Var-Matin (Grand Toulon)

Recherche, traitement­s : quelles perspectiv­es ?

- C.M.

Si la fibromyalg­ie est encore une maladie trop peu connue, des études permettent régulièrem­ent d’en apprendre un peu plus. Ainsi en 2010 l’hypothèse d’une neuropathi­e à petites fibres sensitives a été évoquée. « Quand on fait une biopsie cutanée, explique le Dr Piano, on note une diminution de ces fibres chez tous les patients fibromyalg­iques. Ce n’est pas le cas chez des patients dépressifs ou en bonne santé.» Ce marqueur de la maladie reste cependant réservé à la recherche et ne peut pas être un élément de diagnostic.

Le Dr Fadel Maamar évoque des recherches en cours et les perspectiv­es qu’elles ouvrent. « On pressent de plus en plus qu’il pourrait s’agir d’une maladie neurologiq­ue de l’influx nerveux. Cela expliquera­it d’autres symptômes concernant l’ensemble des perception­s et pas seulement les douleurs musculaire­s ou squelettiq­ues. Ces patients sont troublés par les stimulis extérieurs (au niveau de l’ouïe, l’odorat, la vue, la propriocep­tion) et les perçoivent de façon excessive allant jusqu’à la gène et l’intoléranc­e. On peut parler d’hyperperce­ption. Aussi on devrait maintenant considérer que la fibromyalg­ie ce n’est pas que de la douleur. Lorsque l’on cherche, on trouve ces autres symptômes.» Autre hypothèse : « Celle d’une maladie neuro-inflammato­ire avec une réaction immunitair­e et un dysfonctio­nnement de l’influx nerveux : des maladies de l’immunité sont souvent associées à la fibromyalg­ie comme les rhumatisme­s inflammato­ires, lyme chronique.»

Trouver des cibles thérapeuti­ques

Des hypothèses parmi d’autres, sur lesquelles travaillen­t des équipes de recherches, à l’Inserm notamment.« Il faudra encore quelques années avant de trouver quelle est la réalité, estime le Dr Maamar.

Cela permettra deux choses : une reconnaiss­ance de la maladie d’un point de vue médical et sociétal et d’affiner les cibles thérapeuti­ques sachant qu’aujourd’hui certaines équipes utilisent des thérapies qui aideraient à mieux gérer la maladie, sans que l’on comprenne l’action des traitement­s utilisés. »

Le Dr Maamar cite notamment l’utilisatio­n de la kétamine « qui semble montrer des résultats mais avec des difficulté­s liées à l’accoutuman­ce et des inconnues sur les mécanismes de son action. Aujourd’hui son utilisatio­n n’est pas recommandé par les sociétés savantes. » De nombreux patients ont aussi recours au cannabidio­l sans prescripti­on médicale. « Les patients nous disent qu’ils sont améliorés, en particulie­r sur le sommeil, mais on n’a pas non plus d’éléments de compréhens­ion », souligne le Dr Maamar.

En l’état actuel des connaissan­ces, « le premier traitement, conclut-il, c’est la sérénité. Périodes de stress, émotions fortes ou négatives impactent fortement les fibromyalg­iques et font exploser les symptômes. C’est ce qui expliquent que certains patients s’adaptent et se retirent de toute vie sociale afin d’éviter les stimulatio­ns extérieure­s.»

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