Diabète : « Un premier pas vers une vie quasi normale »
Le service de diabétologie du Pr Chevalier participe à un essai pilote. Des patients sont équipés d’un nouveau dispositif où capteur et pompe fonctionnent en boucle quasi fermée
Cette année marque le centenaire de la découverte de l’insuline. Et en janvier 2022, cela fera cent ans que le premier patient diabétique de type 1 aura été traité. En un siècle, des progrès considérables ont été faits pour améliorer le quotidien de ces patients. Et la recherche en ce sens se poursuit. Le service de diabétologie du CHU de Nice, dirigé par le Pr Nicolas Chevalier, vient ainsi de s’engager dans un essai pilote visant à démontrer les bienfaits d’un nouveau dispositif mis au point par les laboratoires Medtronic. Il s’agit d’une pompe à insuline (Minimed 780 G) couplée à un capteur (Enlite 3). La nouveauté : le système fonctionne désormais presque seul en boucle fermée. Inutile de choisir la dose d’insuline, tout est calculé automatiquement et s’ajuste en temps réel à la glycémie. Jérôme Albin est l’un des dix patients diabétiques de type 1 qui viennent d’être équipés. Pour lui,
« c’est une véritable révolution. Depuis que je bénéficie de ce dispositif – cela fait un mois –, je n’ai fait aucune hypoglycémie, alors qu’avant il ne se passait pas un jour sans que j’en fasse au moins une. » Cet Azuréen de 47 ans était particulièrement motivé pour participer à l’étude. À deux titres.
« C’est très fatigant d’être sans arrêt en hypo et de devoir se surveiller tout le temps. J’en avais franchement marre. Par ailleurs, je travaille dans l’informatique ; ce système basé sur l’intelligence artificielle m’intéressait. » Car le dispositif s’adapte au patient, comme l’explique le Pr Chevalier :
« la boucle fermée change la donne en termes de suivi puisque cela va permettre de lisser la courbe de la glycémie. L’appareil reçoit en temps réel les informations du capteur. Il est capable d’anticiper les variations de glycémie et donc d’ajuster le débit d’insuline. L’intelligence artificielle vient là véritablement soulager le patient en ce sens qu’il n’a plus besoin de contrôler constamment ses données. La machine le fait à sa place. De plus, elle va « apprendre » du patient : au fil des semaines, elle va analyser les réactions et ajuster plus finement encore le débit basal. »
Moments de découragement
On ne se rend pas forcément compte de ce que cela représente lorsqu’on n’est pas malade mais Gianni Puccio, 50 ans, l’explique très bien : « J’ai été diagnostiqué diabétique de type 1 à l’âge de dix ans. À l’époque, c’était compliqué, on mesurait la glycémie dans les veines. Quelques années plus tard sont apparues les bandelettes et dans les années quatre-vingt les pompes à insuline. Depuis 2012, j’ai un capteur de glycémie. Finalement, j’ai vécu toutes les évolutions des thérapies. J’ai eu des moments de découragement, ce n’est pas facile tous les jours. Finalement, je ne suis jamais totalement serein car je passe mon temps à surveiller ma glycémie, à me re-sucrer si besoin, à prendre de l’insuline… Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai mis un réveil la nuit pour contrôler ma glycémie… »
Un diabète mieux équilibré
Gianni ne participe pas encore à l’étude, toutefois, il voit ce nouveau dispositif comme un formidable outil au
Dr Stéphanie Pallé-Defille et Pr Nicolas Chevalier service des patients. « Grâce à ce système de boucle fermée, la pompe va injecter toute seule l’insuline, on n’aura plus besoin de le faire manuellement. Ce n’est pas anodin : cela signifie aussi que c’est un premier pas vers une vie quasi normale ! »
Le Pr Chevalier et sa consoeur diabétologue, le Dr Stéphanie PalléDefille surveillent de près ces patients et notent déjà d’excellents résultats : « Il suffit de comparer les courbes de glycémie avant et après les avoir équipés de ce nouveau dispositif : elles sont beaucoup plus stables. Nous allons progressivement inclure d’autres malades nous souhaitons qu’une trentaine puisse en bénéficier dans les six prochains mois. Et dorénavant, nous espérons que le dossier de remboursement auprès de l’Assurance maladie sera rapidement bouclé. En France, on recense environ 200 000 diabétiques de type 1. Cet appareillage va considérablement simplifier leur vie et leur permettre d’avoir un diabète bien équilibré. »
C’est d’autant plus important que cela va limiter les complications que peuvent subir les diabétiques (le sucre endommage notamment les petits vaisseaux sanguins). Gianni lui, attend, son tour avec impatience. « Même si je me suis habitué à surveiller ma glycémie et à m’injecter de l’insuline, je vais enfin pouvoir me débarrasser de cette inquiétude permanente. »
Un véritable lâcher-prise.
Des courbes de glycémie sont beaucoup plus stables
Diabétologues