Suivez le guide !

« Qui sait : le Michelin a peut-être distingué des food trucks ? »

Pendant la crise, le Guide Michelin continue. Ouf. On était mort d’inquiétude. Lundi, il publie son palmarès, jeudi, il sort en librairie. Ça tombe bien, on ne savait pas où aller dîner le  juillet . On plaisante. On ne devrait pas. Les chefs ne sont pas au top. Ils sont privés de leur instrument préféré : le piano de cuisson. Des mois qu’ils n’entendent plus les douces notes de la côte de boeuf dans la poêle brûlante. Comme ils ne sont plus en cuisine, ils vont sur les plateaux télé. On les voit bouillir en direct. Attention, ça va déborder ! Même Jean-François Piège, plutôt calme d’habitude, commence à ressembler à une allumette. Corps blanc, tête rouge. Manquerait plus que le Michelin s’amuse à jouer avec le feu. C’est sa marque de fabrique. Son plat signature. Un gastro déclassé, un cuistot dézingué, une belle polémique : et en avant la guerre des étoiles ! C’est pas le moment. Sous son chapeau, Marc Veyrat se remet tout juste du camouflet infligé à sa Maison des bois

savoyarde.

Et on ne parle pas de la chute du restaurant Paul Bocuse à Collongesau-Mont-d’Or. Sacrilège ! « C’est la France qu’on assassine »

avaient même déclaré, voilà un an, les défenseurs de feu monsieur Paul, gardiens de sa mémoire. Le patron du Guide s’en moque. Gwendal Poullenec – qui a un nom pour diriger une crêperie dans le Morbihan – assume son statut de coupeur de têtes. A table, c’est l’homme le plus puissant de la planète. À côté de lui, même Joe Biden compte pour du beurre. Cette année, le petit livre rouge a ajouté une ville à sa carte : Moscou. Logique. Au fait, saviez-vous que Tokyo compte plus d’étoilés que Paris. Mais où va-t-on ? En tout cas, plus au restaurant.

Qui sait, le Michelin  a peut-être distingué des food trucks et noté des devantures fermées à double tour. Il paraît que les inspecteurs ont perdu du poids. Le guide, lui, se porte bien. A  ans, il n’est pas près de prendre la direction d’un Ehpad. Les frères Michelin avaient le génie des idées et celui des affaires. Et pas qu’un pneu. Aujourd’hui, si la roue souffre, la bible des amateurs d’un bon loup de Méditerranée aux agrumes du Mentonnais tient encore bien la route. La semaine prochaine, vous savez ce qui vous reste à faire : regarder les étoiles, dévorer le guide et commander quatre pizzas, dont deux avec un oeuf, au camion du coin.