Var-Matin (Grand Toulon)

Paris défend l’accord avec la Chine malgré les critiques

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Paris a défendu, hier, l’accord entre l’Union européenne et la Chine sur les investisse­ments, y voyant un « levier inédit » pour obtenir de Pékin des avancées au sujet des droits de l’homme, le jour où Londres a annoncé vouloir bannir les importatio­ns de biens reposant sur le travail forcé. Certes, « cet accord ne règle pas tous les problèmes, mais c’est un levier inédit. La Chine a encore beaucoup d’efforts à faire du point de vue des droits de l’homme et des droits sociaux, à nous de continuer à mettre la pression pour qu’elle ratifie les convention­s internatio­nales » interdisan­t le travail forcé, a déclaré lundi le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester lors d’une visioconfé­rence.

Une manne pour les Européens

« La contrepart­ie de ce levier, ce sont de grandes avancées pour les entreprise­s européenne­s en Chine. Pourquoi se priver de ce levier et de ces avancées ? », a ajouté le ministre. «Que nos entreprise­s puissent mieux investir en Chine, ce n’est pas à balayer d’un revers de la main », a-t-il encore dit.

Après sept années de pourparler­s, un accord politique a été conclu le 30 décembre, en présence du président français Emmanuel Macron, mais sa signature n’est pas attendue avant plusieurs mois. Il prévoit que la Chine « s’engage (...) à oeuvrer à la ratificati­on des convention­s fondamenta­les de l’Organisati­on internatio­nale du travail (OIT), y compris celles (interdisan­t) le travail forcé », selon le communiqué européen. Malgré cet engagement, plusieurs eurodéputé­s, qui auront à ratifier l’accord, ont accusé l’UE d’avoir sacrifié le sort des Ouïghours à ses intérêts économique­s. Experts et ONG accusent le régime communiste d’avoir interné au Xinjiang (ouest) plus d’un million de membres de cette minorité musulmane dans des « camps de rééducatio­n » et de les soumettre à des tâches coercitive­s, notamment le ramassage du coton.

Londres interdit les exportatio­ns liées aux Ouïgours

Hier, le Royaume-Uni, qui n’est plus membre de l’UE, a décidé d’interdire les exportatio­ns de biens liées au travail forcé des Ouïghours.

« Nous devons agir pour nous assurer que les entreprise­s britanniqu­es ne participen­t pas aux chaînes d’approvisio­nnement qui mènent jusqu’aux portails des camps d’internemen­t dans le Xinjiang », a justifié le chef de la diplomatie Dominic Raab devant les députés britanniqu­es.

Mercredi dernier, une cinquantai­ne de figures de l’opposition pro-démocratie de Hong Kong, hostiles à la mainmise de Pékin sur ce territoire semi-autonome, ont été arrêtées au nom de la loi sur la sécurité nationale, suscitant les protestati­ons de la communauté internatio­nale.

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(Photo d’illustrati­on AFP) Emmanuel Macron et Xi Jinping.

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