Var-Matin (Grand Toulon)

Olivier Faure : « Nous devons nous réinventer »

Le premier secrétaire du Parti socialiste se lance dans une grande consultati­on des Français qui n’a rien à voir, dit-il, avec celle de La République en marche avant la présidenti­elle de 2017

- PROPOS RECUEILLIS PAR RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, souhaite un rassemblem­ent de la gauche et des écologiste­s, seul moyen selon lui, de remporter la présidenti­elle de 2022. Il est prêt à changer le nom de son parti mais reste flou sur le mode de désignatio­n du candidat de cette coalition.

En quoi consiste ce big bang que vous souhaitez mener au sein du Parti socialiste ?

Je veux que nous participio­ns à la création du parti du XXIe siècle, capable de rassembler toutes celles et ceux qui veulent gouverner pour progresser vers une République sociale, écologique, démocratiq­ue et féministe. Tout doit être sur la table, sans tabou : notre mode d’organisati­on, nos pratiques politiques, notre projet, notre nom. Ce projet doit être conduit avec toutes celles et ceux qui partagent la même volonté. Nous devons nous réinventer avec les Français avec des réponses à la fois modernes et fidèles aux valeurs qui sont les nôtres depuis Jean Jaurès.

N'est-ce pas la démarche des Marcheurs avant la présidenti­elle de  ?

Les Marcheurs ont fait du porte à porte et expliqué que, sur la base de ce qu’ils avaient entendu, ils avaient défini un projet. La réalité c’est que le projet s’est bâti bien loin des Français, dans le secret des cénacles du pouvoir et de l’argent.

Comment allez-vous procéder ?

Nous ne ferons pas semblant de consulter avec un questionne­ment vague, qui permet de tirer toutes les conclusion­s. Mois après mois, nous allons soumettre des propositio­ns au jugement des Français, des organisati­ons syndicales, patronales, associativ­es.

Nous demanderon­s à chacun de nous challenger, de commenter nos propositio­ns, de les enrichir, de les valider ou de les invalider. Et sur la base de ce dialogue, nous adopterons in fine notre projet.

Sans l’émergence d’un leader le PS peut-il briser le pronostic d’un second tour Macron-Le Pen ? L’élection présidenti­elle personnali­se à outrance le débat politique. Bien sûr que les projets n’avancent pas seuls sur leurs petites pattes. Ils doivent être incarnés. Mais après cinq années de macronisme, qui succèdent à des années où gauche et droite ont alterné au pouvoir, les Français sont en droit de savoir ce que sera la politique conduite.

Donc, d’abord on explique pourquoi nous voulons être aux responsabi­lités, ensuite on se

socialiste à l’Assemblée nationale ;

– Depuis le 7 avril 2018, premier secrétaire du Parti socialiste ;

– 29 août 2020, discours invitant au rassemblem­ent de la gauche à Blois. met d’accord sur l’identité de celle ou celui qui est le plus à même de transforme­r une espérance en réalité.

Pourquoi ne pas accepter la démarche de François Hollande qui réclame ce leader avant tout ? Je ne refuse pas la nécessité d’une incarnatio­n forte. Mais chaque chose en son temps.

Vous avez eu récemment des mots durs sur François Hollande la rupture est-elle consommée ? J’ai simplement rappelé que le déni ne permet pas d’avancer. Ce serait une curieuse inversion que d’accuser les socialiste­s d’aujourd’hui, qui ont gagné les municipale­s, des échecs des socialiste­s d’hier. Je suis devenu premier secrétaire, quand le PS était à  % pas à . J’entends faire respecter le travail gigantesqu­e qui est accompli depuis trois ans par nos parlementa­ires, nos présidents de région, de départemen­ts, et nos maires. Si les socialiste­s sont encore une force dans ce pays, c’est d’abord à eux qu’on le doit.

Serez-vous candidat à la présidenti­elle de  ?

J’ai toujours dit la même chose depuis deux ans : il faut que le ou la meilleure du bloc social et écologique, soit candidat à l’élection présidenti­elle.

Si j’étais celui-là, je ne me déroberais pas. Ce n’est pas le cas. Chacun devrait avoir la même démarche et se dire : « Je ne suis pas le mieux placé, donc je laisse ma place à celui ou celle qui peut nous conduire à la victoire. »

Y aura-t-il une primaire commune à la gauche et aux écologiste­s ?

Une fois que nous aurons adopté notre projet, nous tendrons la main à toutes les autres formations politiques de la gauche et de l’écologie pour leur proposer de travailler à un contrat de coalition, qui nous engage sur cinq ans. Sur les points de désaccords qui subsistera­ient, je propose une

« primaire des idées » ,qui permettrai­t aux Français de les arbitrer. Ensuite, sur la base du projet commun, nous devrons désigner celui ou celle qui l’incarne le mieux, qui peut nous conduire à la victoire et qui démontre sa capacité à diriger le pays.

Sans primaire commune comment arriver à un candidat unique pour la gauche et les écologiste­s ?

Ce n’est, en effet, pas la meilleure voie pour y parvenir. S’il faut d’abord des primaires dans chaque parti, puis des primaires de toute la gauche, avant d’affronter les deux tours de la présidenti­elle… le candidat sortira essoré de l’exercice. Chaque primaire est un exercice où les prétendant­s mettent en avant ce qui les distingue. Je veux mettre en lumière ce qui nous rassemble.

Le PS acceptera-t-il La France Insoumise dans cette coalition ? C’est à eux qu’appartient cette décision. Je ne cours après personne. Je dis simplement que si nous voulons augmenter nos chances de l’emporter en , il faut le rassemblem­ent le plus vaste possible autour d’un projet commun. Ce qui signifie des compromis, la recherche d’un dépassemen­t collectif. Jusqu’ici j’ai plutôt eu l’impression que LFI considérai­t son projet comme le Nouveau Testament et que la candidatur­e de leur leader n’était pas négociable.

Maintenez-vous l’idée du revenu universel qu’avait proposée Benoît Hamon ?

Le projet a d’ores et déjà été reformaté par nos présidents de départemen­t sous la forme d’un revenu de base accessible dès la majorité. Ce qui aurait été particuliè­rement précieux durant cette crise sanitaire, où l’on voit que ce sont d’abord les jeunes, qui sont précarisés car ils n’ont accès à aucune des mesures de soutien et ont perdu leurs petits boulots. Cela aurait évité que nombre d’entre eux connaissen­t les Restos du coeur.

Qu'auriez-vous fait dans la crise du coronaviru­s que le gouverneme­nt n’a pas fait ? Leur gestion est accablante. Au début, il y a eu le mensonge sur les masques. Ensuite, il y a eu le raté sur le triptyque « tester, tracer, isoler. » Et, maintenant, c’est l’incapacité à mettre en place la logistique pour vacciner. Au rythme actuel nous ne serons pas à  million de vaccinés à la fin du mois et même si nous y arrivions, ce que je souhaite, nous ne serons jamais aux  millions affichés pour le mois de juin.

‘‘Tout doit être sur la table sans tabou : notre mode d’organisati­on nos pratiques politiques notre projet, notre nom.”

‘‘une Je propose primaire des idées.”

Mais qu’auriez-vous fait ?

Nous aurions mis autour de la table tous les acteurs. Cherché à établir une doctrine commune. Nous aurions associé les collectivi­tés locales. Les régions, les départemen­ts, les villes qui sont restées l’arme au pied. Elles savent faire, mais personne ne les consulte. Et nous aurions assumé tous ensemble cette course contre la montre en créant les conditions logistique­s en amont. Au pays de Pasteur, on sait que pour vaincre les pandémies, le vaccin c’est la seule lumière au bout du tunnel.

Le gouverneme­nt restreint-il trop les libertés ?

Le gouverneme­nt nous maintient dans un état d’urgence permanent. Or l’état d’urgence est adapté à un temps court, pendant lequel on accepte de déroger à la règle. On ne peut pas confiner la démocratie pendant un an, prendre toutes les décisions dans le cadre opaque du Conseil de défense, légiférer par ordonnance sans les représenta­nts du peuple, et saturer les médias avec des conférence­s de presse ou des allocution­s sans aucun contradict­eur. Maintenant le gouverneme­nt cherche à mettre dans le droit commun ce qui doit relever de l’exception. Oui, il y a une dérive illibérale qu’il faut condamner.

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(Photo AFP/Thomas Samson)

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