Comment la Maison bleue fait
Une Maison bleue aux couleurs de l’autisme, pour ces enfants pas tout à fait comme les autres qui, dans cette bâtisse, viennent apprendre ce qui leur fait défaut. En tête, les habiletés sociales
. Selon les chiffres avancés en par le secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé des personnes handicapées, c’est le nombre de Français souffrant de troubles du spectre autistique. Ceux-ci se caractérisent par une « triade » qui désigne trois niveaux de symptômes : anomalies des interactions sociales, de la communication verbale et non verbale, centres d’intérêt restreints.
Voilà pour les aspects pragmatiques. Mais le psychiatre (et épidémiologiste) Éric Fombonne souligne un retard des études épidémiologistes et, surtout, un
Seuls les volets sont bleus. Ce sont ses murs, blancs, parcourus de lierres grimpants, qui abritent tour à tour près de deux cents enfants bleus. De la couleur qui est, dit-on, la leur : celle qui les apaise, celle des rêveurs. Celle de l’autisme. Même si dans cette Maison bleue, le docteur René Moreno, président de la structure associative, préfère parler de trouble existentiel, on y accueille bel et bien depuis 2016 des petits présentant des troubles du spectre autistique et des troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie…).
« La Maison bleue, décrit le site web de la structure, c’est une équipe pluridisciplinaire qui agit de façon multidimensionnelle en associant thérapie, éducation, rééducation, pédagogie et accompagnement social. » Le responsable explicite : « On se sert de tout ce qu’on peut savoir de sous-diagnostic dans l’Hexagone, entraînant des surhandicaps. Un point sur lequel la stratégie « Autisme » - du gouvernement entend se pencher, en tablant sur des diagnostics plus précoces pour des prises en charges plus efficaces. Aujourd’hui, cependant seuls % des enfants autistes sont scolarisés et près de d’entre eux s’exilent en Belgique, faute de structure suffisante en France, assure l’association Autisme France. C’est à la fois pour répondre aux enjeux de diagnostic et d’accueil que la Maison bleue a ouvert ses portes à Sanary en .
l’enfant pour l’approcher : de la psychanalyse, de la psychologie comportementale, de la théorie des schémas, de l’attachement… »
Tout passe par le jeu
Les enfants reçus à la Maison bleue « ressemblent aux autres, mais ils sont disconvenants, souffrent d’une sorte de cécité sociale ». Ils intègrent généralement la Maison bleue parce qu’un enseignant ou un professionnel de la petite enfance a alerté leurs parents sur la possibilité d’un trouble du spectre autistique. « Il y a aussi des familles qui viennent spontanément », ajoute le président de l’association.
Tout au long de la semaine, des ateliers sont proposés : Montessori, relaxation, habileté sociale, musique, artthérapie… « Ici, tout passe par le jeu », indique Florence Butterati, éducatrice Montessori de l’établissement. Comme des activités extrascolaires,
mais à visée thérapeutique.
La demi-douzaine d’intervenants professionnels – Florence, mais aussi Audrey, la sophrologue spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, Julie et Charlène, les deux éducatrices spécialisées, et Marie-Jeanne, l’enseignante détachée par l’Éducation nationale – est assistée d’une cinquantaine de bénévoles : Jessica, Agnès, Lise, Évelyne, Michèle ou encore Françoise. Ce jour-là, c’est Yolande qui est aux côtés de Florence. Avec les deux femmes, Noam, Jean, Léna, Cyrine, Nathaël et Lisa participent à un atelier autour des habiletés sociales et de la motricité.
Travail sur la sphère émotionnelle
L’éducatrice parle bas mais sur un ton enjoué. L’atmosphère est à la fois calme et ludique. Ces enfants, scolarisés pour la plupart, ont leurs habitudes à la Maison bleue. Ils en connaissent les règles – y compris celles liées aux mesures sanitaires désormais.
« On travaille sur la sphère émotionnelle et ludique, explique Florence, dans une dynamique de groupe afin que les enfants évoluent dans leurs comportements entre eux, mais aussi dans leur autonomie .»
Après un goûter, les enfants montent à l’étage. Dans la salle de relaxation, baptisée Léo, du nom du premier enfant qui a fréquenté la Maison bleue, on retrouve Lisa, Jean, Cyrine, mais aussi Lenny qui vient de se greffer au groupe. Exercice de respiration, sur les émotions, de coordination… Les petits assistent à l’atelier proposé par Audrey, la sophrologue.
Qu’ils soient bien dans leurs baskets
« On veut qu’ils comprennent les bienfaits de la relaxation, mais quoi qu’il arrive, c’est nous qui nous adaptons à chaque enfant : le but, c’est qu’ils soient bien dans leurs baskets. » Etàencroirel’attitude des quatre petits réunis dans la salle Léo, ça marche. « Les étoiles dans leurs yeux, c’est mon bonheur », confie Audrey.
« Je vois que j’apporte quelque chose, assure à son tour Yolande, la bénévole, et je reçois beaucoup en retour. »
Ancienne assistante maternelle, elle a commencé sa collaboration avec l’association il y a un an, après avoir vu une affiche. « Je me suis dit : pourquoi pas ? » Delphine aussi a démarré il yaunan.« Je voulais donner de mon temps et l’autisme est une cause qui me touche, qu’il faut défendre. » La bénévole affirme d’ailleurs avoir constaté « des progrès phénoménaux » chez certains enfants de la Maison bleue. Qui désormais voient un peu plus la vie en rose.