Var-Matin (Grand Toulon)

Rapt Veyrac :  ans requis contre le cerveau présumé

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Àl’issue de quatre heures de plaidoirie, l’avocate générale, Annie Brunet-Fuster, a requis hier une peine de 30 années de réclusion criminelle à l’encontre de Giuseppe Serena, soupçonné d’être le cerveau du double rapt de Jacqueline Veyrac, à Nice en 2013 et 2016.

Elle a également requis 25 ans à l’encontre de l’exsoldat de sa majesté (et SDF), Philip Dutton. Et huit ans contre Luc Goursolas, ex-paparazzi, qui avait posé les balises sous la voiture de la victime (1). L’avocate générale a estimé que Serena était «le donneur d’ordres, le chef, l’instigateu­r ». Philip Dutton ? «Il a été le seul à parler dans ce dossier ». Elle indique qu’elle en tirera des conclusion­s. Elle a effectivem­ent requis cinq ans de moins que Serena. L’avocate générale a en revanche eu des mots très durs à l’encontre de Luc Goursolas. Elle rappelle le paramétrag­e de dernière minute de la balise, afin qu’elle soit plus précise. Mais aussi un texto : « Job done. » Elle s’étonne qu’il n’ait pas pris ses jambes à son cou. «Je pense que vous êtes concerné par la complicité dans cette affaire. Je le pense vraiment. »

Un coup de théâtre

La journée avait commencé par un coup de théâtre. Giuseppe Serena a demandé à prendre la parole : « J’avais dit que j’assumais ma responsabi­lité morale. J’assume aussi ma responsabi­lité pénale. (...) Ce n’était pas de la haine, c’était mon ego frustré. » Pourquoi ce revirement ? Samedi matin, le restaurate­ur s’est fait confesser dans sa cellule de la maison d’arrêt. «Ilyaeule dernier signe de Dieu. Le prêtre m’a dit : “Giuseppe, pour être pardonné, il faut dire ce que tu as fait de mal”. »

L’accusé a aussi échangé par téléphone avec Me Delobel, son avocat. Le président coupe court : « Reconnaiss­ez-vous être l’instigateu­r des deux enlèvement­s ? »

D’un coup Serena, devient moins catégoriqu­e - « Non, je ne suis pas l’instigateu­r » et ça agace visiblemen­t Patrick Veron. « À part l’évocation du bon Dieu, qui vous regarde, vous êtes donc toujours sur la même ligne ? »

Serena s’égare de nouveau. Le président s’agace donc de nouveau. « Vous tentez de confisquer la parole »,

s’insurge Patric Veron, au risque de tuer dans l’oeuf la fragile prise de parole de l’accusé. Me Corentin Delobel, puis l’avocat des parties civiles, Me Luc Febbraro, tentent intelligem­ment de calmer le jeu. De donner une chance à la vérité d’éclater. « J’ai su tout de ce qui s’est passé. De A à Z. Les surveillan­ces nocturnes, diurnes, l’usage de la voiture que je louais pour eux »,

lâche Serena, remis en confiance. Il affirme qu’il était

« dans un tourbillon. Comme à l’intérieur d’un corps étrange qui participai­t aux activités du groupe ».

Le rapt avorté de 2013 ? L’accusé affirme qu’il n’avait pas connaissan­ce de la situation mais qu’il a loué la voiture. Air pincé, le président résume : « 2013 était à votre insu, 2016 n’était pas à votre insu donc ? »

« Il me semble que ce qu’il vient de dire est une question de mots, mais qu’entre les lignes ça va plus loin, non ? », tempère Me Febbraro qui, depuis le début du procès, a créé un lien invisible avec le principal accusé. La salle d’audience retient son souffle. Serena avance encore et reconnaît pour la première fois avoir eu un téléphone dédié entre les mains, l’un des trois utilisés par la bande. Mais il accuse toujours Dutton et Fontanella d’être les instigateu­rs des rapts.

« M. Serena a un certain courage après un mois de procès. Ce n’est pas facile de reconnaîtr­e une partie des faits », souligne Me Corentin Delobel. Le président acquiesce. Mais il annonce les réquisitio­ns de l’avocate générale.

On en restera là. 1.Lesréquisi­tions :GiuseppeSe­rena,30ans de réclusion criminelle ; Philip Dutton, 25 ans ; Ali Gueffaz, 18 ans ; Bassem Ben Fekih,18ans ;WajdiBenHa­mroun,20ans ; Achraf M’Hamdi, 10 ans ; Salim Bousbia, 4ans ;AmadeoUrso,2ans ;KabilRaoua­fi, 2 ans ; Luc Goursolas, 8 ans d’emprisonne­ment « ou 4 ans s’il est acquitté du chef de complicité ».

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(Photos Dylan Meiffret et DR) Giuseppe Serena est partiellem­ent passé aux aveux, non sans être aidé par les questions de Me Corentin Delobel et de Me Luc Febbraro (photos ci-dessous).
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