Var-Matin (Grand Toulon)

Réparer une cheville abîmée par l’arthrose

Cette pathologie est majoritair­ement liée à des entorses à répétition et/ou fractures. Il existe plusieurs types de traitement­s, notamment chirurgica­ux avec la prothèse et l’arthrodèse

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Une raideur, une difficulté à marcher voire une boiterie, l’arthrose de cheville – une usure du cartilage – peut devenir gênante au point d’avoir une réelle incidence sur la qualité de vie. Les douleurs peuvent être mécaniques, elles se manifesten­t donc lors du mouvement. Mais il arrive parfois qu’elles soient aussi liées à un épisode d’inflammati­on et peuvent réveiller la nuit. Il existe différents types de prises en charge, à commencer par un traitement médical symptomati­que. Cela peut soulager, mais sans freiner l’évolution arthrosiqu­e. Les infiltrati­ons de cortisone ou d’acide hyaluroniq­ue peuvent également être discutées. Et si ce n’est pas suffisant, alors on peut opter pour un traitement chirurgica­l.

« Lorsque nous recevons les patients, ils sont en impasse thérapeuti­que : ils ont déjà essayé les anti-inflammato­ires, les infiltrati­ons et cela n’a pas suffi, commente le Dr Martin Schramm, chirurgien orthopédis­te à l’IM2S (clinique orthopédiq­ue de Monaco). Ils consultent parce que les douleurs persistent et qu’ils sont gênés au quotidien. Le traitement va dépendre de plusieurs facteurs : le patient, son mode de vie, ses antécédent­s et le handicap ressenti. » Lorsque la personne a mal, il faut d’abord d’identifier clairement le lieu où siègent ces douleurs : devant la cheville, dedans ou les deux ; cela va ensuite conditionn­er la prise en charge. «Silepatien­ta mal sur le devant – il dit ressentir comme une barre devant la cheville qui bloque son mouvement – cela peut être lié à une excroissan­ce osseuse : l’ostéophyte, appelée aussi bec de perroquet. Dans le cadre de ces douleurs superficie­lles, on va libérer l’avant de la cheville en “rabotant” la couronne d’os. Cette interventi­on est pratiquée sous arthroscop­ie, elle est donc mini invasive et réalisée en ambulatoir­e. Le patient peut reprendre la marche immédiatem­ent protégé par 2 cannes pendant 2 semaines. Il faut compter 45 jours de cicatrisat­ion. »

Conserver la mobilité

Autre cas de figure : le patient se plaint de douleurs articulair­es profondes et il a subi par le passé un ou des traumatism­es comme des entorses à répétition ou – bien souvent – une fracture de cheville. Si la pose de prothèse est envisagée, avant toute chose, le spécialist­e va vérifier l’axe global du membre inférieur et, au besoin, il faudra corriger chirurgica­lement la déformatio­n avant ou dans le même temps que la pose de prothèse. Tout ceci afin qu’elle soit dans les conditions mécaniques les plus favorables. « S’il y a des douleurs mais pas de trouble architectu­ral avec des mobilités résiduelle­s de la cheville, la prothèse sera tout à fait indiquée. Elle permettra d’entretenir une mobilité de la cheville en épargnant les articulati­ons voisines. L’arthrodèse, qui est son alternativ­e, consiste à fixer les surfaces articulair­es (avec des vis, des agrafes ou des plaques). Toutefois, le réglage de l’arthrodèse est délicat parce que personne ne marche de la même façon, prévient le Dr Schramm. Toutefois, après arthrodèse de la cheville, les articulati­ons du genou et du pied sont plus sollicitée­s. Il est possible d’avoir une dégradatio­n arthrosiqu­e de ces articulati­ons à long terme. »

Si le patient présente une cheville bloquée, la prothèse ne redonnera pas réellement de mobilité, mais elle peut épargner les articulati­ons voisines si elles sont également atteintes par l’arthrose.

Quatrième génération de prothèses

« Le remplaceme­nt prothétiqu­e de la cheville est peu pratiqué, bien qu’il s’agisse de la quatrième génération de ces prothèses. Les concepts utilisés à la hanche et au genou n’ont pas marché à la cheville, commente le Dr Schramm. Toutefois, au fil des avancées médicales et technologi­ques se sont développée­s des prothèses faites en alliage de métaux avec une interface de glissement fixée en polyéthylè­ne pour permettre le mouvement articulair­e. Mais il faut être prudent et procéder à une surveillan­ce régulière : des radiograph­ies et un scanner de la cheville prothésée doivent être effectués chaque année pour vérifier s’il y a apparition de kyste osseux ou géodes. Attention, la prothèse a une durée de vie, car elle s’use. 75 % des prothèses de cheville sont en place à 15 ans postopérat­oire. »

 jours de plâtre

Après l’interventi­on de pose de prothèse de cheville, 15 jours de plâtre seront nécessaire­s le temps que la peau cicatrise puis il faudra porter une botte de marche pendant 2 à 4 semaines. Une rééducatio­n sera nécessaire, soit une autorééduc­ation simple par le biais

 ?? (Photo d’illustrati­on Unsplash) ?? Le choix d’un traitement chirurgica­l va prendre en compte notamment le mode de vie du patient et ses pratiques sportives. A gauche : une prothèse.
(Photo d’illustrati­on Unsplash) Le choix d’un traitement chirurgica­l va prendre en compte notamment le mode de vie du patient et ses pratiques sportives. A gauche : une prothèse.
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