« C’était surnaturel »
✔ Jean-Claude Andruet (vainqueur du MonteCarlo 1973, 2e en 1977, 3e
en 1971).- « Vous savez quoi ? En 73, cette crevaison qui nous fait perdre 2’25’’ sur Andersson lors du deuxième passage au Turini, pour moi, elle n’est pas fortuite. A La Bollène, sur la ligne de départ, à moins de 30 secondes du ‘‘top’’, on prend un coup à l’arrière gauche. Je le sens, j’en suis sûr. Que s’est-il passé dans notre dos ? Mystère... Dès les premiers mètres, je m’aperçois que la roue se dégonfle. Mon erreur, c’est de ne pas avoir stoppé tout de suite au virage à gauche de la chapelle. Après, il n’y a plus de spectateurs pour nous aider à changer la roue. Au sommet du col, l’addition s’avère déjà salée. Trop tard pour s’arrêter ! La descente vers Moulinet vire au calvaire. Le pneu déchiqueté arrache l’aile. Quel enfer ! Je pense qu’on va péter la transmission. Mais non ! En bas, l’assistance répare tout. On se retrouve 2e à 1’05’’ d’Andersson. Je lui colle alors 45’’ dans la Couillole, puis encore 34’’ dans le troisième Turini. Vous pouvez me croire, je me rappelle de tous les écarts ! La Madone fait office de juge de paix. Avec 14’’ d’avance, rien n’est acquis, d’autant que je ne suis guère à l’aise d’habitude sur ce tracé étroit, tortueux, jonché de pierres. Andersson détient le record. Il part devant nous et il l’améliore : 15’23’’. Pas suffisant puisqu’on le détrône : 15’11’’ ! Un gros quart d’heure durant lequel j’ai roulé au taquet. Tout le temps à la limite. Concentration extrême. Détermination absolue. Sur les plaques de glace, ça passait ric-rac. C’était surnaturel ! »