Cancer de l’oeil essaimé : vers une sortie de l’impasse
Des équipes de chercheurs et cliniciens azuréens découvrent une piste thérapeutique pour le traitement du mélanome uvéal métastatique
Ils sont atteints de mélanome oculaire (lire par ailleurs) et viennent de toute la France et même de l’étranger pour se faire soigner à Nice. C’est là en effet que se situe l’un des deux seuls centres en France, avec Paris, capables de traiter par protonthérapie ces tumeurs rares (500 nouveaux cas par an). Un traitement local très performant qui permet d’éviter de léser notamment les tissus avoisinants, mais qui est malheureusement inefficace sur les formes disséminées. Associant leurs efforts, une équipe de chercheurs du C3M (Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire), dirigée par Corine Bertolotto et Robert Ballotti et le service d’ophtalmologie du CHU de Nice sous la responsabilité du Pr Stéphanie Baillif viennent de découvrir une nouvelle piste thérapeutique pour le traitement des formes disséminées de ce cancer de l’oeil.
Sous-population plus mobile
« Au moment du diagnostic, seuls 1 à 3 % des patients présentent des métastases. Ces patients sont traités par chirurgie et protonthérapie. Mais malgré ces traitements, 50 % d’entre eux développent par la suite des métastases, laissant supposer qu’au moment du diagnostic, une partie des cellules tumorales est dormante mais a déjà le potentiel d’essaimer. Et ce sont ces cellules que l’on retrouve dans des organes à distance, le foie dans 90 % des cas. » Quelles sont ces cellules ? Comment les reconnaître, les atteindre ? Des questions fondamentales, sachant qu’il n’existe aujourd’hui aucun traitement systémique du mélanome oculaire une fois qu’il a métastasé. « Nous nous sommes appuyés sur une approche à l’échelle de la cellule unique, développée par Pascal Barbry à l’IPMC, pour essayer d’identifier ces cellules. Nous avons ainsi mis en évidence une sous-population de cellules, associée à des gènes de mauvais pronostic, se comportant différemment : elles sont plus mobiles et donc susceptibles de former des métastases à distance. » Cibler ces « mauvaises » cellules : si cet espoir thérapeutique ne pourra être concrétisé à brève échéance, c’est une nouvelle piste très prometteuse qui s’ouvre, alors que la médecine était jusque-là dans l’impasse. 1.- Ces recherches, publiées cette semaine dans une revue internationale, ont été financées par l’Inserm, la Ligue contre le cancer, la Cancéropôle Paca, l’UCA et la ville de Nice.