Vaccination des enfants : la « question pourrait se poser »
Alain Fischer, qui coordonne la stratégie vaccinale contre la Covid-19 pour le gouvernement, a laissé entendre hier que cette possibilité devait « faire partie de la réflexion »
La France applique depuis hier un couvre-feu généralisé à 18 h, un nouveau tour de vis auquel se plient les commerçants résignés. Hier, lors d’un déplacement à Lyon, Jean Castex a appelé à une vaccination « dans le calme » au moment où le groupe américain Pfizer tente de rassurer sur le ralentissement des livraisons de vaccins en Europe.
Le Premier ministre a précisé que 390 000 personnes avaient été vaccinées à ce jour en France et qu’un million de rendez-vous de vaccination avaient été pris. Il a également reconnu que les cinq millions de personnes de plus de 75 ans ne pourraient pas être vaccinées « en quelques jours ».
« Faire évoluer la stratégie »
Dans une interview au Parisien hier matin, le « monsieur vaccin » du gouvernement, le Pr Alain Fischer, n’a pas écarté la possibilité de vacciner aussi les enfants, expliquant que la stratégie de vaccination pouvait prendre une nouvelle orientation en France sous l’influence des variants. L’immunologue
a souligné que « les nouveaux variants pourraient nous conduire à faire évoluer la stratégie. Peut-être un jour faudra-t-il vacciner les enfants », avant d’indiquer que toute réflexion à ce sujet serait suspendue aux résultats de la recherche scientifique : « En Grande-Bretagne, on cherche à savoir si leur taux d’infection plus important est lié à ce variant. Si cela se confirme et que les enfants transmettent le virus, la question se posera. »
Les doses pour les Ehpad « sécurisées »
Alain Fisher a par ailleurs exclu tout changement dans l’ordre de priorité des vaccinations : «“Pourquoi ne pas vacciner tout le monde, quel que soit leur âge ?” Non ! Si on le fait, ce sera aux dépens des plus fragiles. » Le professeur Fisher a promis qu’en aucun cas l’extension de la campagne à d’autres publics ne menacerait les doses prévues pour les Ehpad : « Elles sont sécurisées. C’est une priorité, une question d’éthique. Si on n’est pas capable de protéger les plus fragiles, je me demande dans quelle société on vit. » Sur l’ensemble du pays, des élus continuent de dénoncer la lenteur de la livraison des vaccins ou les difficultés pour obtenir un rendezvous. Après les sueurs froides provoquées par l’annonce d’une baisse de cadence « pour trois à quatre semaines » dans la production de vaccins, le groupe américain Pfizer, associé au laboratoire allemand BioNTech, a annoncé hier un «plan» pour accélérer la cadence et revenir au calendrier initial de livraisons à l’UE « à partir de la semaine du 25 janvier ».
Demain, la campagne de vaccination va donc s’élargir aux personnes de plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad, ainsi qu’aux personnes présentant des pathologies à haut risque (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement...). Vendredi, 833 centres étaient « ouverts et accessibles à la réservation », a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran.
Le site sante.fr, qui devait initialement rediriger vers l’une des trois plateformes privées de réservation, n’affichait hier qu’une liste des lieux de vaccination par département. Et les créneaux de vaccination de nombreux centres affichaient complets hier à la mi-journée.