La Panthère Rose ressurgit à St-Tropez
Après son « braquage » remarqué d’une banque niçoise, version Spagiarri, fin 2020, l’inspecteur Clouseau a retrouvé les traces de la créature – et de son créateur – sur une plage, ce week-end.
La silhouette effilée de la rose créature a beaucoup fait parler d’elle depuis l’été dernier. Son plus beau coup d’éclat ? Un « casse » médiatique fracassant en fin d’année, avec museau masqué et papattes garnies de billets, devant la banque niçoise jadis dévalisée par Albert Spaggiari. Il n’en fallait pas plus pour que l’inspecteur Clouseau se lance à ses trousses. Des traces de la célèbre panthère popularisée par Blake Edwards ont finalement été repérées ce week-end à Saint-Tropez. Ses délicates empreintes roses ont été relevées dans le sable de la plage des Canoubiers. Là même où étaient posés autrefois les décors de la série Sous le soleil, à quelques pas de la Madrague de B.B.
Appropriation du domaine public sans intention de nuire
Elles aboutissent à un gigantesque monolithe de métal qui fait écho à ceux apparus mystérieusement aux quatre coins du globe fin 2020...
Une somme d’indices concordants mène également à l’artiste David Maddalena alias The Coolguys. Hier matin le jeune Tropézien né il y a 29 ans à Fréjus n’était pas peu fier de constater que son installation « spatialo-cartoonesque » sur le littoral n’avait pas été enlevée par les extraterrestres ni... menottée par les autorités locales.
« Il n’y a pas d’intention de nuire ni de dégrader. J’évolue dans le ludique et je ne me cache pas. Le message inscrit sur le monolithe est clair. Il prône « La vie est rose ». C’est un sourire face au ras-le-bol général que l’on endure depuis des mois », décrit-il alors qu’une classe de 6e en sortie EPS fait une halte, intriguée, pour inspecter ses sculptures postées en bord de mer. Tous ces collégiens lui rappellent son enfance, lorsque lui-même venait continuellement promener sur cette plage et pratiquer à l’école de voile. « Les lieux se sont imposés tout naturellement. Le matériel a été déposé vendredi soir et j’ai peint le monolithe samedi matin. La Panthère Rose c’est vraiment une longue histoire. J’ai grandi avec. Petit déjà, je jouais le thème au piano à la maison ! », sourit-il.
Un casse en forme de « boom » à Nice
Depuis, ce sont les ateliers ferronniers paternels qu’il a investis pour travailler ses créations. « J’ai commencé à exploiter une machine de découpe plasma en 2019. Elle réalise d’après mes dessins les silhouettes en métal qu’ensuite j’installe en pochoir ou sculptures sur le domaine public ou privé », poursuit David qui cet été investissait plage-restaurant de Pampelonne, domaines viticoles, avant le tour de force des installations de Paris-Lyon-Toulouse-Nice, une nuit de décembre.
« J’ai été surpris ! Celle à la banque de Nice a vraiment fait le buzz national. La mairie a bien compris que ce n’était ni politique ni une apologie du braquage. D’ailleurs depuis, les services de la Culture m’ont proposé de réaliser un cheminement de panthères roses en ville. Tout comme le village de Gassin, mais rien du côté de Saint-Tropez...», regrette-t-il.
Faire réagir les édiles
De là à affirmer que l’oeuvre plantée ce week-end est une façon de faire réagir les édiles, il n’y a qu’une patte... féline que le street-artist saisit bien volontiers. « Oui, c’est aussi un coup de gueule pour dire qu’il est temps de mettre en coup de projecteur sur tout un mouvement artistique local qui n’est pas reconnu », conclut le Varois, loin d’être « prophète dans son pays ». Dans ses ateliers grimaudois, l’aventure, elle, continue de rosir. D’ailleurs The Coolguys annonce promener, dès que le contexte sanitaire le permettra, son intrépide panthère vers des sites emblématiques de Londres et Madrid... Pour de nouveaux « casses » médiatiques ?
‘‘ C’est un sourire face au ras-lebol général”