« Vite remonter en puissance »
Norman Nato devait disputer son premier ePrix samedi au Chili. Top départ différé ! Rencontre avec le successeur antibois de Felipe Massa chez Venturi qui a hâte de mettre les watts en course
Samedi et dimanche janvier. Sur son planning , ce troisième week-end de l’année est aujourd’hui rayé. Il était doublement souligné jusqu’au décembre. Le jour où les organisateurs de la Formule E ont annoncé le report des deux courses d’ouverture chiliennes de la saison en raison de la crise sanitaire. Au lieu de mettre le cap sur l’Amérique du Sud, Norman Nato a ainsi pris la direction de Megève, face au Mont-Blanc, où il s’offre une semaine d’oxygénation en compagnie de son ami belge Stoffel Vandoorne, pilote du team Mercedes EQ vicechampion sortant. Réserviste au sein du commando monégasque Venturi depuis , l’Antibois de ans a reçu en récompense de son travail un volant de titulaire en lieu et place de Felipe Massa. Un nouveau défi qu’il est prêt à relever dès que possible. Contact !
Norman, comment avezvous accueilli l’annonce du report de l’ePrix de Santiago du Chili ? Avec un fort sentiment de frustration. Là-bas, ce devait être le début d’une nouvelle trajectoire : mes deux premières courses en Formule E. Je me réjouissais d’entamer la saison aussi vite, aussi tôt. D’autant plus en découvrant un nouveau pays lointain et un tracé apparemment assez sympa. En décembre, jusqu’à Noël, j’étais presque tous les jours au siège de Venturi. On avait beaucoup bossé sur cette échéance initiale. Des heures et des heures de simulateur. Tout ça pour rien dans l’immédiat. Depuis près d’un an, maintenant, les pilotes et les équipes doivent avancer à vue, sans certitude. Il faut s’y habituer, s’adapter sans cesse. Ce n’est pas évident.
Le top départ est désormais programmé les et février en Arabie saoudite. Les probabilités de courir là-bas sont plus
fortes d’après vous ?
Si on doit rouler quelque part cet hiver, ce sera à Riyad. La situation sanitaire semble moins compliquée. Le Dakar s’y déroule sans problème en ce moment.
Il y a une vraie possibilité d’organiser l’événement, quitte à affréter des avions charters pour acheminer les teams ensemble.
Mais aujourd’hui, on n’est sûr de rien. Pas la peine de tirer des plans sur la comète...
Il paraît que des courses de substitution sur des circuits permanents sont prévues pour remplacer certaines manches européennes en centre-ville au printemps, au cas où... Quel commentaire vous inspirent ces plans B ? Compte tenu des perspectives pour le moins incertaines à court et moyen termes, le promoteur de la Formule E essaie d’envisager des issues de secours.
Une épreuve telle que celle de Monaco, on le sait, elle ne pourra avoir lieu qu’à la date prévue (le samedi mai, ndlr) pour des raisons logistiques compréhensibles. À l’heure où je vous parle, on n’a aucune info. Rien que des bruits entendus ou lus dans les médias. J’imagine que ce sera difficile de respecter à la lettre la feuille de route tracée par le calendrier actuel.
La bonne nouvelle, c’est que la Formule E rejoint la F, le WEC et le WRC au rang des championnats du monde. Une promotion méritée ?
Ah oui ! Regardez le plateau. Côté constructeurs, il comprend plusieurs grands noms de l’automobile. Pareil côté pilotes. Il n’y en a pas un qui paye pour rouler !
Quelle autre discipline peut en dire autant ? Bon, en fait, rien ne change. C’est juste un plus pour le lauréat qui peut ainsi inscrire ‘‘champion du monde’’ sur son CV.
Lors du test collectif espagnol, début décembre, vous avez bouclé tours en trois jours. Quelle était la priorité ?
D’abord continuer à faire connaissance avec le staff technique qui va m’accompagner. A Valence, c’était la première fois que je roulais en condition course en compagnie des gens chargés du suivi de ma voiture. Donc il y avait pas mal de paramètres, d’automatismes, à caler ensemble. Ensuite, ce fut l’occasion d’affiner mon style de pilotage dans différentes conditions, notamment sur piste humide puisque la pluie s’est invitée le premier jour. J’ai essayé des réglages, accompli des simulations de journée de course. Programme chargé, mais ça s’est bien passé.
Vous finissez e au classement combiné. La hiérarchie de cette répétition générale estelle significative ?
Non, pas du tout. Comme d’habitude. Chaque saison, le classement final du championnat n’est pas le ‘‘copié-collé’’ de celui du test préparatoire de Valencia. Tenez, par exemple, Mercedes finit loin derrière nous, mais je ne m’inquiète pas pour eux. Les essais, ça sert à tester le matériel, pas à affoler le chrono.
Fort des enseignements acquis là-bas, quel est l’objectif de l’équipe Venturi Racing ?
Et le vôtre ?
En sport auto, l’ambition naturelle, c’est de gagner des courses ! Mais là, on se bat quand même contre des poids lourds de l’industrie automobile. Des Mercedes, des Porsche, des
Audi, des BMW, des Nissan, des DS... Il faut le prendre en compte. Après une fin de saison compliquée lors des six ePrix enchaînés l’été dernier sur le tracé de Berlin, l’écurie Venturi veut d’abord relever la barre. Dans un premier temps, tâchons de glaner des points régulièrement. On a envie de vite remonter en puissance. Autrement dit, de saisir l’opportunité de gravir dès qu’elle se présentera. Le plus tôt possible, j’espère.
Le team Venturi Racing a changé de propriétaire le mois dernier. Vous l’avez vu venir, ce virage ?
Oui, je le savais depuis un certain temps. J’ai d’ailleurs discuté avec les acquéreurs (*) par visioconférence juste avant de signer mon contrat de pilote titulaire. C’était la moindre des choses de me présenter. Voilà, ça promet un beau futur et je suis heureux d’y prendre part. Cela prouve aussi que Gildo (Pastor, le PDG de Venturi Automobiles, ndlr) a bien bossé. Pour créer cette structure en et la faire grandir jusqu’à rivaliser avec les cadors de la Formule E, il a mis en oeuvre de gros moyens. Aujourd’hui, d’autres défis l’attendent. Il faut juste le remercier et lui souhaiter bonne chance.
‘‘ Les essais, ça sert à tester le matériel, pas à affoler le chrono ”
* Un groupement d’investisseurs à la tête duquel on trouve Scott Swid, qui dirige le fonds d’investissement SLS Management basé à New York, et José Maria Aznar Botella, fils de l’ancien président espagnol et beau-frère d’Alejandro Agag, le fondateur de la Formule E.