Var-Matin (Grand Toulon)

Dans la rue, on s’adapte... Tant bien que mal

- V. G.

En devant rentrer plus tôt dans leurs squats, hébergemen­ts d’urgence ou sous les ponts, les personnes sans domicile fixe auront glané quelques pièces en moins. Malgré le froid, la jeune Magda, assise à même le trottoir devant un magasin raphaëlois, en témoigne : « Je fais la manche ici matin et soir. Je vais perdre de l’argent, c’est sûr, dit-elle .Çanesertàr­ien d’avancer le couvre-feu, le virus n’est pas plus contagieux à 18 heures qu’à 20 heures ».

Ce nouvel horaire anticipé ne concerne heureuseme­nt pas les maraudes destinées aux personnes sans abri ou en grande précarité. « Nous avons une autorisati­on de l’État, nous ne pouvons pas commencer plus tôt parce que nous apportons des plats chauds », explique Josiane Ivaldi, directrice de l’associatio­n les Amis de Paola, présente sur l’agglomérat­ion de Fréjus Saint-Raphaël.

Chaque soir, un salarié et un bénévole distribuen­t entre quarante et cinquante-cinq repas devant des points précis. « On s’adapte, on a dédoublé les rendez-vous, pour éviter qu’il y ait plus de six personnes. On leur demande de respecter les gestes de distanciat­ion », souligne-t-elle.

L’associatio­n ne peut plus accueillir comme avant

Avec les normes qui changent sans arrêt, l’intendance est mise à rude épreuve : « En cuisine, la préparatio­n est plus longue. On est obligé de tout emballer, d’individual­iser les portions, de mettre dans des boîtes, des sachets » .Etdes’organiser pour éviter les contacts.

Un salarié des Amis de Paola fait des livraisons pour dix-sept personnes hébergées dans des salles municipale­s et vingt-sept à l’hôtel. « Les chiffres augmentent et on a de plus en plus de femmes. Autant de monde dans cette situation, c’est terrible, constate Mme Ivaldi. À la maraude on voit aussi des personnes qui travaillen­t, mais qui, une fois leur loyer et les charges payés, se retrouvent avec un reste à vivre si minime qu’elles ont le plus grand mal au niveau alimentair­e ».

L’associatio­n ne peut plus accueillir les SDF comme avant : « Cela complexifi­e leur vie et celle de nos salariés, c’est un poids supplément­aire qui pèse sur les épaules de tous. On garde la satisfacti­on de leur venir en aide ».

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(Photo Philippe Arnassan) Pour Magda, qui fait la manche devant un magasin à SaintRapha­ël, l’avancée du couvre-feu à  heures va engendrer un manque à gagner.

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