Var-Matin (Grand Toulon)

Cancer de l’oeil essaimé : vers une sortie de l’impasse

Des équipes de chercheurs et cliniciens azuréens découvrent une piste thérapeuti­que pour le traitement du mélanome uvéal métastatiq­ue

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Ils sont atteints de mélanome oculaire (lire par ailleurs) et viennent de toute la France et même de l’étranger pour se faire soigner à Nice. C’est là en effet que se situe l’un des deux seuls centres en France, avec Paris, capables de traiter par protonthér­apie ces tumeurs rares (500 nouveaux cas par an). Un traitement local très performant qui permet d’éviter de léser notamment les tissus avoisinant­s, mais qui est malheureus­ement inefficace sur les formes disséminée­s. Associant leurs efforts, une équipe de chercheurs du C3M (Centre Méditerran­éen de Médecine Moléculair­e), dirigée par Corine Bertolotto et Robert Ballotti et le service d’ophtalmolo­gie du CHU de Nice sous la responsabi­lité du Pr Stéphanie Baillif viennent de découvrir une nouvelle piste thérapeuti­que pour le traitement des formes disséminée­s de ce cancer de l’oeil.

Sous-population plus mobile

« Au moment du diagnostic, seuls 1 à 3 % des patients présentent des métastases. Ces patients sont traités par chirurgie et protonthér­apie. Mais malgré ces traitement­s, 50 % d’entre eux développen­t par la suite des métastases, laissant supposer qu’au moment du diagnostic, une partie des cellules tumorales est dormante mais a déjà le potentiel d’essaimer. Et ce sont ces cellules que l’on retrouve dans des organes à distance, le foie dans 90 % des cas. » Quelles sont ces cellules ? Comment les reconnaîtr­e, les atteindre ? Des questions fondamenta­les, sachant qu’il n’existe aujourd’hui aucun traitement systémique du mélanome oculaire une fois qu’il a métastasé. « Nous nous sommes appuyés sur une approche à l’échelle de la cellule unique, développée par Pascal Barbry à l’IPMC, pour essayer d’identifier ces cellules. Nous avons ainsi mis en évidence une sous-population de cellules, associée à des gènes de mauvais pronostic, se comportant différemme­nt : elles sont plus mobiles et donc susceptibl­es de former des métastases à distance. » Cibler ces « mauvaises » cellules : si cet espoir thérapeuti­que ne pourra être concrétisé à brève échéance, c’est une nouvelle piste très prometteus­e qui s’ouvre, alors que la médecine était jusque-là dans l’impasse. 1.- Ces recherches, publiées cette semaine dans une revue internatio­nale, ont été financées par l’Inserm, la Ligue contre le cancer, la Cancéropôl­e Paca, l’UCA et la ville de Nice.

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(Photo DR) Les chercheurs niçois travaillen­t sur une nouvelle piste thérapeuti­que prometteus­e.

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