Petit à petit, l’oiseau fait son nid
Anna Berger-Wierzba, demi-centre de Toulon/Saint-Cyr, monte en puissance au fil des matches. Loin de ses repères, la Danoise de 20 ans, humble et travailleuse, guide le jeu offensif varois
Six ou peut-être sept degrés en dehors du palais des sports de Toulon. À l’intérieur, au chaud, elle vient tout juste de finir son entraînement. Et si vous lui demandez si quelque chose en particulier lui manque de son pays natal, voilà sa réponse : « Parfois, chez moi, j’aime comme le vent froid vous saisit et vous emporte avec lui », avoue la demi-centre danoise Anna Berger-Wierzba. Étonnant au pays du mistral tant redouté en période hivernale. « Mais à 95 % du temps, j’adore la météo ici et, surtout, je me sens vraiment bien à Toulon depuis mon arrivée en juillet » , enchaîne la native d’Aarhus, la deuxième ville du pays, située au centre du Danemark. Débarquer en terre inconnue à tout juste 20 ans n’a rien de simple. Même en étant capitaine de sa sélection nationale U20. Et passer de la première division danoise à la Ligue féminine de handball (LFH) française, un des tout meilleurs championnats au monde, non plus. Pourtant, elle progresse et s’adapte. « Je suis très satisfait d’Anna, c’est un bonheur d’entraîner ce genre de joueuse. Malgré l’éloignement de sa famille, le manque de repères au départ et puis cette pandémie, elle monte en puissance, avoue le coach de Toulon/St-Cyr, Laurent Puigségur. Elle prend de plus en plus la mesure du jeu que l’on veut mettre en place et elle doit en devenir la maître d’oeuvre. »
À la recherche du bon équilibre
Anna Berger-Wierzba détient déjà les clés du secteur offensif des Rebelles mais elle n’aime pas parler de ses performances individuelles sans évoquer celles de son équipe en premier. « Oui, je me sens de mieux en mieux sur le terrain avec les filles. On apprend à se connaître et ça fonctionne plutôt bien en ce moment, glisse la jeune Danoise. Mais, par exemple, contre Mérignac, sans les bons déplacements de mes coéquipières, je n’aurais pas eu autant de réussite aux tirs [7/8, Ndlr] .» Dans ce championnat réputé pour son engagement physique, prônant le duel pour créer des brèches, la droitière d’1,74 m tente de trouver le bon équilibre entre son amour pour la passe et sa prise de responsabilités dans la frappe.
Quelques réglages à travailler en défense
La remplaçante de l’emblématique Laurène Catani, partie à Brest cet été, a même intégré le sept majeur de LFH (avec Marie-Paule Gnabouyou, arrière droite) lors de la dernière journée. Si Anna, troisième meilleure buteuse du club depuis le début de la saison avec 21 réalisations, parvenait à nouveau à mettre ses partenaires sur orbite ce soir à Chambray, les Rebelles pourraient prendre une belle option en vue des play-offs (lire ci-dessous).
Et en défense, ça donne quoi ? «Il ne faut pas oublier qu’elle se coltine le poste deux. Pour l’instant, ça se passe relativement bien. Même si c’est peut-être sur ça que nous devons accentuer un petit peu plus le travail », poursuit Laurent Puigségur.
De la ganache au gainage
En tout cas, la demi-centre, qui a signé pour deux saisons avec le Toulon/Saint-Cyr Var Handball fait son nid, petit à petit. Sur le terrain et en dehors. L’oiseau ne sifflote pas encore couramment le français mais s’améliore en prenant des cours. Le premier mot qu’elle a appris en arrivant ici ? « Ganache, ganache, ganache. » Du chocolat, sérieusement ? « Non, non. Gainage, gainage, gainage, c’était à l’entraînement (rire). Votre langue est compliquée. » L’accent viendra lui aussi petit à petit même si son très bon niveau d’anglais l’aide à s’intégrer. Et maintenant, les Varoises, poussées par la bise danoise, espèrent bien balayer le Chambray Touraine Handball sur ses terres.