Le tournage varois qui a viré à l’arnaque planétaire
Plus de 20 millions de dollars auraient été amassés auprès de 650 personnes dans le monde pour le tournage d’une trilogie « hollywoodienne » tournée en partie ici mais qui n’a jamais vu le jour
En septembre 2014, les équipes d’un imposant tournage se fixaient entre Tourtour et le pied du moulin de Grimaud, pour mettre en boîte quelques scènes de La Prophétie, second volet d’une ambitieuse trilogie baptisée Le Convoi Lovaganza (contraction de « Love » et « Extravanganza »). L’occasion de rencontrer alors les deux jeunes premiers, Marie-Ange Casta, « petite soeur de...», et le Monégasque Arnaud Jouan, dans la panoplie de résistants pris dans la tourmente d’une intrigue située en 39-45. La Seconde Guerre mondiale en Provence était en effet au coeur du concept un brin fumeux de cette trilogie, fondée sur « la paix universelle ».
Marie-Ange Casta castée en un jour !
« J’ai reçu un coup de fil un dimanche pour auditionner le lundi. C’est une vraie chance d’intégrer ce casting international ! », vantait, à l’époque, Marie-Ange Casta qui faisait du cinéma sa priorité. Le choix s’est révélé infructueux puisque le film n’a jamais vu le jour ! Pire, le couple de réalisateurs, Jean-François et Geneviève Gagnon, ainsi que les producteurs Mark-Erik Fortin et Karine Lamarre, font désormais face à la justice au Québec pour avoir sollicité des fonds illégalement. Leur stratagème ? Faire rêver des investisseurs avec un tournage « hollywoodien » à vocation humanitaire et promettre des rendements de deux à dix fois leur mise (lire ci-dessous). Il faut croire qu’ils étaient persuasifs puisqu’ils sont parvenus à inciter des investisseurs à engloutir des centaines de milliers de dollars dans l’aventure !
Les producteurs ont déjà plaidé coupable et sont actuellement dans l’attente de leur sentence. Quant aux réalisateurs du Convoi qui menaient grand train à titre personnel, « entre Los Angeles et la Côte d’Azur », ils sont aussi visés par l’Autorité des marchés financiers du Québec. Leur procès doit commencer le 17 février prochain. Les plus récents chiffres collectés concluent à plus de 20 millions de dollars amassés auprès de 650 personnes durant la dernière décennie. Les rebondissements de l’affaire ne cessent de faire les gros titres de la presse québécoise et un documentaire télé est même en cours de réalisation cette année.
« Fraternité universelle » devenue cauchemar
« Ces individus sollicitent toujours de l’argent à travers le monde pour la production d’autres vidéos. Ils promettent des retours sur investissements irréalistes et ne remboursent jamais les prêteurs », indique la documentariste Aude LerouxLévesque qui continue de recueillir des témoignages dans le Var pour apporter de l’eau à son « moulin grimaudois ».
« À ma connaissance, ils n’ont pas sollicité de fonds régionaux pour leur tournage. Au niveau local, nous sommes donc épargnés côté financier », estime le directeur de la Commision du film du Var, Michel Brussol.
Le premier opus du Convoi Lovaganza devait être présenté à Cannes en mai 2015. Puis, les trois films devaient sortir successivement de juin à août 2015, « sur les écrans du monde entier », avec pour thématique « la quête de la fraternité universelle ». Depuis, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. L’écran est demeuré noir et les protagonistes du projet, sous leurs allures bienveillantes, n’ont fait qu’aviver les tensions du « mépris de son prochain », via leur arnaque planétaire.