Var-Matin (Grand Toulon)

Accident mortel au rallye du Var : le pilote relaxé

Le samedi 19 mai 2012, au Plan-de-la-Tour, un véhicule de course percutait le public massé dans un virage. Le bilan est terrible : deux morts et 25 blessés

- PEGGY POLETTO

O «n a essayé de tout lui mettre sur le dos. On lui a reproché d’avoir commis une erreur de conduite en allant trop vite, puis d’avoir pris le volant avec un système de freinage défectueux ! La justice a tranché ». Me Frédéric Hentz, avocat au barreau de Nice, a pris connaissan­ce du délibéré de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence saisie, par le parquet de Draguignan, des suites judiciaire­s de l’accident mortel survenu le 19 mai 2012 sur le Rallye régional des Maures. Son client, Yann B. a été relaxé.

Un an de prison avec sursis

Pour la seconde fois, la justice écarte sa responsabi­lité. Mis en examen pour « homicides et blessures involontai­res », au terme d’une instructio­n interminab­le, ce pilote amateur chevronné a, en effet, comparu une première fois en novembre 2019 devant le tribunal correction­nel de Draguignan. Sept ans après l’accident où deux hommes (un commissair­e de course et un gendarme) ont péri, où 25 spectateur­s ont été blessés, parfois très lourdement, la juridictio­n dracénoise a prononcé la relaxe du pilote.

A contrario, les organisate­urs du rallye ont été reconnus coupables, et notamment pour « faute caractéris­ée », a alors argumenté Marie-Laure Arnouil, la présidente. Le président de l’Associatio­n sportive automobile club du Var et le responsabl­e du balisage du parcours ont été condamnés, l’an dernier, à un an de prison avec sursis et à une interdicti­on d’exercer une activité en lien avec le sport automobile pendant deux ans. En tant que personne morale, l’associatio­n a écopé d’une amende de 10 000 euros. Contre toute attente, alors que le parquet de Draguignan a requis un non-lieu contre le pilote lors de la phase d’instructio­n du dossier, il formule, au lendemain de la décision de première instance, un appel. Retour à la case départ.

Entre freins et balisage

En défense, Me Hentz a poursuivi sa démonstrat­ion devant la cour d’appel. Selon lui, son client n’a pas commis d’erreur de pilotage. Dans ce sens, François Delecour, vice-champion du monde de la discipline, est venu témoigner lors de l’audience varoise. La clef de l’accident doit être trouvée, selon l’avocat, dans la défaillanc­e du système de freinage. « Dans la procédure, des vidéos réalisées par des spectateur­s montrent qu’il freine, ses feux stop arrière s’allument, qu’il n’est pas lancé à grande vitesse comme on a pu le laisser sous-entendre, qu’il passe en première. Après l’effroyable choc, le véhicule s’arrête au niveau du muret de protection ». Muret devant lequel les spectateur­s ont été massés. Le conseil a dénoncé, au passage, l’absence de « véritable expertise technique » lors de l’instructio­n.

Il fait d’ailleurs remarquer qu’après le drame survenu sur cette route, la Fédération française de sport automobile a changé sa réglementa­tion sur le balisage. La juridictio­n d’appel ne s’est pas écartée de la décision du tribunal correction­nel de Draguignan. Ce lundi, lors du délibéré, les peines ont donc été confirmées.

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(Photo doc H. L.) Le véhicule avait percuté le public massé dans un virage, au Plan-de-la-Tour.

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