Var-Matin (Grand Toulon)

Famille Garnier des givrés de citron

Depuis trois génération­s, ils cultivent avec passion et sans cochonneri­es, l’insolent agrume jaune. Un petit soleil de Saint-Laurent-du-Var, vendu sur les étals de France.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr PHOTOS : FRANZ CHAVAROCHE fchavaroch­e@nicematin.fr

Dans ces allées labyrinthi­ques qui bordent la route de la Baronne, à Saint-Laurent-duVar, on se perdrait volontiers. Le Verger des Baous comme terrain de jeu idéal pour traquer dans les feuillages verts les plus jolis fruits jaunes. Les centaines de citronnier­s semblent parfaiteme­nt alignées. Équidistan­ts. Bien cadrés. Thibault Garnier, lui, peut les différenci­er, sans difficulté. Il sait exactement où il veut nous conduire. Auprès de ces arbres qui n’ont pas encore trop été récoltés. « Ce qui est bien, c’est qu’on peut laisser les citrons patienter quelques jours sur la branche. Ça nous permet de voyager dans la campagne, de changer de coin au fil des journées », sourit le jeune homme.

Peau de cador

Il sait aussi donner le « go » de la récolte, le moment est venu. Quand l’écorce a atteint ce jaune vif à vous faire péter les mirettes. Quand sa peau de cador embaume dès qu’on la gratte sous l’ongle.

« Nous cultivons la variété Eureka. Un quatre saisons », précise-t-il en pointant une arbre présentant à la fois des fleurs et des fruits. Poésie du naturel.

L’espèce, pareille à ses semblables azuréennes, produit un agrume un peu sucré au ziste fin. « C’est un très bon agrume, qui sait ensoleille­r les plats d’hiver », résume Thibault, 30 ans. Il le préfère pourtant dans sa version gourmande. En

lemon curd : jus de citron, sucre, oeuf et fécule de maïs pour cette pâte à tartiner acidulée à étaler sur des crêpes et des gaufres.

« C’est vrai que c’est pas mal. C’est la recette de famille ! », glisse son aînée, Mathilde, 33 ans et quelques jours. Pas un matin ne se lève sans qu’elle presse un citron qu’elle boit avec un peu d’eau. Remède vitalisant.

Aide soignante de formation, elle a repris ses études il y a quelques années pour mettre les mains dans la terre. Celle de la famille. Car la vie des Garnier est inscrite dans le zeste depuis trois génération­s. Tout a commencé avec Gaston, dans les années quatre-vingt. Une campagne à maraîcher, dans la plaine du Var qui était alors très nourricièr­e.

« Puis quand il a vieilli, pour l’occuper et occuper la terre, on a planté en 1999 des citronnier­s. C’était la personne la plus travailleu­se que j’ai connue de ma vie », se souvient Thibault, son petit-fils. Puis il y a eu Henri, le papa, qui s’est occupé des vergers, entre autres occupation­s. Il reste aujourd’hui chef de l’exploitati­on. Mathilde veille sur les campagnes – la famille exploite trois parcelles pour les agrumes, deux à Saint-Laurent,

‘‘ On peut voyager dans la campagne ”

dédiées au citron et une à La Gaude, où poussent les oranges sanguines – depuis 2015.

Rungis, Lyon, Lille et la Belgique

En 2017, sur un terrain, ils perdent tout. Le gel, pire ennemi des citronnier­s, fait des ravages. La températur­e descend à -7 degrés pendant plusieurs heures. « Mathilde m’a appelé en me disant, “Papa, c’est grave” » ,se souvient Henri. Les Garnier se relèvent. Plantent à nouveau. Thibault, que des études de commerce ont fait vadrouille­r aux États-Unis, en Chine et qu’une expérience profession­nelle a conduit dans les Caraïbes, revient sur ces terres. «Les Alpes-Maritimes, c’est quand même un très beau pays », avoue-t-il.

Depuis, la petite entreprise familiale emploie quatre personnes extérieure­s – dont Amir, récolteur passionné, dans la maison depuis 40 ans, qui a connu les plus vieux citronnier­s tout bébés. De ses 800 arbres, les Garnier expédient les beaux fruits dans les grands marchés de France – Rungis, Lyon, Lille – et de Belgique. On peut aussi trouver leur production dans quelques adresses locales (1).

Depuis 2016, le verger des Baous a fait le choix de ne plus utiliser de produits chimiques de synthèse. « Si tout va bien, l’an prochain, nous serons certifiés bio », explique Thibault. Afin de continuer à écrire l’histoire agrumicole de la vallée du Var, les Garnier sont en recherche de foncier pour planter. Colline ou plaine, un hectare minimum par parcelle. Pour s’essayer à la clémentine ou au cédrat. Et rester toujours écorcés vifs... 1. On peut retrouver les produits des Garnier aux Légumes de Saint-Paul, au Super U de Saint-Jeannet ainsi qu’au marché des producteur­s de Châteauneu­f.

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Amir, Mathilde et Henri, avec les cagettes qui, une fois coiffées, seront expédiées sur les marchés.
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