Collège Genevoix : moins de classes, « c’est ingérable »
Depuis hier matin, près de trois quarts des enseignants du collège se sont lancés dans un mouvement de grève. Ils s’opposent à la fermeture de deux classes à la rentrée prochaine
« On n’est pas là pour nos salaires. On est là pour le bien-être des élèves et pour avoir des conditions de travail décentes ! » Le ton est donné par la bonne vingtaine d’enseignants présente devant l’établissement, hier matin. Ils se sont mobilisés « pour se démarquer du mouvement de grève nationale de ce mardi ». Soutenu par les parents d’élèves, le mouvement est « reconductible. Mais nous aviserons au jour le jour » (1), précise Faouzi Moumen, professeur depuis plus de dix ans dans l’établissement.
Des classes déjà chargées
« On a des revendications propres à notre collège », appuie-til. Et justement, les revendications sont claires : « En septembre dernier, l’inspection académique est venue visiter
(2) l’établissement. Nous avons été félicités pour notre travail », complète son collègue David. Pourtant, le collège, classé en REP + (Réseau d’éducation prioritaire), commence à saturer. « Nous avons des locaux qui sont prévus pour accueillir 20 élèves par classe. Or, en 6e, toutes les classes comptent 25 élèves. Dans les autres niveaux, on est déjà à 24. Ce n’est pas gérable », grogne Faouzi Moumen. « On nous avait parlé d’une classe supplémentaire pour la rentrée 2021. Non seulement on ne l’aura pas, mais en plus on veut nous en supprimer deux », poursuit-il. « On est complètement outré », ajoute David.
« Des élèves de e ne savent pas lire »
Face à ces effectifs importants pour l’établissement, ces enseignants tirent la sonnette d’alarme. « On ne peut plus accueillir d’élèves. Ni les Enaf (élèves nouvellement arrivés en France), ni les dérogations, ni les nouveaux arrivants dans le quartier », précisent-ils. Un réel problème pour ce collège situé dans le quartier Sainte-Musse, « dixième quartier le plus pauvre de France », selon une enseignante. Cet établissement est un« havre de paix » qui « protège, encadre et sauve les enfants ».
« Le corps enseignant prend en compte les difficultés de chaque élève. Beaucoup viennent d’un milieu défavorisé, avec des situations familiales parfois compliquées. Les enseignants font preuve d’empathie et de bienveillance », ajoute Christelle Tomassone, représentante des parents d’élèves. « Il faut se rendre compte qu’avec le Covid, les inégalités de niveau se sont creusées. J’ai des élèves de sixième qui ne savent pas lire », se désole une professeure de lettre. Une situation déjà complexe, qui deviendrait « ingérable » avec deux classes de moins. « Le collège deviendrait le reflet de ce quartier difficile. »
1. L’accueil des élèves reste assuré pendant la grève, tout comme la demi-pension.
2. Contacté, le directeur académique du Var n’a pas pu répondre à nos questions dans les temps.