Bernadette Després les honneurs pour la maman de Tom-Tom et Nana !
En interview, on a peur d’en dire un peu trop ou de paraître un peu dingo… Oh la la, ça m’en fait des appels avec cette histoire ! » Cette histoire, c’est l’insigne de Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur qui vient de lui être attribué pour ses « cinquantesix ans de service ». Et Bernadette Després en est encore tout étonnée. « J’ai dit : “Bof” !, s’amuse la dessinatrice de 79 ans à la voix enfantine. Je sais que ça se fait, ces récompenses. C’est Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale qui m’a proposée, parce que je crois qu’il y a un retour au dessin aujourd’hui, c’est bien… », résume celle dont le nom est encore bien moins connu que ces illustres petits héros. Bernadette Després, aux initiales prédestinées, c’est l’illustratrice à qui l’on doit le duo le plus turbulent de la bande dessinée jeunesse : Tom-Tom et Nana. Les frères et soeurs qui ont accompagné des générations de gosses, dans les pages du magazine J’aime Lire à partir de 1977, et en livres rien que pour eux ensuite.
Des aventures délurées et un trait agité que l’on découvrait, peinard dans sa chambre ou bien installé sur la moquette des bibliothèques municipales, et qui sont devenus un véritable phénomène d’édition.
Humour et tendresse
Plus de seize millions d’exemplaires des trente-quatre tomes, compilations et hors-série de Tom-Tom et Nana vendus ces vingt-cinq dernières années, 220 000 exemplaires chaque année en moyenne, précise l’éditeur Bayard. Des chiffres qui n’impressionnent pas trop Bernadette Després. Toujours bien cachée derrière ces personnages, tranquille dans sa maison de Givraines, dans le Loiret. Et qui,
‘‘ Ils débordent, c’est important pour se sentir vivant”
soudainement sous le feu des projecteurs s’empresse de rappeler les noms des auteures, Jacqueline Cohen et Evelyne Reberg, et de la coloriste, Catherine Ponte, qui ont oeuvré avec elle sur la fameuse série.
« On ne donne jamais la Légion d’honneur à plusieurs personnes apparemment, mais il faudrait la partager, c’est un travail d’équipe. »
Mais pourquoi une telle popularité pour Tom-Tom et Nana ?
« Parce qu’ils font rire probablement. Parce qu’ils débordent, c’est important pour se sentir vivant. C’est du théâtre en dessin, il faut que ça bouge », résume celle qui fut inspirée par les aventures d’Eloïse de Kay Thompson et Hilary Knight, dans les années 1950. « Elle était encore plus insupportable que Tom-Tom et Nana, je l’ai beaucoup admirée. Je me disais : “Si je pouvais dessiner aussi bien que ça !” J’aimais Tintin aussi, la Castafiore tout ça, ça m’a marquée, Bibi Fricotin et compagnie… »
La BD jeunesse toujours. L’enfance ou rien. « Chez moi, on était huit enfants, moi j’en ai eu quatre, et j’ai onze petits-enfants. Je ne suis pas dans le monde des adultes, je ne l’ai jamais été. Un enfant m’a demandé un jour : “Vous vous vengez des adultes de votre enfance”, mais pas vraiment, parce qu’il y a plein de tendresse aussi. Tom-Tom et Nana, c’est l’humour et la tendresse, si ça peut amuser le monde et lui permettre de ne pas oublier son enfance, ça serait pas mal. » Surtout en ce moment.