Saint-Raphaël : le plan diabolique du factotum se termine au tribunal
Une richissime veuve anglaise, une agression maquillée en cambriolage, un homme à tout faire endetté jusqu’au cou… Il planait comme un air de « Faites entrer l’accusé » dans la salle du tribunal correctionnel de Draguignan. Sauf que Nicolas A. n’est pas Omar Raddad et que Nicole H. a survécu à sa chute dans l’escalier de sa villa de Saint-Raphaël. Non sans mal. Même s’il n’a été retenu à l’instruction qu’une ITT de cinq jours, la retraitée de 83 ans souffre toujours, trois ans après les faits, de sa jambe droite.
Une analyse « in concreto »
Malgré des explications confuses, le prévenu s’en sort pour sa part plutôt bien : sa détention provisoire couvre la quasi-totalité de sa condamnation. La défense du bâtonnier Philippe Barthélémy n’est sans doute pas étrangère à la relative clémence du tribunal, qui a finalement condamné Nicolas A. à 36 mois d’emprisonnement dont 30 avec sursis, sans mandat de dépôt. La tentation était pourtant grande de voir un plan machiavélique dans la mise en scène établie par Nicolas A.. Mais c’est bien l’analyse « in concreto » du dossier que la présidente
Géraldine Garcia a retenue.
Le 8 novembre 2017, en début d’après-midi, Nicolas A. appelait les secours : sa patronne venait de chuter dans les escaliers extérieurs menant à la cuisine. Sur place, les policiers découvraient des tiroirs retournés, notamment dans la chambre. De l’argent liquide et des cartes bancaires avaient été volés. La victime affirmait aux enquêteurs que quelqu’un l’avait poussée dans le dos, provoquant sa chute du haut de l’escalier. Quelques semaines plus tard, le fils de Nicole H. constatait des retraits d’argent importants à des dates antérieures à l’agression. L’exploitation des vidéos des guichets automatiques ne laissait aucune place au doute, Nicolas A. était l’auteur de ces retraits.
Croix sur le compteur, corde dans l’escalier
Mis devant le fait accompli, l’employé de maison ne tardait pas à passer aux aveux. Oui, il avait volé fin octobre la carte bancaire de Nicole H.. Oui, il avait poussé la vieille dame dans l’escalier puis, tout en appelant les secours, avait mis en scène un cambriolage, dérobant au passage un peu plus d’argent. C’est lui, également, qui avait cherché à instaurer un climat de « peur » quelques jours avant l’agression en faisant croire que la villa était la cible de cambrioleurs, gravant une croix sur le compteur électrique puis en tendant une corde noire dans l’escalier. « J’avais besoin d’argent. J’espérais qu’ainsi Nicole H. ferait un peu plus appel à moi », explique le prévenu.
Mais pourquoi, alors, la pousser dans l’escalier ? Pour un mauvais mot à son encontre, comme il l’affirme ? Ou pour rendre plus crédible la thèse d’un cambriolage ? «Au final, peu importe, note Me Barthélémy. Il l’a poussée. La préméditation n’a pas été retenue par la juge d’instruction. Après ça, il a appelé les pompiers. S’est mis à table facilement… »
Digne, Nicole H. ne cherche pas à enfoncer son ancien homme de confiance. « Je suis juste navrée qu’il dise que j’étais dure avec lui. Je suis impatiente, mais pas dure. Enfin, je crois. » Un pack d’eau, laissé au pied de l’escalier par Nicolas A. et sur lequel Nicole H. a rebondi, lui a peutêtre sauvé la vie. Et évité les assises, ainsi qu’un rôle principal dans un épisode de « Faites entrer l’accusé » à celui qu’elle considérait comme son « petit-fils »…