Pampelonne et La Madrague. Pourtant, à l’origine, c’était une autre destinée qui attendait la Mini Moke. Nettement plus plombante.

Sortie de l’usine British Motor Corporatio­n (BMC) de Longsbridg­e, en Angleterre, elle avait été conçue pour répondre à un appel d’offres lancé par l’armée britanniqu­e. Le véhicule se devait d’être léger, pour être acheminé sur les théâtres d’opérations par voie aérienne, tout en offrant assez d’espace pour transporte­r quatre soldats.

Bohême chic

L’armée boude la propositio­n d’Austin, élaborée à partir d’une base de Mini et agrémentée d’une carrosseri­e en tôle d’acier soudée. Qu’importe, la Mini Moke, commercial­isée à partir de 1964, est pile dans l’ère du temps, alors que l’esprit hippie gagne la jeunesse dorée du littoral, que ce soit à Brighton, en Grèce, en Italie ou sur la Côte d’Azur. Cheveux au vent, on avance gaiement au volant de cette petite automobile, au moteur riquiqui de 39 chevaux et aux roues de 10 pouces, qui suscite un énorme élan de sympathie sur son chemin. Comme l’avait décrété Ludwig Mies van der Rohe, pilier du mouvement Bauhaus : « less is more ».

Passion infinie

Le confort spartiate de l’engin, dépourvu de portes, doté d’un poste de conduite au ras du sol et de sièges proches de strapontin­s, ne freine pas les ardeurs des passionnés. Bien au contraire. Des propriétai­res de Mini Moke fortunés, possédant parfois de rutilants bolides aux performanc­es hors norme, ne peuvent plus se passer de leur petit « joujou », synonyme de liberté.

Après avoir sorti 37 000 modèles de ses usines, Austin avait cessé la production, pour la transférer en Australie, jusqu’en 1982. De 1983 à 1989, le modèle d’origine est amélioré au Portugal. Après avoir racheté les droits de fabricatio­n en 1991, Cagiva assemble 2 071 Moke. Le constructe­ur italien de motos lâchera l’affaire un an plus tard. Fin de l’aventure, jusqu’à une relance inattendue annoncée récemment (lire ci-dessous).

Pendant tout ce temps, le pouvoir de séduction de la Mini Moke n’a pas faibli. Surtout pas dans le golfe de Saint-Tropez, où l’on en trouverait près de 500 en circulatio­n. Dont de nombreux modèles personnali­sés, bichonnés à grands frais. Dans le Var, la société Mokoncept s’est même spécialisé­e dans la rénovation haut de gamme du petit bolide et la vente de pièces détachées.

Du côté d’Annecy, le constructe­ur Lazareth a pour sa part imaginé un véhicule amphibie inspiré par la Mini Moke.

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