Alphonse Denis en photos au lavoir
L’ancien maire d’Hyères (1830-1848) est au centre d’une installation en plein air qui préfigure une exposition à la Tour des Templiers, pour les cinquante ans de la Société hyéroise d’histoire
Pour ses cinquante ans, la Société hyéroise d’histoire et d’archéologie a décidé de s’attarder sur Alphonse Denis, maire d’Hyères de 1830 à 1848, qui a grandement contribué au développement de la cité au XIXe siècle. L’exposition est en cours d’installation à la Tour des Templiers, mais son ouverture fin janvier n’est pas encore confirmée, dépendant des restrictions liées à l’épidémie de Covid19.
En attendant, un avant-goût est donné en plein air, au lavoir de la rue du Repos. Le service patrimoine de la ville a pioché dans l’album photo d’Alphonse Denis pour extraire dix clichés de 1863 et 1864.
On y voit l’ancien maire s’occuper de ses végétaux, qu’il faisait venir du monde entier, dans son jardin. On doit à Alphonse Denis, grand passionné de botanique, l’introduction des palmiers à Hyères. L’ancienne place des palmiers, aujourd’hui place Gabriel-Péri, a souvent été citée en modèle précurseur d’acclimatation du palmier dans l’espace public. Raoul Dufy en fit même un tableau en 1927.
Précurseur de l’action touristique à Hyères
D’autres photos de maisons cossues rappellent qu’Alphonse Denis, en promoteur immobilier, a fait bâtir et lotir une grande partie du quartier Chateaubriand pour des aristocrates. « Alphonse Denis a eu un impact majeur sur la destinée d’Hyères. Il fut un précurseur de l’action touristique en faisant jouer ses réseaux parisiens. Ses mandats de maire et de député lui ont ouvert les portes du milieu politique et artistique à Paris. Il a obtenu le soutien de l’État pour certains projets comme la construction de la statue de Charles d’Anjou ou les grandes toiles de l’église SaintLouis », explique Pierre Avrial, l’animateur du patrimoine de la ville. « À l’heure où la ville dormait un peu sur ses lauriers, il a ressenti que l’avenir passerait par le tourisme et qu’Hyères avait un potentiel qui ne demandait qu’à se développer », ajoute François Carrassan, l’adjoint municipal à la culture.
Sur le plan du patrimoine, Alphonse Denis est celui qui a ravivé la mémoire un peu oubliée de Jean-Baptiste Massillon, l’évêque hyérois qui avait prononcé l’oraison funèbre de Louis XIV. Sur ses fonds propres, Alphonse Denis fit construire en 1834 un petit théâtre à l’italienne, inspiré de la Scala de Milan, surnommé la Bonbonnière, que les artistes continuent d’apprécier pour son acoustique. Hyères devait, en effet, se doter de tous les atouts du tourisme.
« Il savait s’introduire dans les bons milieux »
La vie quotidienne des habitants n’était pas négligée pour autant, le pavage des rues dans la vieille ville médiévale, l’éclairage public, des écoles et le premier service d’incendie étant décidés sous son mandat.
« En homme lettré, il a constitué une bibliothèque impressionnante qui constitue le fonds le plus ancien détenu aujourd’hui par la médiathèque », reprend François Carrassan. Alphonse Denis est aussi celui qui avait mené les premières fouilles du site archéologique d’Olbia. Et c’est sous son mandat que l’église Saint-Louis et les remparts du château ont été classés parmi les mille premiers monuments historiques de France.
« Comment arrive-t-il à Hyères, c’est intéressant, note François Carrassan. En 1825, il est jeune et parisien quand une riche veuve, amie de sa famille, Marie-Thérèse
Camusat, lui demande de s’occuper de plusieurs de ses domaines hyérois. C’est comme ça qu’il prend racine. Il est très vite désigné maire, mais les gens ont continué à l’appeler “l’estrangièr”.
« Il savait s’introduire dans les bons milieux », conclut
Pierre Avrial en citant ses mariages avec deux veuves anglaises aisées.
◗ Exposition Au temps d’Alphonse Denis, au lavoir de la rue du Repos. Entrée libre tous les jours de 7h30 à 19h30, fermeture anticipée à 18h durant la période de couvrefeu.