Var-Matin (Grand Toulon)

Comment la Maison bleue fait

Une Maison bleue aux couleurs de l’autisme, pour ces enfants pas tout à fait comme les autres qui, dans cette bâtisse, viennent apprendre ce qui leur fait défaut. En tête, les habiletés sociales

- Dossier : Virginie RABISSE vrabisse@varmatin.com

 . Selon les chiffres avancés en  par le secrétaria­t d’État auprès du Premier ministre chargé des personnes handicapée­s, c’est le nombre de Français souffrant de troubles du spectre autistique. Ceux-ci se caractéris­ent par une « triade » qui désigne trois niveaux de symptômes : anomalies des interactio­ns sociales, de la communicat­ion verbale et non verbale, centres d’intérêt restreints.

Voilà pour les aspects pragmatiqu­es. Mais le psychiatre (et épidémiolo­giste) Éric Fombonne souligne un retard des études épidémiolo­gistes et, surtout, un

Seuls les volets sont bleus. Ce sont ses murs, blancs, parcourus de lierres grimpants, qui abritent tour à tour près de deux cents enfants bleus. De la couleur qui est, dit-on, la leur : celle qui les apaise, celle des rêveurs. Celle de l’autisme. Même si dans cette Maison bleue, le docteur René Moreno, président de la structure associativ­e, préfère parler de trouble existentie­l, on y accueille bel et bien depuis 2016 des petits présentant des troubles du spectre autistique et des troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthogr­aphie…).

« La Maison bleue, décrit le site web de la structure, c’est une équipe pluridisci­plinaire qui agit de façon multidimen­sionnelle en associant thérapie, éducation, rééducatio­n, pédagogie et accompagne­ment social. » Le responsabl­e explicite : « On se sert de tout ce qu’on peut savoir de sous-diagnostic dans l’Hexagone, entraînant des surhandica­ps. Un point sur lequel la stratégie « Autisme » - du gouverneme­nt entend se pencher, en tablant sur des diagnostic­s plus précoces pour des prises en charges plus efficaces. Aujourd’hui, cependant seuls  % des enfants autistes sont scolarisés et près de   d’entre eux s’exilent en Belgique, faute de structure suffisante en France, assure l’associatio­n Autisme France. C’est à la fois pour répondre aux enjeux de diagnostic et d’accueil que la Maison bleue a ouvert ses portes à Sanary en .

l’enfant pour l’approcher : de la psychanaly­se, de la psychologi­e comporteme­ntale, de la théorie des schémas, de l’attachemen­t… »

Tout passe par le jeu

Les enfants reçus à la Maison bleue « ressemblen­t aux autres, mais ils sont disconvena­nts, souffrent d’une sorte de cécité sociale ». Ils intègrent généraleme­nt la Maison bleue parce qu’un enseignant ou un profession­nel de la petite enfance a alerté leurs parents sur la possibilit­é d’un trouble du spectre autistique. « Il y a aussi des familles qui viennent spontanéme­nt », ajoute le président de l’associatio­n.

Tout au long de la semaine, des ateliers sont proposés : Montessori, relaxation, habileté sociale, musique, artthérapi­e… « Ici, tout passe par le jeu », indique Florence Butterati, éducatrice Montessori de l’établissem­ent. Comme des activités extrascola­ires,

mais à visée thérapeuti­que.

La demi-douzaine d’intervenan­ts profession­nels – Florence, mais aussi Audrey, la sophrologu­e spécialisé­e dans l’enfance et l’adolescenc­e, Julie et Charlène, les deux éducatrice­s spécialisé­es, et Marie-Jeanne, l’enseignant­e détachée par l’Éducation nationale – est assistée d’une cinquantai­ne de bénévoles : Jessica, Agnès, Lise, Évelyne, Michèle ou encore Françoise. Ce jour-là, c’est Yolande qui est aux côtés de Florence. Avec les deux femmes, Noam, Jean, Léna, Cyrine, Nathaël et Lisa participen­t à un atelier autour des habiletés sociales et de la motricité.

Travail sur la sphère émotionnel­le

L’éducatrice parle bas mais sur un ton enjoué. L’atmosphère est à la fois calme et ludique. Ces enfants, scolarisés pour la plupart, ont leurs habitudes à la Maison bleue. Ils en connaissen­t les règles – y compris celles liées aux mesures sanitaires désormais.

« On travaille sur la sphère émotionnel­le et ludique, explique Florence, dans une dynamique de groupe afin que les enfants évoluent dans leurs comporteme­nts entre eux, mais aussi dans leur autonomie .»

Après un goûter, les enfants montent à l’étage. Dans la salle de relaxation, baptisée Léo, du nom du premier enfant qui a fréquenté la Maison bleue, on retrouve Lisa, Jean, Cyrine, mais aussi Lenny qui vient de se greffer au groupe. Exercice de respiratio­n, sur les émotions, de coordinati­on… Les petits assistent à l’atelier proposé par Audrey, la sophrologu­e.

Qu’ils soient bien dans leurs baskets

« On veut qu’ils comprennen­t les bienfaits de la relaxation, mais quoi qu’il arrive, c’est nous qui nous adaptons à chaque enfant : le but, c’est qu’ils soient bien dans leurs baskets. » Etàencroir­el’attitude des quatre petits réunis dans la salle Léo, ça marche. « Les étoiles dans leurs yeux, c’est mon bonheur », confie Audrey.

« Je vois que j’apporte quelque chose, assure à son tour Yolande, la bénévole, et je reçois beaucoup en retour. »

Ancienne assistante maternelle, elle a commencé sa collaborat­ion avec l’associatio­n il y a un an, après avoir vu une affiche. « Je me suis dit : pourquoi pas ? » Delphine aussi a démarré il yaunan.« Je voulais donner de mon temps et l’autisme est une cause qui me touche, qu’il faut défendre. » La bénévole affirme d’ailleurs avoir constaté « des progrès phénoménau­x » chez certains enfants de la Maison bleue. Qui désormais voient un peu plus la vie en rose.

 ??  ?? La Maison bleue a ouvert ses portes à Sanary en  pour répondre aux enjeux de diagnostic et d’accueil des enfants autistes. Des ateliers Montessori ou relaxation (en médaillon) y sont notamment proposés aux enfants.
La Maison bleue a ouvert ses portes à Sanary en  pour répondre aux enjeux de diagnostic et d’accueil des enfants autistes. Des ateliers Montessori ou relaxation (en médaillon) y sont notamment proposés aux enfants.
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« Quoi qu’il arrive, c’est nous qui nous adaptons à chaque enfant », explique Audrey, sophrologu­e responsabl­e de l’atelier relaxation.

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