Un rôle important dans les courants de droite et d’extrême droite
Charles-Marie-Photius Maurras naît à Martigues (Bouches-du-Rhône) le 20 avril 1868 dans une famille traditionaliste de la bourgeoisie provençale. Son parcours est très riche, très controversé et difficile à relater brièvement. Une chose est certaine, s’il s’est battu toute sa vie pour instaurer en France un nationalisme intégral, il semble avoir également été un régionaliste enthousiaste.
Atteint de surdité à 14 ans, à la fois tendre et violent, contemplatif et actif, inflexible et obstiné, bon et généreux, tour à tour exaspérant et charmant… sa personnalité est sa première ambiguïté. Après de brillantes études au collège catholique d’Aix-en-Provence et son baccalauréat en poche, il part pour Paris où il se lie aux milieux littéraires nationalistes. À dix-sept ans, il publie son premier article dans les Annales de philosophie chrétienne .Parla suite, il collabore avec L’Événement, La Revue bleue, La Gazette de France, La Revue encyclopédique… où il se fait reconnaître comme fer de lance de la « véritable pensée française », luttant contre le romantisme qu’il considère comme une forme de décadence. En 1897, il passe du nationalisme littéraire au nationalisme politique. Sa première action est de se ranger dans le camp des antidreyfusards dont il devient l’un des représentants les plus convaincus, écrivant même « Dreyfus mériterait qu’on le fusillât comme insurgé ». Parallèlement, il se lance dans une carrière littéraire prolifique. Vers 1899, Maurras prend la direction du quotidien royaliste l’Action Française. Il se fait alors l’avocat d’une monarchie autoritaire, antiparlementaire et décentralisatrice prônant la défense du « pays réel » contre les juifs, les francs-maçons, les protestants... Par ce biais, il prêche pour un « nationalisme intégral » et afin de se faire entendre, il déploie dans ses pages, une grande virulence envers le gouvernement allant même jusqu’à des menaces de mort envers certains de ses membres.
Un régionaliste très controversé
Maurras n’a jamais oublié ses origines. Dès 1888, il adhère à la Société des félibres de Paris et entretiendra
(1) avec Frédéric Mistral une correspondance jusqu’au XXe siècle.
Cette proximité entre les deux écrivains provençaux reste l’une des plus grandes contradictions de la pensée maurrassienne. Le Maurras qui se fait le chantre de la Provence mythique se heurte à des accusations formulées par les félibres parisiens. Il n’aurait selon eux intégré leur mouvement que pour assurer sa carrière littéraire. Il semble en effet, qu’il n’est habité par sa « provençalité » que dans la mesure où elle est encore protégée de la « cosmopolité ». Car, malgré ses livres où il fait directement référence à la Provence comme L’étang de Berre , 1915 ; Les quatre nuits de Provence ,1930; Les vergers sur la mer attique, Italie, Provence, 1937, Maurras n’est ni Pagnol, ni Giono ! Seule l’intéresse une Provence idéale qui n’a sans doute jamais existé que dans son esprit de politicien « intégriste ». Contrairement à une légende persistante, il n’a jamais penché pour un autonomisme provençal. Dans l’ordre de ses contradictions, alors qu’il se disait agnostique, ses derniers mois ont été marqués par le désir de croire. Il fit même demander l’extrême-onction avant de s’éteindre le 16 novembre 1952 à Saint-Symphorien-lès-Tours (Indre-etLoire). 1.Association qui contribue à maintenir et développer la langue provençale.