Un lycéen en bac pro primé pour sa critique littéraire
Alain Ndongo Maggio, élève de terminale au lycée du Golf Hôtel, a reçu le 5e prix national pour sa critique littéraire des Funambules de Mohammed Aïssaoui, lors du prix Goncourt des lycéens
Comme ses camarades de classe de terminale, Alain Ndongo Maggio, 18 ans, a participé pendant l’année scolaire à l’élection du prix Goncourt des lycéens(1). Chaque élève de la classe de bac pro « technicien d’études du bâtiment » devait lire plusieurs romans de la première sélection de l’académie Goncourt. Alain, lui, en a lu cinq.
Il a porté son choix sur Les Funambules de Mohammed Aïssaoui pour s’exercer à l’analyse et à la critique littéraire. Bien lui en a pris puisque le jury du prix Goncourt des lycéens lui a décerné le 5e prix individuel de la critique sur six cents participants ! Une prouesse car les jeunes critiques qui le devancent sont en hypokhâgne à Saint-Brieuc, au lycée Sainte-Anne d’Auray et au lycée Fénelon de Paris.
La fierté du lycée professionnel
« La participation d’une classe de lycée professionnel est déjà assez rare en soi ,explique Patrice Mascarte, le proviseur du lycée du Golf Hôtel. Il a fallu toute la passion de Mme Frère, notre professeur de français, pour mener à bien ce projet. » Toute la classe de terminale ira rencontrer les auteurs de la sélection Goncourt à Rennes, en mars. Alain Ndongo Maggio y recevra son prix individuel. En attendant, une petite réception en son honneur a déjà eu lieu au lycée, pas peu fier de compter son premier lauréat dans une discipline littéraire.
« C’est une joie bien sûr, je ne m’y attendais pas du tout. Je suis très fier de mettre mon lycée professionnel en valeur », confie le jeune homme de 18 ans, déjà désigné par sa professeur de français pour rendre hommage à Samuel Paty devant l’ensemble du lycée, le 2 novembre. « Mme Frère m’aide beaucoup, même pendant les vacances. Elle m’offre des livres comme ceux de Camus. J’aime lire, ça construit ma façon de penser, ça m’aide à comprendre la France un peu mieux et ça enrichit mon vocabulaire », dit-il. Originaire au Cameroun, Alain Ndongo Maggio n’a rejoint la France qu’en 2017. Dans son pays natal, lors de sa scolarité en langue anglaise, il avait été éveillé à des textes de Shakespeare ou Hemingway.
À propos des Funambules de Mohammed Aïssaoui, il raconte : « Ce livre m’a interpellé. Je l’ai interprété comme un appel à la solidarité et à l’empathie. Je me suis pas mal identifié au personnage principal. C’est l’histoire d’un jeune Marocain qui s’installe en banlieue parisienne avec sa famille. C’est compliqué pour lui, la majorité de ses amis se retrouvent dans des mauvaises situations. En devenant biographe pour les anonymes, il va donner la parole aux sans voix, mais l’écriture va aussi le sauver lui-même. Ce n’est qu’à la dernière page qu’on apprend son prénom, Kateb. Il a enfin trouvé son identité. Cette histoire nous enseigne que la vie est fragile. J’ai aussi appris ce qui motive les bénévoles des Restos du coeur, le don de soi, la volonté d’aider son prochain. »
Le goût de la lecture et de l’écriture
À l’âge adulte, Alain Ndongo Maggio se voudrait architecte. Mais il gardera le goût de la lecture et de l’écriture puisqu’il a entrepris d’écrire l’histoire de sa vie. « L’écriture peut agir comme une sorte de thérapie. Il est parfois plus facile de confier des choses par écrit aux gens qu’on aime que de le dire de vive voix », conclut-il.
1. Le prix Goncourt des lycéens a été décerné le 2 décembre à Djaïli Amadou Amal pour Les Impatientes (éditions Emmanuelle Collas).