Var-Matin (Grand Toulon)

La Seyne : quinze ans requis contre le beau-père violeur

L’avocat général a également requis dix ans de réclusion criminelle à l’encontre de Katia B., qui avait participé aux viols de sa fille avec son compagnon

- V. W.

Au deuxième jour de leur procès, Roland H. et Katia B. ont pu longuement s’expliquer sur les faits de viols sur Elena

(1) dont ils sont accusés (lire nos éditions précédente­s) devant la cour d’assises du Var. Sans, évidemment, convaincre.

Alors que la jeune fille, née en 2000, avait confié aux policiers que les premiers actes avaient eu lieu au lendemain de son retour chez sa mère à La Seyne en 2008 après un an passé chez son père dans l’Est de la France, Roland H. a soutenu mordicus que les premiers rapports sexuels entre eux dataient de 2014. Katia B, mère d’Elena, situe pour sa part le viol initial en 2012. La situation aurait perduré jusqu’en 2016 et le départ de Roland H. de l’appartemen­t familial.

« Ça s’est fait naturellem­ent...»

L’examen des 270 fichiers photos et vidéos d’un DVD conservé par le beau-père comme « preuve du consenteme­nt » des deux femmes et mettant en scène le trio n’a pas permis de dater avec précision les agressions. Mais a mis à mal la défense de Roland H. qui certifie que malgré son jeune âge, Elena était consentant­e. « En 2013, elle m’a montré mon sexe en disant “je veux ça”. Elle m’a fait comprendre qu’elle voulait un rapport. C’est parti de là. J’ai commis cette erreur. Mais je ne l’ai pas forcée, ça s’est fait naturellem­ent...» Aujourd’hui, le septuagéna­ire dit regretter s’être « amouraché » d’une mineure. « J’ai cru à son amour et je l’ai aimée sincèremen­t. » Là où Roland H. voyait de l’amour, il semblait surtout y avoir de la terreur. « Il frappait les enfants, explique Katia B.. J’avais peur de ses paroles, de ses gestes, de son comporteme­nt… J’ai tout accepté par peur. » Jusqu’à aller, pendant une période qu’elle estime avoir duré un an, à violer à une vingtaine de reprises son enfant « toujours en compagnie de Roland ». Aujourd’hui, les ponts sont évidemment coupés entre la mère et sa fille. « Je l’ai tellement fait souffrir que je ne veux plus entendre parler d’elle… » Une effroyable ambiguïté que l’accusée ne relève même pas.

« Quelle forme de rédemption tirer de ce procès pour Elena ? a questionné Me Caroline Malaga, intervenan­t en partie civile, durant sa plaidoirie.

Elle est dénuée d’espoir. Elle a reniflé de très près ces deuxlà et sait qu’il n’y en a rien à tirer. » Évidemment, Elena n’était pas « amoureuse »et ne l’a pas « provoquée ». Un rappel malheureus­ement nécessaire devant la position de Roland H..

« Se taire, ce n’est pas consentir »

« Comment aurait-elle pu consentir librement à ça ? poursuit l’avocat général Vincent Blériot. Céder, se taire, ce n’est pas consentir… ». En position de faiblesse du simple fait de son âge, qu’elle ait eu 8, 12 ou 14 ans selon les versions, Elena ne pouvait pas accepter les rapports. « Il est terminé le temps du “qui ne dit mot consent”. » Aujourd’hui, en matière d’inceste, le linge sale se lave en cour d’assises. Roland H. et Katia B., contre lesquels l’avocat général a requis quinze et dix ans de réclusion criminelle, l’apprennent à leurs dépens.

1. Le prénom a été modifié.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Après les réquisitio­ns, hier, de l’avocat général, la parole sera donnée ce matin à la défense, et notamment aux avocats de Roland H., Mes Romain Callen et Christophe Lopez.

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