« Je me suis toujours dit que je ne deviendrai pas comme ma mère… Et pourtant »
Elle en parle sans détour, pas tant pour se soulager que pour alerter. Catherine () a connu l’alcoolodépendance. Et sa mère aussi avant elle. « La société n’est pas tendre avec les femmes qui ont un problème d’alcool. On souffre d’une vieille image d’Épinal : une femme qui, boit, on dit que c’est une “pocharde”. L’image est très négative, beaucoup plus que pour un homme. Et d’ailleurs cela explique peut-être le fait que l’on a du mal à en parler. Ma mère, par exemple, buvait. Mais c’était un tabou dans la famille, tout le monde se voilait la face. Ma grand-mère disait d’elle : “oh Françoise, elle a seulement un manque de vitamines !” Je suis issue de la petite bourgeoisie où l’on ne parle surtout pas de ces choses-là, où l’on considère que ça n’arrive qu’aux autres ! Le pire c’est que ma mère a essayé de se soigner mais ses proches l’ont découragée… Après son divorce, elle a véritablement plongé. Je me souviens des bouteilles de whisky cachées partout dans la maison, de ses accès de violence… J’ai assisté à tout cela et je me suis toujours dit que je ne serai jamais comme elle. Et pourtant…»
Et pourtant Catherine a elle aussi connu les ivresses répétées, le besoin irrépressible de boire. Au début elle n’y prête pas vraiment attention. « J’habitais Paris et j’appartenais à une bande d’amis qui sortaient tout le temps. En réalité j’évoluais dans un environnement toxique : tout le monde autour de moi fumait, buvait, se droguait. J’ai aussi subi la violence conjugale. J’étais très mal entourée. » Finalement, il y a ans, elle plaque tout pour s’installer dans les Alpes-Maritimes. « J’ai senti que tout partait complètement en vrille. Il y avait l’alcool, les médicaments, la cocaïne…» Presque par instinct de survie, elle sent qu’elle doit rompre avec cet environnement néfaste et se prendre en main. « Seule, c’est difficile de s’en sortir. Je me suis fait aider. Après avoir travaillé avec des psys, je me suis rendu compte que j’avais du mal à gérer les émotions. Même celles qui semblent anodines : l’ennui, par exemple, je ne savais pas gérer ! Mon amoureux actuel m’a dit que j’avais un problème, il m’a forcée à ouvrir les yeux. Ça a été le déclic. »
Alors elle a décidé de se faire aider. Elle a suivi une cure au CALME à Cabris. « C’était comme un accouchement sans péridurale : c’est douloureux mais lorsque ça se termine on sait pourquoi on l’a fait. Les premiers jours j’ai pleuré tous les soirs. Je me suis mise à nu, j’ai tout dévoilé. Et j’ai compris beaucoup de choses sur moi, sur la vulnérabilité, sur l’atavisme… Aujourd’hui je vais beaucoup mieux. Grâce à l’équipe du CALME où je continue à être suivie en hôpital de jour et à mon compagnon qui est d’un soutien sans failles. » Catherine, en témoignant n’a qu’une idée en tête :
« il faut dire à toutes les personnes qui souffrent d’une addiction qu’elles peuvent s’en sortir. Même si ce n’est pas une sinécure!»
1. Le prénom a été modifié.