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La maison de retraite des Platanes, épargnée par le virus depuis mars 2020, comptait hier soir 31 pensionnaires souffrant de la Covid et 10 membres du personnel. Trois résidents sont décédés
Ce lundi, à la pause méridienne, la cour de l’école Sainte-Anne bruissait des jeux innocents des enfants tropéziens. Dans la propriété mitoyenne, l’atmosphère du jardin de la maison de retraite semblait figée. Une maison de retraite en apnée. Le contraste est glaçant. D’un côté, la vie. Insouciante.
De l’autre côté du mur, un virus qui distille son venin et une équipe soignante qui retient son souffle.
Les tests de la fin de semaine dernière ont révélé une situation sanitaire affolante : 31 pensionnaires diagnostiqués positifs (sur 68), sans compter dix membres du personnel encadrant (sur 48).
Onde de choc
Hier matin, le quotidien s’est assombri : deux résidents, un homme et une femme, sont décédés. Une vague déferlante qui fait redouter une tragédie à huis clos. Depuis la semaine dernière, le président du conseil d’administration a interrompu ses visites hebdomadaires. Celles des familles l’étaient déjà. « C’est dramatique, s’alarme Gérard Abbe. Des mesures draconiennes avaient été prises depuis le début de la pandémie pour échapper à cet ennemi qu’est le virus ».
Car depuis le début de la pandémie, en mars 2020, cet établissement n’avait enregistré aucun cas, une partie du personnel soignant s’étant même confinée dans la maison de retraite pendant le premier confinement afin de créer une bulle hermétique.
Et après ce premier épisode sanitaire, les visites des familles s’étaient exclusivement déroulées en extérieur. Telle une zone tampon, en temps de « guerre ».
Élément déclencheur
Tant d’« efforts ruinés ,sedésole Gérard Abbe. Tout s’écroule, même le personnel est psychologiquement en rupture. Je demande urgemment à l’Agence régionale de la santé (ARS) que l’on vienne en aide à notre personnel. Ce ne sont pas des robots ».
Un élément a certainement été le détonateur funeste, selon l’administrateur. Car, la Covid-19 avait été diagnostiquée chez un autre résident il y a une dizaine de jours. Cet homme avait été hospitalisé quelques jours, à l’extérieur de l’Ehpad, pour des soins liés à des problèmes circulatoires.
Mais à son retour, il avait contracté le virus. Avant d’y succomber. « Bien sûr, le fléau est parti de là », assuret-il, livrant son incompréhension sur le déroulement des faits. « Une faille » qui a conduit à la propagation incontrôlée du virus. « Comment peut-on transférer un patient, dont on attend le résultat du test, dans un établissement fragile ? Cela dépasse l’entendement ! » Depuis le retour de ce patient zéro, l’établissement fonctionnait en circuit fermé. Malgré le protocole très précis déjà en vigueur, l’isolement de cet unique cas, chaque résident confiné dans sa chambre – alors que depuis le début de la pandémie, « les pensionnaires pouvaient s’oxygéner dans le jardin » luxuriant –, la maison de retraite n’a pas résisté au virus qui s’est infiltré en quelques jours. Au grand désespoir du personnel des Platanes très engagé dans cette mission de longue haleine.
« Aujourd’hui, on est dans le combat pour sauver nos résidents », clame Gérard Abbe. Un administrateur quelque peu désarmé : « On était fier de la maison des Platanes, fier de l’engagement du personnel. Il n’y a pas eu de failles chez nous. Je vais demander à l’ARS une réunion avec tous les intervenants pour comprendre la chaîne de traçabilité et ne plus revoir une telle erreur. »
Alors que la phase de vaccination devait se dérouler cette semaine au sein de l’Ehpad, celle-ci a été reportée sine die par l’Agence régionale de la santé, selon le protocole établi.
Des tests ont été à nouveau réalisés depuis ce week-end. Une attente sous tension…