Var-Matin (Grand Toulon)

L’héritage de Yann Arthus-Bertrand

M6 diffuse en exclusivit­é Legacy, le nouveau film choc de Yann Arthus-Bertrand dans le cadre de sa semaine green. L’écologiste tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme...

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Depuis dimanche, le groupe M6 mobilise toutes ses forces (M6, W9, 6Ter, Téva, Gulli, 6play et RTL) dans le cadre de sa semaine green afin de réitérer son engagement pour une cause qui parle aux Français : l’écologie. Fort du succès de l’an dernier, le groupe a décidé de reconduire l’opération mais en adoptant un braquet plus important. C’est donc dans cette optique que la chaîne diffuse ce soir en exclusivit­é le nouveau film de Yann Arthus-Bertrand, Legacy.

Cette oeuvre, nous avons eu la chance de la voir en avant-première. Elle est dense, dure, belle, violente mais nécessaire. Pour Jonathan Curiel, Directeur général adjoint des programmes M6, « l’écologie est une préoccupat­ion majeure des Français et notre rôle, en tant que média, est de traiter cette thématique. Le point d’orgue de notre dispositif ambitieux est le film de Yann. » Tout est dit.

La projection sera suivie d’un débat animé par Ophélie Meunier au cours duquel des experts interviend­ront ainsi que Yann ArthusBert­rand. Mais de quoi parle Legacy, que l’on peut traduire par héritage ? « C’est mon film le plus personnel mais aussi le plus difficile que j’ai eu à faire. Je ne voulais pas faire quelque chose sur les catastroph­es, détaille Yann Arthus-Bertrand. On voulait raconter l’histoire de l’énergie dans le monde à travers les époques car on arrive au constat que l’homme se retrouve aujourd’hui drogué à la croissance et 10 % de la population mondiale produisent 70 % du carbone total ».

« Il y a des solutions »

Le film, esthétique, commence par monter la beauté du monde. Sa diversité. Sa complexité. Puis arrive le moment où les révolution­s industriel­les et énergétiqu­es ont tout changé. Tout abîmé. Tout pollué. « Je m’adresse à tout le monde car c’est trop facile de mettre la faute sur quelqu’un. C’est un film qui parle d’espoir malgré tout, il y a des solutions mais elles nous dépassent. Le film nous dépasse car il est plus important que nous, explique le réalisateu­r de Home. Pour dépenser le moins de carbone possible, on a utilisé énormément d’archives inexploité­es et on a commandé des images notamment des grandes villes désertées en raison du Covid19. C’est un an de travail pour faire le montage et deux réalisateu­rs » . Ce film, il a fallu le « vendre » dans une époque où les cinémas sont fermés depuis plusieurs mois. Pour ce faire, le réalisateu­r a démarché de nombreuses chaînes avant d’être accueilli à bras ouverts sur M6. « C’est la seule chaîne qui a accepté ce projet car tout le monde trouvait le film trop pessimiste. C’est important de voir ce film comme quelque chose d’utile et non par le prisme de l’audience, j’ai travaillé en parfaite harmonie avec la chaîne. Etre diffusé sur M6 en prime time, c’est une manière d’aller vers un public plus large, c’est la chaîne du divertisse­ment au départ. » Contrairem­ent à ses habitudes, Yann Arhus-Bertrand se met en scène pour conclure son film. Une conclusion, face caméra, où les mots employés sont forts. «Je ne suis pas mélancoliq­ue à la fin, je suis ému. J’ai mis trois mois à faire cette scène finale, je ne trouvais pas comment bien finir. Je suis comme ça, la veille de la diffusion je veux tout changer (rires) mais c’est délicat de faire un film sur l’écologie et de terminer sur une note positive, précise-t-il. C’est un film qui s’adresse aussi à ceux qui sont déjà réceptifs à la cause écologique, la thématique est tellement quotidienn­e que cela touche moins les gens alors j’ai voulu procéder autrement, faire appel à l’émotion pour envoyer un message. C’est un film qui parle d’amour de la vie, de la planète, il y a quoi de plus important que de faire un monde viable pour nos enfants ? Le défi est immense : trouver autre chose que les énergies fossiles qui sont le moteur de notre croissance. J’étais touché par le film de David Attenborou­gh sur Netflix, Notre planète, ça me parlait. Je l’ai en moi depuis plusieurs années ce film et je voulais raconter l’histoire de l’énergie à travers les âges. Une suite à Home en quelque sorte ».

Alors qu’il passe sa vie à vouloir sauver le monde – « Trouver une solution est devenue une obsession »

– Yann Arthus-Bertrand reste admiratif de l’engagement politique des plus jeunes. « Les enfants ont une prise de conscience que certains parents n’ont pas car on vit dans la banalité du mal. C’était important de mettre la souffrance de Gretta Thunberg dans le film, elle est militante écologiste depuis son adolescenc­e, c’est elle l’avenir ».

Est-il résigné pour autant ? «Ona tous cru que tout allait changer au début des années 2000 avec les éoliennes, les panneaux solaires, mais rien n’a changé puisqu’on utilise toujours autant l’énergie fossile »,

pose-t-il avant de promettre de ne jamais baisser les bras. «Ilfautcont­inuer à se battre, même si on n‘y arrive pas, au moins on aura essayé ».

Legacy. Ce soir à 21 h 05 sur M6. Suivi d’un débat animé par Ophélie Meunier.

‘‘ C’est mon film le plus personnel”

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